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Chapitre 4 : Hugo

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Au bout d'à peu près quatre heures de route, ils arrivèrent finalement au niveau de La Rochelle, petite ville située en dehors des zones fréquentées par les Gardiens et encore plus loin des centres d'action des Anges. En effet, de peur d'être trop facilement repéré et de se faire en plus remarquer, Richard avait décidé de faire un long détour qui les avait obligés à passer par une grosse ville du nom de Bordeaux puis par de petites routes départementales jusqu'à la rocade de leur point d'arrivée.

Contrairement à ses quatre compagnons de voyage, Hugo s'était mis en tête d'en apprendre le plus possible et il détenait désormais une ribambelle impressionnante d'informations quant à l'organisation routière des humains.

Une chose à savoir sur les Anges : dès lors qu'ils s'intéressaient à un objet, à un lieu ou à un élément précis, ils pouvaient en tirer des masses d'informations à la fois précises et disparates. Comme un accident de voiture en 2001 au niveau d'une bifurcation sur la D1215 impliquant une voiture et une motocyclette ou le sens direct d'un certain panneau de signalisation.

En ce moment même, ils longeaient ce qui devait être un centre commercial comme le devina Hugo en observant les enseignes des différents entrepôts qu'il apercevait de sa place. Il se tourna pour en voir plus et aperçut une pancarte représentant des chaussures. Il était déjà heureux que les Anges aient investi la même tenue vestimentaire que les humains sinon, ils auraient également eu à s'inquiéter d'apprendre à connaître les jeans et les tuniques. Hugo secoua la tête à cette pensée et se tourna vers l'intérieur de l'habitacle.

Il savait désormais à quoi servait la manette que son père activait de temps à autre, le « levier de vitesses » ou encore les trois pédales qu'il utilisait alternativement pour démarrer, rouler, freiner, changer de vitesse. Il en savait déjà tellement qu'il aurait pu prendre le volant sans souci. Voilà exactement pourquoi ils trouvaient les humains empotés et légèrement en retard sur eux.
Dans la voiture, personne ne parlait. Sa mère regardait la route, les sourcils froncés, les mains crispées sur son sac en peau de daim. Hugo aurait souhaité lui être d'une quelconque aide mais elle n'avait jamais été très communicative et encore moins chaleureuse. Tout ce qu'il obtiendrait serait un énième regard désapprobateur pour l'avoir fait paraître faible. Il se demanda avec un mince sourire comment elle allait pouvoir survivre aux femmes humaines. De ce qu'il avait vu des séries, les femmes mariées — humaines — étaient coriaces et adoraient les potins. Une multitude de dîners mondains, des femmes venues s'épier. Et quand l'une d'elles croulait sous le poids d'une quelconque mésaventure, une autre se chargeait ensuite de faire passer le mot et en un rien de temps, tout le quartier — sinon toute la ville — avait eu vent de la disgrâce. Hugo voyait mal sa mère supporter de pareils ragots et la nouvelle de son arrivée ne tarderait pas à rameuter de curieuses bonnes femmes.

— Qu'est-ce qui te fait sourire, Hugo ? lança Marc avec animosité. Tu trouves ça drôle ? Te retrouver dans un monde peuplé d'ignorants, de prétentieux, d'idiots et devoir renier tes origines, tu trouves ça marrant ?
— Les humains ne sont pas idiots, répliqua Hugo en se tournant vers son frère et en le toisant avec amusement. Ils ont juste moins de... potentialité que nous, c'est tout.
— Tu utilises d'autres mots mais tu n'en penses pas moins et tu le sais, continua Marc en paraissant désormais franchement furieux. Je parie que tu ne survivras pas une seule seconde dans ce monde ! Quand la grande-gueule rencontre plus fort que lui, ça fait toujours mal.
— Ou alors, ma rivalité va les amuser et je vais devenir plus populaire que tu ne le seras jamais.

Hugo sourit et s'avachit dans son siège avec nonchalance pour bien montrer que les paroles de son aîné ne l'avaient pas touché.

Grande-gueule, lui ? Sûrement, mais il n'en avait pas honte, pas plus que d'être un lâche ou un fouteur de merde, ce qui était les deux spécialités de son frère. Il jouait dans l'ombre, ne se mouillait jamais. Même quand il avait passé son baptême, il s'était arrangé pour ne pas s'encombrer d'un cas trop difficile. Par contre, il aimait, non, il adorait venir briser les espoirs, faner toutes les illusions par un petit coup de maître derrière les remparts. Hugo se souvenait parfaitement de toutes ces fois où il se faisait taper sur les doigts par son père ou sa mère pour une bêtise qu'il n'avait jamais faite tout en sachant pertinemment que c'était Marc qui l'avait commise pour l'accuser ensuite. Il faisait pareil avec Béa parce qu'il savait que leurs parents lui faisaient confiance en tant qu'aîné, mais Hugo s'arrangeait toujours pour minimiser la peine et en prendre une partie sur lui. Ce que Béa lui rendait bien, ils s'étaient toujours soutenus l'un l'autre.

La trahison de l'Ange (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant