Détruis-moi (en cours)

01. Mariage

Anastassia

22h43

-Tu les as dans le viseur, Maria ? demanda une voix dans mon oreillette et je hochais discrètement la tête.

La soirée battait à son plein et la musique résonnait dans mes oreilles, m'empêchant de communiquer correctement avec le reste de l'équipe.

Je donnais brusquement un coup de coude à Boris qui prenait une coupe de champagne à l'un des serveurs.

-Qu'est-ce que tu fous ? M'énervais-je et il me rendit son plus beau sourire.

-Tu vois Maria, je profite de la vie, m'informa mon acolyte en buvant d'une traite le contenu.

-Et bientôt, tu profiteras de la vie en fauteuil roulant si tu continues à faire le guignol, lui répondais-je avant de partir en direction des tables.

Nous nous trouvions au beau milieu d'un mariage, où nous devions exécuter le père du marier ainsi que deux de ses collaborateurs.

Un jeu d'enfant sur le papier, mais légèrement plus délicat lorsqu'il ne fallait pas se faire remarquer.

Avec l'Imperiya, tout devait se faire dans la plus grande discrétion et j'y avais toujours mis un point d'honneur.

Seulement, mon coéquipier, et aussi seul ami, me rendait souvent la tâche plus compliquée, particulièrement lorsqu'il décidait de ne pas exécuter les ordres du patron à la lettre.

Mais Boris était comme ça.

Il avait toujours aimé la vie là où je ne lui trouvais aucune saveur. Il appréciait la vie en société, les personnes normales.

J'avais toujours fuis ces gens-là.

Ils étaient si différents, si particuliers.

Quelque chose en eux me dérangeait...

Certainement la grandeur de leurs sentiments ou la pureté de leur âme.

Pour ma part, la seule personne qui avait réussi à me faire ressentir une quelconque émotion agréable depuis ces dix dernières années se trouvait juste à côté de moi.

-Tu crois que tu te marieras un jour ? Lança Boris en faisant un nœud à sa serviette.

-Plutôt mourir, répondais-je en affichant une mine écœurée qui le fit rire.

Nous avions assisté à beaucoup trop de mariages depuis le début de nos missions pour que je puisse un jour en organiser un de ma propre initiative.

Les mariages reflétaient toujours la même rengaine. La mairie, parfois l'église, le bouquet de la mariée, les discours pompeux et exagérés, le gâteau à étage et le slow d'ouverture des mariés.

Aucun d'entre eux n'avaient réussi à me surprendre et j'en venais même à prédire le programme et le déroulement de la soirée.

Ils étaient tous autant prévisibles les uns que les autres, et je parlais autant de l'évènement en lui-même que des invités qui y étaient présents.

Tout ceci n'était qu'une mascarade et nous y prenions part pour la énième fois.

Mais c'était le job.

L'amie d'enfance de la mariée venait de prendre le micro, une larme à l'œil, et je me retenais de lever les yeux au ciel tant la scène était sentimentale.

Que quelqu'un abrège mon ennui...

-Les deux collaborateurs partent en direction des toilettes, m'informa la voix dans l'oreillette et le regard de Boris croisa le mien.