Chapitre I

13 0 0
                                    

Marc Pistredoie sauta du lit et s'étira puis ouvrit les rideaux laissant entrer ainsi les rayons du soleil dans la chambre. Il n'avait pas très bien dormi, imaginant tous les scenarios possibles pour la journée qui l'attendait. Malgré le manque de sommeil, il était tout excité et de bonne humeur et ne put empêcher un grand sourire d'illuminer son visage quand il s'aperçut dans le miroir de la salle de bain. C'est une belle journée, c'est une grande journée!

Il imaginait déjà, tout en se brossant les dents, les regards admiratifs, les yeux brillants de ses collègues. Les sourires, les compliments, les mains tendues, les applaudissements. Les filles de la compta qui se pencheraient en avant pour le féliciter. Le Président Directeur General qui lui serrerait longuement et chaleureusement la main devant tous les collaborateurs rassemblés. Et la bouche de Sylvie Pinchart du Marketing qui articulerait « Bravo » tout doucement, en le fixant dans les yeux, juste pour lui. Grands yeux, grosse bouche, énormes seins, Sylvie Pinchart du Marketing.

Il passa rapidement sous la douche avec une semi érection, bravo Sylvie. Sous une pluie d'eau chaude, il remercia intérieurement sa mère qui lui avait offert ce gel douche pour son anniversaire. Une mousse onctueuse et un parfum d'agrumes « léger et vivifiant ». L'image de sa mère en train de lui dire « comme ça tu sentiras bon mon fils » et une éclaboussure de savon dans l'œil droit eurent raison de son début d'érection et de sa rêverie aux senteurs délicates de cédrats de la côte amalfitaine. Il urina sous la douche tout en se rinçant méticuleusement et rêvassât encore quelques secondes, fixant son pénis à l'aspect et à la taille qu'il jugeait toujours décevants pendant que les derniers tourbillons d'eau jaune disparaissaient sur l'email blanc.

Il finit de se sécher et mit un peu de déodorant tout en inspectant son corps devant le miroir. Lui qui était si svelte il y a encore quelques années, il avait délaissé ses activités sportives au profit de sa carrière. Restant amateur de vin et étant relativement paresseux, le gras s'installait doucement sous son menton, sur sa poitrine son ventre et même son pubis. Rien de repoussant à ce stade, juste une très légère épaisseur supplémentaire qu'il sentait frémir quand il faisait son jogging hebdomadaire. Il avait encore un visage à peu près séduisant même si un observateur perspicace y aurait vu des joues qui commençaient à s'affirmer et des cheveux qui amorçaient une mise en retrait. Avec un soupir résigné et après un coup d'œil à sa montre, il accéléra le rythme, il était temps de s'habiller.

Il avait soigneusement préparé ses vêtements la veille, chose qu'il ne faisait plus que pour les occasions spéciales. Son caleçon préféré, des chaussettes presque neuves, une chemise blanche et un costume en laine légère bleu marine, pas de cravate en accord avec les règles de l'entreprise. Une touche d'eau de toilette. Il ne lui restait qu'à se coiffer ce à quoi il s'attacha minutieusement.

Il en avait parcouru du chemin le petit Marc Pistredoie. Et même si il n'avait pas achevé de longues et brillantes études, et même sans avoir eu à rentrer dans l'entreprise par la petite porte – grâce à son père qui lui avait mis le pied à l'étrier – il était fier de son parcours, et la cérémonie prévue aujourd'hui était une reconnaissance de cette réussite. Non seulement il serait promu responsable de son équipe suite au départ a la retraite de son chef mais en plus il avait été nominé pour le grand prix annuel du meilleur vendeur, décerné par le Président Directeur General en personne. Il se lança un dernier regard dans le miroir, accompagné d'un large sourire et d'un clin d'œil puis se dirigea vers la cuisine.

Pendant que les dernières gouttes de mousse de café s'écoulaient dans la tasse il vérifia à nouveau le contenu de sa mallette – qu'il avait aussi préparé la veille – juste pour être sûr de ne rien oublier. Tout était parfait pensa-t-il. Il avala son expresso. Parfait. Il ferma la porte d'entrée, appela l'ascenseur. Il corrigea la courbe d'un de ses sourcils dans le miroir de l'ascenseur, traversa le hall et sortit de l'immeuble. Le soleil brillait, déjà haut dans le ciel, mais rien de la fraicheur de ce matin d'été ne laissait présager les évènements surprenants qui allaient intervenir dans l'existence de notre ami Pistredoie.


Le pet. Une mésaventure de Marc PistredoieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant