Chapitre 1.2 : Le sang gicla

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Elle se réveilla en sursaut.

    La tête enfoncée dans l'oreiller, elle tenta d'une main vaine de trouver son réveil qui lui brisait les tympans. La porte s'ouvrît à la volée et Style aboya un grand coup en tentant de trouver la joue de Valentine avec sa langue.

    Elle sauta rapidement sur ses deux pieds en étreignant son chien qui – comme tous les matins – ne la lâchait pas d'une semelle. Elle se remémora la conversation qu'elle avait eu avec sa grand-mère la veille et lâcha un grand sourire à son reflet dans le miroir.

    Elle se prépara à la volée, coiffa ses cheveux brun d'une main en essayant tant bien que mal de les nouer en chignon. Ils avaient repoussé depuis qu'elle avait fait une coupe au carré mais pas assez pour se les attacher correctement, apparemment. Elle enfila sa salopette short au-dessus d'un t-shirt arc en ciel et trouva sa veste kaki étendue par terre qui servait inopinément de couchette à Style. Elle attrapa son sac à dos, la toile qu'elle n'avait pas encore finit de peindre et laça ses converses en un temps record.

    La jeune femme descendit les marches une par une, elle se rendit dans la véranda mais se stoppa net en apercevant sa grand-mère. Celle-ci se tenait debout dans l'encadrure de la porte qui menait sur le jardin. Ses yeux étaient clos et elle marmonnait tout bas, le soleil orange illuminant son visage. Elle n'apercevait pas sa silhouette entièrement mais elle voyait ses bras bouger. Ce n'était pas la première fois qu'elle voyait Omé dans ce genre de posture, elle savait sa que grand-mère aimait la méditation mais cela la perturbait à chaque fois. Elle semblait être dans un autre monde.

    La jeune peintre l'observa quelques instants.

    Omé avait un style vestimentaires qui lui appartenait, elle tenait énormément à ses longs colliers, ses bagues avec des belles pierres, son trait de khôl parfaitement réalisé sous ses yeux d'un bleu profond mais également sa manière d'avoir ses réactions incongrues que Valentine ne comprenaient pas toujours.

    Sur la pointe des pieds, elle piqua quelques biscuits qui traînaient dans un bol en guise de petit déjeuner, étreignit Style et prit le chemin de l'école. L'école n'était pas un lieu qu'elle affectionnait particulièrement, mais jusqu'à hier c'était le seul endroit où elle pouvait peindre sans avoir de problème. Elle reconnu au loin l'église du village et se mit à courir lorsqu'elle celle-ci sonna neuf coup – comme chaque matin elle avait flâné sur la route et comme chaque matin elle n'allait pas être à l'heure. Elle aimait marcher dans la nature, sentir l'herbe sur ses jambes nues et observer les insectes qu'elle croisait. Les arbres étaient comme d'énormes couvertures qui la protégeaient avec leur feuillage et leurs longues branches.

Valentine toqua deux coups secs à la porte de la salle de classe.
    Elle tentait de calmer sa respiration dût à sa course effrénée et jouait nonchalamment avec le billet de retard qu'elle tenait entre les mains. Elle attendit quelques secondes et ouvrit la porte brusquement. Instantanément, un silence glacial régna dans la classe et une trentaine de pairs d'yeux se braquèrent sur elle. La jeune femme jeta un coup d'œil sceptique à son professeur d'allemand qui leva les yeux au ciel et lui dit d'une voix ferme d'aller s'assoir. Chétif, des lunettes rondes encadrant son nez et une moustaches parfaitement taillée étaient les seules caractéristiques saillantes de Monsieur Hatfer. Valentine n'avait jamais eu d'affection particulière pour ce professeur qu'elle considérait comme une épine dans son pied.

    Sans une parole, elle fit un détour par son bureau pour y déposer le mot du secrétariat. Elle n'essayait même plus d'inventer des excuses pour se justifier. La jeune femme gardait la tête haute et se contenta de fixer d'un air indifférent tous ceux qui posaient sur elle un regard moqueur.

L'ArmondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant