Cela faisait deux jours maintenant qu'Hugo et sa famille s'étaient installés dans la maison de l'impasse. Ils avaient passé les dernières vingt-quatre heures à refaire quelques retouches, à abandonner les poignets de portes et tout ce qui leur était inutile et à faire apparaître de nouveaux meubles tout en s'arrangeant pour que tout ait l'air parfaitement normal aux yeux des humains. Si un voisin passait la tête par la fenêtre, il verrait une table parfaitement normale, des chaises ancrées sur le sol et des photos exclusivement terriennes. Pas une planche en bois verni qui flotterait dans le vide, pas de sorte de petits nuages qui viendraient gaiement l'entourer et encore moins d'immenses peintures représentant des Anges de différentes tailles, de différentes carrures. Tous de sa famille.
Quant à Hugo, il avait aménagé sa chambre selon le même modèle qu'à Aggelos, un lit douillet et une simple table de chevet. Pas besoin de dressing, il lui suffisait d'imaginer sa tenue pour qu'elle apparaisse sur lui, mais il avait quand même décidé d'en poser un petit dans un coin pour faire illusion. Non pas qu'il pense un jour inviter un humain à rentrer, mais de sa fenêtre, les voisins avaient une vue plongeante sur l'intérieur de sa chambre.
Il n'avait pas vraiment fait attention à qui occupait la pièce d'en face, mais les murs verts et les livres en tout genre laissaient à penser que c'était une des filles. La rouquine maladroite qui s'était défilée à la première occasion ou la blonde plus extravertie qui lui avait fait de l'œil durant toute la visite ? Allongé sur son lit qui flottait légèrement au-dessus du sol, il attendait que quelqu'un rentre pour le découvrir.
En bas, il entendait sa mère gronder contre son père. Elle n'en était plus à balancer des objets mais sa colère les encombrait tous et même si Hugo pouvait le comprendre, il ne supportait plus de se trouver à sa proximité, fatigué de devoir constamment ranger ses ailes qui sortaient naturellement lorsqu'il passait près de sa mère. Dans les familles séraphines, les parents avaient le même genre de contrôle que les alphas sur leur meute. Si leurs enfants passaient près d'eux et qu'ils étaient sous l'emprise d'une émotion trop forte, les jeunes n'avaient pas d'autre choix que de se transformer. Ce qui, chez eux, passait inaperçu mais qui, ici, commençait à devenir problématique.
Hugo soupira. Il regrettait déjà d'être parti. L'excitation du départ s'était estompée avec les heures, confrontée à l'ennui pesant que représentait son existence ici, dans un village humain. Chez lui, il pouvait sortir quand il voulait, aller voler tout son soûl, s'entraîner à se battre à l'épée, au couteau, à main nue ou encore, il pouvait aller affuter ses sens magiques, apprendre de nouveaux sorts, monter dans les grades. Qu'il soit déjà l'un des meilleurs apprentis de sa génération ne lui suffisait pas, il voulait être le premier. Mais maintenant qu'il était ici, à La Rochelle, dans un endroit où voler était synonyme de sorcellerie, où faire de la magie suffisait à rendre fou le plus stable des terriens et où il n'avait pas la permission de quitter la maison sans autorisation expresse, il sentait que sa vie allait prendre un tour plus monotone.
Hugo sursauta violemment quand la lumière s'alluma d'un coup dans la chambre de ses voisins et quand la rouquine maladroite apparut, un sac de courses dans les bras. Mia. C'est quoi son nom, déjà ? Marcedo. Mia Marcedo. Il rigola en la voyant se prendre les pieds dans son tapis et manquer de s'affaler sur son lit, se rattrapant in extremis à sa commode encombrée de tonnes de livres.
Hugo s'approcha de l'encadrement de sa fenêtre. La chambre de la jeune fille était rectangulaire, tout en longueur. Son lit était coincé au fond de la chambre, accolé, il y avait une commode en bois compressé composé de plusieurs tiroirs et dont tout le dessus était couvert, comme Hugo l'avait précédemment remarqué, de livres plus ou moins abîmés. De l'autre côté, positionné contre le mur opposé à la porte et contre celui qui soutenait la fenêtre, il y avait un vieux bureau en bois verni qui donnait sur sa propre chambre, éclairé par une lampe en métal rouge et parsemé de cahiers de cours et de classeurs. De là où il était, il vit son écriture fine et courbée, élégante et ses petits dessins griffonnés dans les marges, représentant ses professeurs ou quelques élèves. Hugo fut surpris de voir la précision des traits, la finesse du tracé et la petite touche personnelle de chaque dessin.
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La trahison de l'Ange (Tome 1)
RomanceQuand Hugo est envoyé sur Terre à cause de son traître de père, il n'attend qu'une chose : retourner sur Aggelos, le monde des Anges. Tout change quand il rencontre Mia, sa voisine. **** Le père de Hugo a enfreint les règles séraphines les plus élém...
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