Arbre qui ruisselle, gerbe aqueuse qui jaillit,
C'est la rosée qui pénètre mon esprit.
L'écorce morcelée, entre cratères profonds et tranchées sinueuses, l'arbre abandonne ses feuilles, se retrouve dénudé.
Je m'approche de l'arbre d'hiver,
Mes pas crissent sur la neige immaculée.
Je respire le froide métallique de l'air,
Je glisse ma main sur le ruisseau végétal, torturé.
La matière coule, suinte, fond, se désagrège en blocs humides.
C'est le lichen trempé qui entortille les doigts.
Je me noie dans la contemplation du bois mort,
La sève me colle aux doigts.
De minces filets d'eau se meuvent,
Finissent leur chute tranquille, sur les doigts.
Je m'éloigne de l'arbre fluide.
Ce dernier vacille.
Face au vent, les branches oscillent.
Il ne devient bientôt plus qu'une ride.
Telle une goutte, l'arbre s'évapore.
Disparaît plus loin encore.
Instant éphémère, je tire mon couvre-chef,
L'agite pour dire,
Adieu à toi, bel abricotier.