Chapitre 1

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"you were drivin' the getaway car

We were flyin', but we'd never get far

Don't pretend it's such a mystery

Think about the place where you first met me

Ridin' in a getaway car

There were sirens in the beat of your heart

Should've known I'd be the first to leave

Think about the place where you first met me

In a getaway car

No, they never get far

No, nothin' good starts in a getaway car"

Taylor Swift

Eliza regardait autour d’elle, tout ce faste, ces paillettes lui donnaient l’impression d’étouffer. Elle ne pouvait plus vivre ainsi. Sa vie n’était qu’apparance, rien de naturel dans ce monde où chacun de vos faits et gestes sont scrutés à la loupe. Elle n’avait jamais connu rien d’autre, née dans le luxe, une cuillère en argent dans la bouche, sa route était tracée. En 22 ans d’existence, elle se demandait si elle avait réellement vécu. Cette vie ne rymait à rien, elle n’était pas celle qu’elle avait imaginé. Cette fille libre, inconsciente qui ne pensait pas au lendemain. Non, elle était exactement comme toutes les jeunes femmes de cette haute société : coincée, exibée, soumise.

On lui demandait d’être plus comme ceci, ou moins comme cela et elle s’exécutait, sans poser de question ou sans émettre la moindre protestation. Il fallait être gentille et douce, ne critiquer personne et faire bonne figure. Son père avait choisi l’université de Yale et bien, voilà 3 ans qu’elle apprenait le droit, spécialité qu’on lui avait également imposée, dans cette même université. On lui avait aussi conseillé de suivre les pas de la famille et de commencer très tôt à s’intéresser à la politique, qu’à cela ne tienne, Eliza avait fait partit de la cellule électorale du président en place alors qu’elle n’avait que 17 ans. Sa jeunesse, sa visibilité et sa beauté avait rallié les nouveaux majeurs à sa cause. Ils n'avaient pas hésité à l’envoyer sur le devant de la scène, propagande minutieusement exécutée, qui avait fonctionné. Élections de délégués au lycée, cours de gymnastique, piano, toute sa vie avait toujours été contrôlée. Même ses plus vieux souvenirs le lui rappelaient, comme à l’époque où elle avait émit l’envie de pratiquer du football, on lui avait répondu que l’équitation serait certainement plus bénéfique pour une enfant se six ans.

Mais maintenant, Eliza se sentait oppressé, la gentille petite fille s’effaçait jour après jour, laissant place à une femme cynique et déprimée. Elle n'avait plus goût à rien, et se sentait tomber.

Eliza regardait cette grande salle pleine d’hypocrisie. Son envie de courir loin, aussi vite que possible la rongeait. Elle voyait son père s’adresser à l’assistance, dressé sur son 31, il parlait et parlait encore, se pavanant comme un coq. Le rôle d’Éliza ce soir était simple et connu : sourire, adhérer aux idées républicaines et se taire. Ne pas émettre d’opinion et ne surtout pas poser de question. Personne ne voulait risquer un incident, la politique était une affaire d’homme.

Mais ce soir, Eliza ne souriait pas. Elle sentit sa mère tirer légèrement dans le dos de sa robe, essayant discrètement de la sortir de sa rêverie. La jeune femme cligna des yeux quelques fois et remit sa posture plus droite avant de former un rictus faux sur son visage. A l’intérieur, elle hurlait.

Getaway carOù les histoires vivent. Découvrez maintenant