Le Vrai Combat : Le Réveil

À la recherche de réponses [2/5]

« Tout ce que je dis c'est qu'il vaudrait mieux faire comme eux, ronchonna Beleryn, qu'on évite de se rendre là-bas. Ces gens sont probablement déjà tous morts à l'heure qu'il est... Même le froid les aurait tué car la plupart d'entre eux ont disparu durant la nuit.

— Et pourquoi n'a-t-on toujours pas retrouver de corps jusque-là? demanda lord Tower. Des corps gelés gisant sur la neige.

— Les corps sont peut-être enterrés par-ci, par-là sous la neige, ou ils ont été entièrement dévorés par des bêtes sauvages. Ce qui est sûr, c'est que nous prenons de trop grands risques en voulant les retrouver à tout prix dans ces bois ».

Perché juste a côté sur son cheval, Eron lui jeta un regard intolérant avant de replonger sans tarder ses yeux dans l'horizon pourtant inobservable.

« Si ton humeur sombre et défaitiste était une maladie contagieuse, on l'aurait tous attrapé également il y a bien longtemps, repartit lord Tower. On aurait abandonné les recherches dès les premiers jours. Mais elle ne l'est pas, sinon d'être agaçante la plupart du temps. Les pisteurs avec leurs chiens finiront par les retrouver : vivants ou morts, ou même les créatures qui les auraient dévorées... nous aurons de vraies réponses sur toutes ces disparitions.

— Ces maudits gens..., grogna à mi-voix le jeune écuyer, c'est pas aujourd'hui qu'on va quitter ces bois de malheurs à cause d'eux.

À la suite de ces mots, ils continuèrent d'avancer mais dans un silence presqu'aussi froid que l'air ; seul régnait le chant cacophonique de la forêt qui s'étendait jusqu'aux confins de cette region.

La nuit s'impatientait que les dernières pénombres du crépuscule disparaissent. La lune avait déjà entrepris son cycle et les étoiles commençaient à apparaître tant bien que mal dans le ciel, notamment l'Étoile du nord qui était vénérée par certains comme étant la réincarnation d'une déesse nommée Eira, déesse des neiges. Et grâce à elles, ils purent suivre le sentier rendu méconnaissable par la dernière averse de neige.

Grelottant sous ses cuirs et ses lainages noirs, ainsi que son épais manteau noir, Beleryn songeait encore au fait qu'ils aient dû quitter la chaleur de leur foyer depuis une vingtaine de jours, que les recherches du jour avaient débuté dès les premières lueurs du matin et que, malgré la tombée de la nuit, ils étaient encore dans cette forêt qui, par son charme inhospitalier, les Zones d'Ombre tout autour, vous bouillonnait le sang à l'intérieur de votre corps et hérissait tous les poils au-dessus.

Il s'imagina même que si ces arbres pouvaient parler, ils leur diraient qu'eux-mêmes n'aimeraient pas se retrouver dans cette forêt. Où lorsque le vacarme n'est pas des plus insupportables, le silence est des plus aberrants et glaçants. Où l'obscurité domine et s'étend considérablement.

Et dans un ultime effort de penser à autre chose, ce qui lui vint rapidement à l'esprit était le jour où son défunt père, un vulgaire commerçant de peaux de bête, le livra à l'âge de douze ans à un seigneur, son dernier fils parmi les trois qu'il avait, pour régler une dette. Mais ce souvenir n'a eut pour effet que de diriger également ses ressentiments vers son défunt père qu'il n'a plus jamais porté dans son cœur pour l'avoir abandonné ainsi, tel un objet ce jour-là.

Alors qu'ils avançaient, s'enfonçant de plus en plus dans les ténèbres, ce même silence aberrant et glaçant revint, mais laissant résonner à présent des grondements hostiles tout autour d'eux, révélant ainsi les présences hostiles qui sont dans les Zones d'Ombre, là où l'obscurité est la plus épaisse. Étant prisonnières de ces lieux, elles les épiaient sûrement mais ne pouvaient surgir sur eux. Si Beleryn affichait maintenant son air le plus terrifié, les traits du visage d'Eron révélaient lui une certaine vigilance. Sa main droite, libre, semblait imperceptiblement être prête à dégainer à tout moment son épée ; prête à trancher la tête de la moindre chose qui bondirait de ces ténèbres car certaines arrivent parfois à s'en échapper.