XXXVI

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Point de vue : Omniscient.
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La nuit tombée, Enid se dirige lentement vers la baie vitrée courbée de sa chambre.

Songeuse, elle contemple la pleine lune qui exerce une emprise irrésistible sur son corps engourdi.

Fascinée par sa beauté imposante, elle sent les hormones qui grondent en elle, provoquant une poussée désagréable de sensations. Pourtant, elle résiste avec force à l'étreinte de ces symptômes incertains qui menacent de la submerger.

Dans l'attente du retour de Wednesday, elle s'efforce de rester stoïque face à l'afflux de sensations indésirables qui l'assaillent, notamment ces pulsions hormonales qui la tourmentent autant que ses pensées inconvenantes qui la hantent.

Ses sens en éveil, elle ressent une étrange transformation se produire en elle. Ses poils se hérissent, ses ongles s'allongent tels des griffes et sa tête tourne sous l'effet d'une nouvelle vague hormonale. Abattue, elle se laisse tomber sur son lit, priant pour que cette douleur lancinante s'évanouisse.

Tantôt douce, tantôt douloureuse, la métamorphose hormonale qui agite toujours Enid est un processus instable et imprévisible. Incapable de se transmuter en loup-garou en raison de ses traumatismes, elle doit subir les affres de cette avenue hormonale tourmentée, souvent synonyme de souffrance insoutenable pendant de longues minutes, jusqu'à de longues heures interminables.

En vérité, elle s'oppose farouchement à ce changement. Elle ne souhaite nullement s'identifier à sa famille et percevoir la transformation en loup-garou comme un symbole de leur lignée. Elle refuse tout simplement de collaborer avec cette ascendance familiale et de réintégrer le clan qui l'avait si cruellement malmenée. Pour elle, la transmutation équivaut à un échec cuisant, une victoire tant attendue par sa mère depuis des années.

Enid préfère affronter la peine plutôt que de céder aux exigences de sa mère.

Alors qu'elle attend avec anxiété le retour de Wednesday, elle peine à se libérer du lit pour se diriger vers la porte de la chambre. Elle saisit la poignée froide avec agilité et l'ouvre. Elle pose un pied dehors, puis le deuxième suit, la faisant entrer dans le couloir où elle a vécu tant de moments précieux. Cependant, aujourd'hui, elle éprouve de l'inquiétude à l'idée de s'y aventurer. Elle ne veut pas justifier son absence à qui que ce soit. Tout ce qu'elle désire, c'est de se retrouver dans les bras de la gothique pour l'éternité. Cette perspective lui semble tout aussi merveilleuse.

À pas feutrés, Enid s'avance dans le couloir déserté, parcourant les méandres de sa mémoire torturée. Puis, elle bifurque brusquement pour se retrouver devant la cage d'escalier, là où la chute fatale a eu lieu. Les souvenirs affluent, précis et poignants, ramenant à la surface la douleur de cette journée funeste.

Lorsque le passé la hante, le présent peut sembler si fragile. Pourquoi revisiter ces souvenirs qui l'ont déjà tant blessée ? Et pourtant, elle se lance, avec une bravoure mesurée, dans la descente des marches. La rampe froide se glisse sous sa main, rappelant les traumatismes qu'elle avait subis, et encore, elle persévère. Car elle sait que le chemin vers la guérison ne peut être que difficile et semé d'embûches.

Cette métaphore, bien qu'étrange et hyperbolique, est loin d'être extravagante aux yeux d'Enid. S'aventurer dans cette cage d'escalier peut être à nouveau synonyme de déclencheur d'une violente crise d'angoisse, mais elle ne cède pas à cette terreur cette fois-ci. Elle se souvient de son passage ici : chercher Wednesday, et ne pas céder aux souvenirs traumatiques. Ce n'est pas le but, même si c'est extrêmement récurrent.

Prudemment, elle quitte les dernières marches de l'escalier pour rejoindre le rez-de-chaussée. Elle jette des regards furtifs à droite et à gauche avant de se diriger vers l'extérieur. L'atmosphère glaciale de l'hiver s'empare de ses narines et la fraîcheur envahit tout son être. Même si elle appartient à la race des lycanthropes, elle n'est pas insensible au froid glacial de la saison.

L'imprévisibilité des sentiments (abandonnée.)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant