La trahison de l'Ange (Tome 1)

Chapitre 9 : Mia

— Alors, je ne t'ai pas trop manqué ?

Mia était assise sur un banc de pierre rond au centre duquel poussaient des plantes. Le professeur d'anglais les avait lâchés plus tôt et elle attendait que l'heure de la pause sonne, son téléphone sur le genou gauche, un carnet de dessin sur le droit.

Quand Hugo approcha, elle leva la tête et s'empressa de ranger son carnet. Pas question qu'il voie de nouveau mes dessins ! Elle se décala légèrement pour qu'il puisse s'installer à ses côtés et lui offrit un sourire timide.

— Si tu entends par là que j'aurais préféré que tu sois là pour calmer les deux pestes, alors si, tu m'as manqué, répondit-elle, en lui donnant une petite bourrade au genou. Beaucoup.
— Oh, tu t'es fait embêter, petit merle ?
— Qu'est-ce que tu crois ? Je ne vais pas m'en tirer aussi facilement. Pas alors que le mec le plus beau du lycée me préfère à elles !

Elle avait à peine prononcé ces quelques mots que Mia les regretta et se mit à rougir intensément. Qu'est-ce qui me prend de dire des trucs pareils ? Il va croire que je suis collante... il ne me préfère pas du tout, c'est sûr...

Alors qu'elle secouait la tête de frustration, elle sentit un contact léger au niveau du front. Hugo avait posé le doigt entre ses deux sourcils, à l'endroit exact où de petites rides se formaient. Mia se figea et leva ses yeux marron vers les yeux verts du garçon et une fois encore, elle se perdit en cours de route. Comment faisait-il pour être aussi séduisant ? Aussi hypnotisant ? Aussi forte soit sa volonté, elle ne parvenait pas à s'arracher à sa contemplation. Au secours ! Mais alors qu'elle commençait à perdre patience, il la relâcha et se détourna avec une expression mécontente. Qu'avait-elle fait, encore ?

— Qui a dit que je te préférais toi à elles ? demanda sèchement le garçon. Je n'ai jamais dit ça et c'est totalement faux, en plus.
— Oh... euh... oui, c'est vrai, je suis désolée, marmonna Mia qui sentait la panique l'envahir.
— Tu sais quel est ton problème, à toi ? Mis à part le fait que visiblement, tu es loin d'être la fille la plus belle du lycée ? C'est que tu interprètes trop tout ce que tu vois au point que tu te mets de fausses idées dans la tête.

Mia en resta bouche bée. Hugo l'observait de nouveau avec ce sourire moqueur mais cette fois, il n'avait rien de gentil et tout de la cruauté digne des pires larbins d'Émilie. Elle sentit des larmes affluer et sa vision se brouilla incontestablement alors que la colère et l'humiliation l'envahissaient. Encore une chose à savoir sur Mia : dès qu'elle était en colère, elle se mettait à pleurer et cela avait toujours le mérite de la discréditer d'emblée. Qui pouvait prendre une fille qui pleurait à tout bout de champ au sérieux ? Personne, et encore moins Hugo.

Mia respira profondément, le visage heureusement masqué par le rideau roux que formaient ses cheveux. D'une main fébrile, elle chassa rageusement ses larmes traîtresses et fit face au garçon.

— Et toi, tu es le plus grand manipulateur que je connaisse, cracha-t-elle en remballant ses affaires à la va-vite. Tu pourras mettre ça dans le CV que tu remettras à Émilie ! Tu es tellement beau !

Le mot sonna comme une insulte dans la bouche de la jeune fille et celle-ci pensait ses mots jusqu'au dernier alors que Hugo rigolait ouvertement, méprisant jusqu'au bout.

De colère, Mia trébucha quand elle voulut s'éloigner. Elle manqua de tomber mais Hugo, qui s'était levé très vite, la rattrapa au dernier moment et la remit sur pieds. Mia vit rouge. D'un geste brusque, elle dégagea son bras de son contact et le planta là, furieuse contre elle-même.

Comment ai-je été assez idiote pour croire qu'il serait différent des autres ? En fait, il ne faisait que jouer avec moi, non, jouer DE moi ! réalisa-t-elle avec horreur. Et je suis entrée dans son jeu comme l'aurait fait une gamine de trois ans ! Mia serra les poings. Plus jamais, plus jamais elle ne se ferait avoir. Katarina pouvait bien dire tout ce qu'elle voulait, il n'existait pas un seul homme qui saurait la comprendre en ce monde !