Chapitre 1

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J'ouvre les yeux dans le vieux fauteuil d'Athos, il semblerait que j'ai de nouveau passé la nuit chez mon frère. À peine le soleil m'a-t-il effleuré la peau que ce dernier m'apporte un verre d'eau.
-M'aurais-tu ramené hier soir ? Demandé-je en avalant une gorgée.
-Il serait tout de même temps que tu apprennes à te tenir Louise. Je ne serai pas toujours là pour veiller à ce que tu dormes avec un toit sur la tête.
-Tu aurais pu me laisser ton lit en gentilhomme.
-Comme j'aurais pu te laisser saoule sur les pavés de Paris. N'abuse pas de mon hospitalité.
-Pardonne-moi, j'en oublie mes bonnes manières.
-Il va falloir que tu regagnes tes appartements, je vais être en retard.
-Je peux t'accompagner ?
-Le capitaine de Tréville ne supporte plus ta vue.
-Tu es un piètre menteur. Ce bon capitaine m'a dit que j'étais une réelle impulsion de jeunesse dans ce cloitre.
-Louise, je suis sérieux. Il serait temps que tu trouves ta voie. Une voie acceptable pour une comtesse.
- Ne commence pas à penser comme notre mère je t'en conjure. Nous avions un accord lorsque nous sommes venu à Paris.
-Cet accord stipulait que je t'aiderai à trouver ton indépendance, c'est chose faite. Ne viens pas m'insulter de la sorte alors que je suis le seul à t'avoir toujours soutenu.
-Excuse moi, tu sais que je ne supportes pas l'idée que tu me renvoies à la maison.
-Je n'en ferai rien, je te le jure et je le ferai autant de fois que tu auras besoin de l'entendre.
Ce n'est pas la première fois qu'il me promet de ne pas me renvoyer à la Fère, c'est ma plus grande peur, être contrainte de retourner auprès de mes parents, qu'ils offrent ma main à n'importe quel comte qui passe et que je sois contrainte de marier le premier homme venu pour lui assurer une descendance tranquille. Je veux vivre comme mon frère, une vie d'aventure et de mystères, jusqu'à aujourd'hui, j'ai réussi à partager ses aventures dans un secret plus ou moins discret.
-Alors, tu me ramènes chez moi ou je peux t'accompagner ?
-Si je te raccompagne, tu finiras par me rejoindre je me trompe ?
-Je ne te promets pas de rester dans mes appartements.
-Tu es éreintante.
-Tu t'ennuierais sans moi.
Nous nous habillons et partons jusqu'au cloitre d'entrainement de nos fameux amis les mousquetaires. Le garde à l'entrée ne m'arrête plus, à mes premières venues, il refusait de me laisser passer avant que mon frère ne lui donne son accord, désormais j'entre ici comme dans mes appartements.
-Capitaine de Tréville. Apostrophe Athos. Louise a choisit de nous tenir compagnie si vous n'y voyez aucun inconvénient.
-Elle peut aider, nous manquons de volontaires. Même si j'avoue être incommodé à l'idée qu'une comtesse passe autant de temps au milieu de tant de messieurs.
-Cela ne me porte pas préjudice Monsieur, mais je vous remercie de vous inquiéter de ma vertu. Sourié-je en accompagnant mes propos d'une petite révérence.
-Disposez. Ordonne le Capitaine.
Nous nous éloignons sans rien ajouter. Dans la cour, une cinquantaine de mousquetaires s'entrainent, perfectionnant l'art du maniement des lames aussi bien que leur agilité au tir. Lorsque nous nous sommes installés à la capitale, Athos m'a aidé à prendre mon indépendance comme il aime à le dire. Il m'a appris à manier les lames et les mousquets mais une dame ne peut se permettre de se déplacer en étant armée. Je dois avouer que même si je n'ai que faire des convenances, je ne veux pas attirer d'ennuis à mon frère alors j'essaie de rester aussi sage que possible. Maintenant que nous sommes plus âgés et que la garde des mousquetaires est composée de bien plus d'hommes qui n'apprécient pas l'idée qu'une femme puisse les battre, j'ai la formelle interdiction de manier une lame dans l'enceinte du cloitre. Du moins, jamais face à un inconnu. Alors j'étudie, le cloitre surplombe une bibliothèque complète, presque aussi grande que celle dont le roi jouit dans son château de Saint-Germain à ce que disent les hommes de cet endroit.
-M'accompagnes-tu pour saluer Porthos et Aramis ? Me demande mon frère.
-Tu sais que je n'en ferais rien.
-J'espérais te faire changer d'avis avec cette question.
-Hélas, le jour n'est pas venu. Je vais à la bibliothèque, si tu souhaites de l'aide dans tes affaires, tu sauras où me trouver.
-J'en prends bonne note. Sourit-il. Tu me trouveras dans mon bureau.
Je lui adresse une dernier signe de tête avant de m'engouffrer dans le cadre de la porte en bois qui mène aux escaliers.

La Vème MousquetaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant