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Chapitre 8 : Hugo

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Fréquenter un lycée humain avait finalement ses avantages, à tout bien y réfléchir. Non seulement cela lui occupait suffisamment l'esprit pour qu'il en oublie de broyer du noir mais en plus il trouvait cela intéressant. Et il ne parlait pas seulement des cours. Il était également fasciné par les interactions entre élèves, la cruauté des plus forts envers les plus faibles, les groupes qui se formaient au sein même d'une classe, les cases dans lesquelles tu étais placé d'emblée. Il y avait les « populaires », comme il avait pu l'intercepter des pensées de Mia, c'est à dire ceux qui traînaient autour des deux canons qui se rapprochaient le plus des anges femmes de son peuple et il y avait les parias, ceux que l'on refusait dans les rangs d'honneurs pour telle ou telle excentricité.

De ce qu'il avait compris, mis à part Raphaëlle dont le désistement avait été légèrement dû à un petit tour de passe-passe de sa part, Mia n'avait pas vraiment d'alliés dans cette classe et avait d'office été classée dans la case paria pour sa maladresse et son refus obstiné de s'habiller comme les autres. Non pas qu'elle s'habillait mal, Hugo adorait ses chemisiers bariolés, mais ce n'était pas à la mode. Et elle semblait s'y être faite. Un peu trop au goût de Hugo d'ailleurs.
De plus, en venant au lycée ce matin, il s'était attendu à rester seul. Enfin, pas vraiment seul, puisqu'il y aurait toujours des filles comme cette Émilie qui viendraient l'attirer dans leurs pièges à souris, mais ce n'était pas le genre de demoiselles qu'il pouvait embêter en espérant obtenir une répartie un tant soit peu loquace. Alors, quand, penché ostensiblement sur la feuille, il avait découvert son nom juste au-dessus de celui de Mia, il s'était mis à rayonner tant et si fort que Béa, méfiante, lui avait demandé s'il n'était pas malade.

Mia exerçait sur Hugo une drôle de magie ; elle le fascinait et lui retournait le cerveau avec son imprévisibilité. Au contraire de tous ces humains si engoncés dans leurs habitudes, si prévisibles, Mia agissait toujours d'une manière que Hugo ne pouvait prévoir et elle parvenait tout à la fois à le frustrer et à le combler. Comme hier quand elle lui avait échappé dans le parc. Ou quand il avait découvert le dessin des merles sur son plancher soigneusement aplati pour en effacer le maximum de plis. Ou, encore, le soudain revirement qu'elle avait affiché en cours quand elle avait enfin semblé apprécier sa présence près d'elle et non plus l'exécrer. Et la fascination ne s'arrêtait pas là. Au lieu de se contenter de l'observer, il se sentait toujours obligé de l'approcher, de la faire rire et de la faire enrager. Elle avait de telles réactions qu'il n'avait jamais pris autant de plaisir à tourmenter quelqu'un, ange ou humain.

— Hé, tu m'écoutes, un peu ?

Mia s'était arrêtée et lui secouait le bras avec irritation. Hugo sourit en apercevant les petits plis formés entre les sourcils de la jeune fille et se retint d'y poser un doigt. Comme si elle avait senti qu'il l'observait un peu trop intensément, Mia fronça encore plus les sourcils et posa les mains sur les hanches.

— Excuse-moi, ta voix me sortait par la tête, répondit-il en reprenant la marche. Je ne te savais pas aussi pipelette.
— Je te disais que nous n'avons pas cours ensemble, là, maintenant, s'impatienta la jeune fille en tirant de son sac l'emploi du temps que madame Monvel leur avait distribué.
— Quoi ?
— On a anglais et tu n'es pas avec moi. Ça se fait par groupe.
— C'est idiot.
— Non, c'est pas idiot.

Hugo fronça les sourcils. Il fut tenté de se servir de sa magie afin de changer la répartition, mais il l'avait déjà fait pour éloigner Raphaëlle. En influençant trop le cours des choses, il finirait par se dévoiler et sa mère rappliquerait au lycée, rouge de colère.

— Tout ça pour dire que tu n'es pas dans la même salle que moi, reprit Mia en tirant sur une lourde porte qui donnait accès au bâtiment A. Mais on est au même étage. Si tu veux, je peux te montrer ta salle de cours.
— Parce que tu as le sens de l'orientation ? sourit Hugo en l'aidant à tenir la porte. Les femmes ne sont pas censées être nulles, dans ce domaine ?
— Si on se fie à ces vieux adages, les femmes ne seraient bonnes qu'à faire le ménage, marmonna Mia. Mais tu as raison, je ne connais ce lycée que pour l'avoir appris par cœur.
— Je le savais.

La trahison de l'Ange (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant