Détruis-moi (en cours)

02. Dernière mission

Anastassia

16h27

Je tournais depuis près de quatre heures autour de la table basse du salon, relisant en boucle les détails de la mission de ce soir.

Ma dernière mission...

Je n'arrivais pas à croire qu'elle se réduisait à l'arrestation d'un Vlast pour le vol d'un collier.

Ce n'était tout simplement pas possible. Il devait y avoir un détail qui m'échappait, une information. Dmitrov ne pouvait pas m'envoyer pendant une dizaine d'années parcourir le monde entier pour tuer des centaines de personnes et me laisser quelques miettes à la fin de mon contrat.

Depuis mes premiers entraînements à l'Imperyia, je m'étais toujours imaginé la mission finale comme l'évènement le plus palpitant et le plus grandiose que j'avais jamais vécu.

J'avais toujours pensé à un chaos et à un déroulement de soirée imprévisible.

Et je me retrouvais à feuilleter la totalité du dossier concernant cette putain de réception.

-Tu vas devenir folle à force de relire ces papiers, me prévenu Boris en s'affalant sur le canapé.

-Dis-moi que tu es de mèche avec eux et qu'ils ont prévu autre chose pour ce soir, lui lançais-je d'un ton désespéré et un rire lui échappa.

-Je n'ai vraiment pas envie de te donner de faux espoirs sur ce coup-là, me répondit-il avant de tapoter la place à côté de lui.

Je me laissais tomber à ses côtés, balançant la tête en arrière.

Même le plafond d'une blancheur monotone me donnait plus envie que cette mission à la con.

-Tu ne veux vraiment pas m'accompagner ? Lui demandais-je pour la troisième fois de la journée en espérant qu'il finisse par changer d'avis.

-C'est ta dernière mission Ana, elle t'appartient et je ne suis pas marqué sur la liste des invités, me répondit-il en prenant un des documents pour le lire.

-Mais on a fait tellement de missions ensemble... râlais-je en posant ma tête sur son épaule. C'est injuste !

-La vie a ses préférés, que veux-tu ? Se moqua Boris et je lui frappais rapidement l'épaule. Rappelle-moi le nom du Vlast ? Ajouta-t-il en continuant de jeter un coup d'œil à la paperasse.

-Viktor Kazmarov, soufflais-je en grimaçant.

Je ne l'aimais déjà pas.

Les Vlast étaient beaucoup plus détestables que n'importe quelle autre organisation.

C'est ce qu'on nous avait répété pendant une dizaine d'années alors j'avais fini par y croire.

Et puis, rien qu'à sa tête j'avais compris qu'il ne me faciliterait pas la tâche. Ses yeux aussi noirs que la nuit et ses traits autoritaires me revenaient alors en tête.

-C'est quand même fou que Dmitrov t'envoie récupérer un collier pour ta dernière mission, marmonna Boris en passant une main dans ses cheveux.

-Enfin une parole censée ! M'exclamais-je et il me tira la langue comme un gamin de cinq ans.

J'avais rencontré Boris pour la première fois il y a treize ans, lors de mon arrivée à l'Imperyia.

Boris s'entendait bien avec mon frère, Ivan, qui me l'avait alors présenté. J'avais douze ans à ce moment-là et ils en avaient quatorze.

Ivan et moi n'avions plus de parents.