Mais pour s'évader que veux-tu, dis le poète, il te faut écrire. Pour t'extirper de ta prison quotidienne — la routine, la campagne, la salle de classe — il te faut écrire.
Écrire ta colère, qui te brûle, t'aveugle et se consume pour ne devenir que cendres du désespoir.
Écrire ton amour, immense, interdit, caché. Amour que tu voudrais crier sur les toits aux passants trop sourds, pour les tirer de leur indifférence.
Écrire ton spleen, qui t'englue et te colle au fond de ton lit, au fond d'une chaise devant un tableau blanc, et qui remue les vacarmes incessants qui serpentent ton esprit.Écris, va, parcours les routes, arrache-toi les cordes vocales à trop crier ton désespoir — les étoiles sècheront tes larmes de leur douceur nocturne. Pars, cours, cours loin d'ici, vers une terre nouvelle où tu redeviendra inconnue.
Ainsi tu pourras, libre, dormir sous la voute céleste en murmurant à la tombée du soir : “Qu'importe ! Ce que sera demain, n'y pensons pas, n'y pensons plus, et n'écoutons que les astres qui brillent et chassent les cauchemars qui peuplent nos nuits !”
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Alba (Recueil)
PoetryTextes poétiques entreposés dans un désordre des plus chaotiques "ho ascoltato i miei silenzi ho avuto brividi"