Chapitre 6

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J'ouvre doucement les yeux dans une église, je reconnais le bâtiment à la pierre grise qui orne le plafond. J'ai mal au ventre. Qu'est-ce que je fais ici ?
-Louise ? Lance une voix à côté de moi.
Je tourne la tête et découvre Aramis, il me tient la main.
-Reste allongée. Infirmière !
-J'ai mal...
-Je sais, il ne faut surtout pas que tu bouges.
Je vois des larmes couler sur son visage. Je déteste le voir pleurer. Une infirmière arrive et prends ma température.
-La fièvre est retombée. Comment vous sentez vous ?
-J'ai mal...Je...J'ai du mal à comprendre.
-Je t'expliquerai tout en temps et en heure. Ce qui est important c'est ta santé. Me dit Aramis.
L'infirmière m'osculte de la tête aux pieds.
-La blessure est moins importante. Elle devrait pouvoir rentrer d'ici quelques jours. Mais elle ne pourra pas marcher, il ne faudra jamais la laisser seule. La guérison sera longue. Explique-t-elle à Aramis, comme si je n'étais pas là. Même si elle respire encore, rien ne garanti que ce sera encore le cas demain.
Est-ce que l'infirmière vient d'expliquer que je peux mourir à n'importe quel moment ? L'infirmière part, comme si elle n'avait rien dit. Aramis s'approche.
-Comment tu te sens ?
-Complètement déboussolée. Avoué-je. Où sont les autres ?
-Ils vont bien. On va tous bien. Athos a repris sa place dans le corps des mousquetaires. Comme ils n'autorisent qu'un seul visiteur, c'est moi qui suis resté.
-Combien de temps...
-Ça fait une semaine que tu ne te réveillais pas.
-Oh...
-Tu as attrapé une violente fièvre pendant ton sommeil. Les infirmières n'y croyaient plus.
-J'ai mal.
-Je sais, tu vas rester là encore jusqu'à demain. Après, je t'emmène loin de cet enfer.
J'essaie de me redresser mais il appuie doucement sur mes épaules pour me recoucher.
-Ne fais pas de bêtises.
-Je ne suis pas en sucre.
-À cet instant, tu as surtout un trou dans le ventre et mal. Je ne te laisserais pas aggraver ton cas.
-Combien de temps tu es resté là ?
-Une semaine.
-Aramis...
-C'est moi qui le voulait, ne va pas t'imaginer qu'Athos m'y a forcer.
-Je sais qu'il ne t'y a pas forcé mais tu peux rentrer chez toi. Tu reviendras demain.
-Tu as sincèrement l'impression que tu me feras partir ?
Je n'ajoute rien, on sait tous les deux que ça ne servirait à rien.
-J'ai eu peur tu sais ? Me dit-il en caressant mes doigts. Je ne sais pas ce que j'aurais fait si tu ne t'étais pas réveillée.
-N'y pense plus, je suis là. je suis vivante et je compte bien le rester.
-Nous préviendrons les autres de ton retour demain, je veux te laisser le temps de te reposer un petit peu.
-Je suppose que j'ai beaucoup de chose à rattraper si j'ai dormi pendant une semaine entière.
-Constance, la jeune femme de qui D'Artagnan s'est épris a été enlevée. Athos, Portos et lui le recherche sans relâche depuis.
-Mon dieu.
-En dehors de cela, nous n'avons aucune nouvelles du reste des attaquants, Athos nous a confié que c'était en partie l'œuvre de Benjamin. Il ne s'est jamais présenté à ton chevet, il n'a donné aucune nouvelle.
-Ne vous attendez pas à en avoir, Benjamin se cachera comme un rat en attendant le prochain assaut.
-Le duc de Buckingham a eu vent de tes blessures, sûrement par la reine, il a fait venir un livre de sa bibliothèque personnelle pour toi. Si je ne connaissais pas sa liaison actuelle, je pourrais être jaloux. Dit-il en me tendant l'ouvrage.
-Tu n'as pas être jaloux, le duc et moi avons une relation purement platonique et érudite. Il sait que les livres anglais ne courent pas les rues à la capitale, il sait également que c'est grâce à eux que j'ai pu apprendre la langue. Expliqué-je en caressant les doigts d'Aramis.
Sa main est ferme, sa peau cornée à force de tenir ses armes. Si l'on étudiait ses mains, jamais on ne devinerai que cet homme appartient à la noblesse, encore moins à l'église. Il se penche sur moi et dépose un baiser sur mon front. Nous passons le reste de la soirée à discuter, à débattre sur mes besoins ou mes frères. Et quand la nuit tombe, il s'affale dans son fauteuil, ma main contre ses lèvres. Ses yeux ne quittent pas les miens, je suis épuisée et lui aussi, je le vois à son visage tiré mais je sais qu'il ne fermera pas les yeux avant que je ne m'endorme.
-Tu peux dormir, je ne partirai pas. Souffle-t-il contre ma main.
-Je sais, ne t'en fais pas.
Les minutes trainent et je finis pas sombrer dans un lourd sommeil, visiblement, ma perte de connaissance ne m'a pas reposée.

La Vème MousquetaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant