Chapitre 3

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-Bien, vous n'avez aucun souvenir de la soirée qui a conduit Madame la comtesse jusqu'à votre lit.
-Non votre honneur.
Chaque mot qui sort de la bouche de mon frère se plante dans mon coeur comme un poignard. Je le hais, je le déteste de me faire ça. D'abandonner sa vie comme si plus rien ne valait la peine de se battre.
-Bien, dans ce cas, lorsqu'un homme est accusé de meurtre, il pends au bout de la corde, lorsque c'est un noble, c'est sa tête qui tombe. Armand de Sillègue, cette cour vous condamne à la guillotine vendredi ! Annonce le juge en abattant son marteau. Je ne peux pas en entendre davantage, je me lève.
-Excuse-moi. Dis-je en passant devant Aramis.
Je sors du tribunal, ma poitrine se serre. Ma respiration se saccade et devient bruyante. Des points noirs apparaissent devant mes yeux, je trébuche dans ma robe. Une main saisie fermement mon bras et m'emporte dans une salle qui se ferme derrière moi. Sans réfléchir, je m'empresse d'ouvrir la fenêtre pour attraper un filet d'air. Aramis arrive derrière moi, je sens ses doigts attraper le lacet de mon corset et chasse sa main.
-Ne sois pas sotte, tu ne respires plus. Laisse moi t'aider.
Il délace mon lacet et je retire mon corset aussi vite que possible. Quand l'air rempli mes poumons, je m'effondre en larmes.
-J'aurais dû rester avec lui, j'aurais du le ramener chez lui, j'aurais du l'empêcher de boire, j'aurais du...
Aramis m'attrape par les épaules.
-Louise, calme toi.
-C'est de ma faute Aramis, tout est de ma faute.
-Rien n'est de ta faute. Athos a été victime d'un coup monté.
-Mais si j'avais été là...
-Tu n'aurais rien pu faire.
-Ils vont le tuer Aramis, ils vont le tuer...
-Le capitaine à fait appel. Nous avons 4 jours pour apporter une preuve de son innocence ou la grâce du roi. Donc nous allons trouver qui était cette femme et nous allons sauver Athos.
-Je...
-Oui, tu nous accompagnes. Ton aide nous sera utile et je préfère pouvoir garder un œil sur toi.
-Je te déteste.
-Ne mens pas Louise, ce n'est pas digne d'une comtesse. Dit-il en essuyant les larmes qui roulent encore sur mes joues. Nous allons à la morgue, rejoins nous à la salle d'entrainement.
Il sort de la pièce, me laissant étourdie au milieu du bureau, mon corset par terre et mon maquillage coulant sur mon visage. Je ne les laisserai pas aller à la morgue seuls, si cette femme était bien une comtesse, son visage ne me sera sûrement pas étranger. Je laisse mon corset dans le bureau et essuie mes joues avant de sortir pour rejoindre la morgue. Porthos, d'Artagnan et Aramis sont déjà autour du corps de cette pauvre femme.
-Louise, je t'avais dis...
-D'attendre au centre mais de nous quatre, je suis sans doute la plus apte à reconnaitre cette femme.
-Tiens, couvre toi. Dit d'Artagnan en passant sa cape sur mes épaules.
-Merci.
Le médecin découvre le visage de la femme, c'est une comtesse à n'en pas douter mais elle ne me dit rien.
-C'est la femme qui a essayé de me tuer. La reconnait d'Artagnan.

Nous quittons la morgue pour rejoindre les écuries. D'Artagnan nous explique qu'avant sa rencontre avec Athos, il a tenté de secourir la jeune femme de la morgue avant que celle-ci ne lui tire dessus au mousquet et un homme à la jambe de bois l'a enterré vivant.
-Tu pourrais nous conduire a l'endroit où elle a été attaquée ? Demande Aramis.
-Bien sûr.
-Parfait, on se rejoint ici dans 1h. Continue Aramis.
Je dois me changer, je ne peux pas monter à cheval dans une robe comme la mienne. Je ne rentre pas chez moi, je vais chez mon frère. Quand il m'entrainais, je n'étais jamais en robe, il m'avait aidé à coudre un pantalon et une veste. Pour éviter les mauvais regard, nous avions convenu de laisser ma tenue d'entrainement chez lui. Je monte jusqu'à son appartement, il est immense, presque un petit château contrairement à mon petit appartement. J'ouvre la porte avec la clé que je garde toujours sur moi. L'appartement est sans dessus dessous, les gardes du cardinal n'ont pas su se retenir. Je vais dans le placard et prends la vieille boite cachée sous une couche de poussière, j'espère que je rentre encore dans ces vieux vêtements. Je vais me cacher dans la salle de bain et me change. Par miracle ils me vont toujours, un peu plus moulant qu'à l'époque mais rien d'indécent. J'accroche ma cape et repars aux écuries. J'attache mes cheveux brun et passe la capuche sur ma tête, je n'ai pas besoin d'être accostée en ce moment.
-Je peux vous aider ? Me demande l'écuyer.
-J'attends des amis.
-Je peux vous aider à attendre si vous le voulez.
-Non merci, ça ira.
-Roooh aller ma jolie, tu ne vas pas faire ta farouche. Rit-il en s'avançant.
J'attrape le poignard accroché à la ceinture de mon pantalon et le pose sous la gorge de l'écuyer après l'avoir plaqué au mur.
-Avise toi de poser les mains sur moi et je t'égorge sur cette place à la vue de tous.
-Louise, nous allons partir. Annonce d'Artagnan derrière moi.
Je relâche l'écuyer et rejoins mes amis.
-Le cheval d'Athos a été vendu, tu vas monter avec l'un d'entre nous. Continue Porthos.
-Et qui est l'heureux élu ?
-Moi, si tu le veux bien. Lance d'Artagnan.
Je suis un peu étonnée qu'Aramis n'ai pas insisté pour que je monte avec lui mais je ne dis rien et monte derrière d'Artagnan.
-Ça va, tu es bien installée ?
-Oui, ne t'en fais pas. J'ai passé des heures derrière Athos. J'ai l'habitude.
-Accroche toi bien.
On avance lentement jusqu'aux portes de la ville où des gardes du cardinal nous arrêtent.
-Halte là. Où allez-vous ?
-En balade Messieurs, bien que cela semble vous déplaire. Lance Aramis avec son air hautain habituel.
C'est l'une des rares qualités que je suis prête à lui céder. Aramis à le même don que moi avec les mots, son parler est agaçant mais très développé. D'Artagnan passe sa main contre moi pour me cacher un peu plus derrière lui.
-Le cardinal...
-Le cardinal vous dirige mais il n'a aucun pouvoir sur les hommes du capitaine de Tréville, les interrompt Porthos, écartez-vous.
-Vous pouvez sortir, mais la comtesse reste avec nous. Elle est suspectée d'avoir aidé le mousquetaire dans le meurtre de la jeune femme.
-Elle vient avec nous, que cela vous plaise ou non. Affirme Aramis.
-Accroche toi. Me chuchote d'Artagnan.
-Vous n'avez pas ce pouvoir. Renchérit Aramis. Vous n'avez pas de pouvoir, ni sur nous, ni sur elle. Elle est sous la protection de Capitaine de Tréville, allez le voir si nous ne nous croyez pas. En attendant, laissez nous passer.
Suis-je vraiment sous la protection du Capitaine ou celle d'Aramis ? Les deux me vont tant que je n'ai pas à descendre de cheval. Les hommes du cardinal ne se battent pas plus longtemps et nous laissent passer. Nous commençons à galoper dans les grandes plaines.
-On arrivera avant la tombée de la nuit. Annonce d'Artagnan qui ouvre le chemin. Tout va bien ? Me demande-t-il plus doucement.
-Tout va bien, je m'accroche.
-On peut ralentir si tu le souhaites.
-Non, ça va aller.
Je lance un regard derrière nous, Porthos et Aramis nous suivent bien. Notre ami disait vrai, nous arrivons à un clos en début d'après-midi. Un homme avec une jambe de bois reconnait d'Artagnan.
-Je...Je pensais que vous étiez mort.
-Où as-tu enterré les autres ? Demande d'Artagnan.
-C'est pas moi, je vous le jure, je ne les connaissais pas.
Aramis, Porthos et d'Artagnan avancent vers l'homme jusqu'à le faire tomber.
-Mènes nous à leurs tombes. Ordonne d'Artagnan.

La Vème MousquetaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant