2 - L'échappée par la brèche

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  La porte s'ouvre et claque le mur. Je m'imagine le pire. La vibration du choc parcourt le sol jusqu'à mes pieds. Je distingue la silhouette d'une jeune femme. Pas le temps d'en apercevoir davantage.

Une créature invisible me saute au visage. Je plie le cou en avant, puis me retourne. Je la cogne contre le mur. Elle lâche. Mon nez n'est pas passé loin. La jeune femme rentre dans le couloir, son regard balaie la pièce et analyse la situation. Très vite, l'assaut des monstres perd en vigueur. Des grognements foncent à toute allure vers elle. L'inconnue plisse les yeux. Elle ne semble pas surprise par ces créatures, juste contrariée. Elle saisit le flacon de sel, près de l'évier, et en jette une poignée. Son geste est net, chirurgical. Le temps du lancé, une muraille de grains de sel se dresse devant elle.

Ça s'avère étonnamment efficace. Des cris stridents retentissent. De mon côté, j'affronte encore les quelques têtus qui m'agrippent. L'inconnue envoie une pincée dans ma direction. Cette fois, le sel retombe en cercle. Des cris de douleur fusent autour de moi. Abasourdi par les événements, je ne bouge plus. L'arrière de ma cuisse me brûle. Mes jambes sont pétrifiées. Tout va trop vite. La jeune femme m'agrippe le bras et m'entraîne en dehors de l'appartement. Des grognements s'élancent à notre poursuite. Nous franchissons la porte et l'inconnue la claque. Les créatures tambourinent derrière. Comme revenu d'un rêve, je renoue le fil de mes pensées et panique :

— Matt ! Il est toujours à l'intérieur !

Je me précipite pour ouvrir. En réaction, la jeune femme resserre sa main sur la mienne et me tire en arrière :

— Non ! Ils ne sont pas là pour lui, c'est pas ça qu'ils veulent.

L'air siffle dans mes poumons et m'empêche de parler. "Pas ça qu'ils veulent" ?  Peu convaincu, je suis obligé de la croire sur parole. Qui est cette femme ? Je détaille mon interlocutrice, dans l'espoir d'y trouver un indice. Une curieuse artillerie recouvre l'inconnue de la tête aux pieds. De fines chaînes dorées entrelacent ses longs cheveux roux. Une mèche retombe sur un visage aux traits solides, appuyé d'un regard perçant. Des colliers de pierres précieuses protègent son cou. Plus bas, deux ceintures en cuir serrent son buste jusqu'à sa taille. Elles soutiennent toutes sortes de fioles, de plantes et autres curiosités. Des bagues robustes ornent ses poings. Enfin, un gros sac tangue avec négligence sur ses épaules. La jeune femme entrecroise fée des forêts et sorcière moderne, toutes deux parties en guerre. Tout cela ne m'aide pas à comprendre d'où elle sort !

La porte résiste aux attaques et les grognements s'atténuent. La jeune femme libère ma main. Sa voix sautille avec un ton enjoué :

— Madeline, enchantée !

Elle s'élance vers la sortie du hall d'immeuble sans attendre une réponse. J'en conviens, nous trouverons un meilleur moment pour les présentations. Suis-je censé la suivre ? En vérité, je n'ai pas d'autres options. Nous fonçons vers la double porte vitrée. Madeline a la main sur la poignée quand de nouveaux coups assènent les vitres et rompent notre élan. La jeune femme se pince les lèvres, agacée :

— D'autres bloquent la sortie !

Les idées se bousculent dans ma tête. Réfléchis ! Cette porte, c'est la sortie rue mais une autre issue donne sur le parking. On y accède un étage en dessous. Bien sûr, descendre l'escalier serait trop long. Nous manquons de temps. Il reste une dernière solution. En panique, je la résume en un mot :

— L'ascenseur !

Nous nous précipitons vers la cabine. Au-dessus, une aiguille indique l'étage où se trouve l'ascenseur. C'est-à-dire, loin, tout en haut. Je presse le bouton d'appel. Des coups martèlent la porte vitrée. Mon regard vacille entre l'assaut des monstres et l'aiguille. L'ascenseur serpente les étages, le verre de la porte se fissure. La cabine arpente un à un chaque palier, les fissures distordent la vitre. Madeline roule des yeux :

Le solstice secret  [Réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant