C'est la guerre
Pourtant
Les petits oiseaux.
— Yves GerbalNihal parcourt les couloirs illuminés par le soleil chaud. Ses talons tapent le bois de ses foulées gaies, se perdant dans l'immensité des bâtiments encore inconnus à ses yeux. Son regard reconnaît Armin et Sasha à quelques lattes d'elle. Les fossettes trouant ses joues, elle s'avance un peu plus vite parmi les bois morts.
« - Salut vous deux, vous faites quoi de beau ? »
Sa voix s'élève dans les airs silencieux, perturbant de son ton doux les seules tonalités du vent chaud. Armin affiche un air plus complexe, cherchant les mots qu'il trouve juste, hésitant à la manière d'aborder le fond de ses couleurs vives. Sasha elle, n'a que faire de la manière dont sortent ses nuances, elle balance à qui les rattrape l'immensité ardente de ses teintes flamboyantes.
« - On parlait d'Eren ! Moi je dis ; il faut lui rendre visite ! C'est pas sympa de le laisser tout seul dans sa cellule.
- Sasha, Nihal soupire doucement. Tu as entendu les supérieurs en parler, ils le gardent encore deux jours pour faire des contrôles de sécurité. Soyons patients, d'accord ? Tu risques de t'attirer des problèmes pour rien. »
Sasha lève les yeux au ciel. Elle n'en a qu'à faire de se faire choper par des supérieurs, ce ne serait ni la première, ni la dernière fois. Mais lorsque la main de Nihal tapote le haut de sa tête, elle se calme sagement. Durant leurs trois années sous Keith Shadis, nombreuses étaient les fois où Sasha n'écoutait que sa tête téméraire et les idées sans fond de Connie. Nihal, elle, venait à chaque fois à son secours. Que ce soit pour négocier ses tours de terrain, que ce soit pour prendre le blâme à sa place, que ce soit pour l'excuser. Ou même quand les choses devenaient trop difficiles, quand l'idée de tout abandonner s'aventurait le long de ses veines, elle accourait toujours à ses côtés. Peut-être parce qu'elle avait dix-sept ans lors de son enrôlement, peut-être parce qu'elle a vingt à présent. Mais Sasha avait fini par l'écouter, et ses bêtises ne lui valaient plus que quelques tours de terrains. Alors sa tête hoche dans le vide quelques minutes, puis elle court vers Connie, à l'autre bout du couloir.
Nihal jette un regard vers Armin. Les yeux vitreux, le bleu du ciel libre se ternit de nuages inquiets. La pluie manque de tomber, malgré le soleil chaud frappant contre les fenêtres. Silencieusement, l'adulte mène le cadet vers la bibliothèque. Immense et remplie d'encre, le papier jaune s'apeure des venues rares. Les deux nouveaux soldats se tracent un chemin parmi les écrits oubliés, s'aventurant vers les coins où le papier devient blanc. Des chaises raclent le sol. Pendant un temps, elle n'ose lever la voix. Les mots, ils l'entourent, mais ne sortent pas de ses lèvres. Elle cherche les bonnes couleurs à transmettre, mais aucune ne semble pouvoir sécher la pluie bleue dansant le long des orbites rêveuses du blond.
« - J'irai. »
Armin relève le cou d'un seul coup, manquant de se craquer les cervicales. Les sourcils froncés, il ne comprend plus l'adulte.
« - Pourquoi ? »
Elle lui offre un sourire doux, un qui ne lui troue pas les joues. Un qu'elle a pour habitude de lui donner lors des nuits de tempêtes. Quand les souvenirs brûlants l'assomment, quand Morphée lui joue des vilains tours. Quand il passe ses nuits avec pour seule vue la silhouette de sa famille tatouée sur les paupières. Lors de ces Lunes, elle se tient toujours à ses côtés. Elle lui offre ce sourire là, le serre dans ses bras nocturnes jusqu'à la prochaine visite du marchand de sable.
« - C'est mon ami, aussi, elle rit gentiment. Tu étais là lors du procès, ils ne te laisseront jamais entrer. Et Sasha ? Vraiment ? Je l'aime beaucoup, mais elle ne passera jamais la porte sans se faire attraper. »
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Le Journal [Livaï Ackerman]
FanfictionNihal n'est pas spéciale. Pourtant, pour lui ; son journal et le pinceau de ses mots peignent les seules étoiles de son ciel. (black oc!)