Chapitre 17 : Dimanche

864 25 3
                                    

Je me lève de mauvaise humeur et elle ne s'améliore pas quand je vois que l'infirmier d'hier soir, John, est de nouveau celui de cette matinée. Je sens dans son regard qu'il ne me dérangera pas ou ne me posera pas de questions, il a vu que j'étais à la limite de l'étriper. 

Quand j'arrive dans la même cour intérieur que la veille, Léa et ses amis me font signe et je me dirige vers eux. Ce sont les seules personnes que je connais. Ils me disent bonjour avec un grand sourire et je leur réponds. Je n'ai pas envie de parler beaucoup aujourd'hui. Je suis dans un type de jour où j'ai envie de me morfondre dans mon coin et ils le comprennent rapidement.

Notre petit groupe est le seul à discuter quand les autres vont sur les structures. Flora et moi ne prenons pas réellement part à ce qu'ils disent. Elle est trop dans son monde et je suis peut-être un peu trop dans le mien. J'écoute Léa attentivement quand mon regard se reporte vers Flora. Elle a l'air attiré vers les structures de jeu. D'après ce que je comprends, les quatre personnes autour de moi n'y vont jamais. Le regard de Luka rencontre le mien : nous avons compris tous les deux la même chose. Flora ne restera plus très longtemps dans notre groupe. 

Nous continuons notre matinée avec des parties de balles aux prisonniers. J'essaye de paraître enjouée mais je ne le suis pas. Je me met très vite sur le côté pour regarder mes camarades ainsi que mon nouveau groupe d'amis jouer. Flora passe son temps en prison mais Léa, Elisa et Luka s'en sortent bien. Pourquoi fait-il semblant de se plaire ici ? Je ne sais pas ce qu'il s'est réellement passé durant cette soirée mais il a été injustement enfermé dans cet endroit comme moi. Je ne vais pas le questionner pour l'instant. Il me parlera de lui-même en temps voulu. 

La journée passe lentement. Nous arrivons au déjeuner et l'infirmière chargé de me changer à également découvert une couche propre en plein milieu de la matinée. Elle m'adresse quelques reproches que je prends mal. 

- J'urine quand j'en ressens le besoin. 

Je lui ai menti pour lui clouer le bec mais ça ne marche pas. Ma vessie me taraude depuis une heure et l'infirmière le comprend. Cinq minutes après, ma couche est sale et je dois désormais passer la sieste avec une couche qui refroidit. Elle me jette des coups d'œil satisfait auquel je réponds en serrant les dents de plus en plus fort. Elle se permet même un commentaire lorsque nous rentrons dans la salle de sieste. 

- Je suis sûre que tu passeras une excellente sieste. 

Je manque de vriller et de lui mettre une baffe mais je me retiens à la dernière minute en rencontrant le regard de Mark à la porte de la salle. Sa poche bombé indique qu'elle contient son magazine de sudokus. Je me retourne et m'allonge sans regarder l'infirmière. 

La lumière s'éteint et les heures qui suivent sont effectivement désagréables. La couche devient froide jusqu'à ce que je me lâche dedans une deuxième fois. Elle reste chaude quelques minutes avant de se refroidir à nouveau. Les deux heures passent aussi lentement que la matinée et la fin arrive avec un immense soulagement. 

Je me fais changer par un infirmier qui me félicite pour la grosseur de ma couche. Cela ne m'atteint pas mais toutes ces remarques se cumulent une à une. Le Dr Ross se dirige vers moi dès mon entrée dans la salle de jeu. 

- Tu as l'air tendue, Camille ? 

Je grommelle quelques paroles que je veux rassurante mais qui font tout le contraire. 

- Tu n'as pas oublié que tu pouvais toujours te rendre dans la chambre de repos si tu le demandes ? 

L'idée germe dans mon esprit mais s'évanouit aussitôt. Je ne veux pas qu'ils me changent d'unité. Le Dr Ross comprend mon hésitation. 

- Comme je te l'ai dit, on ne le prendra pas en compte. 

Je hoche la tête et me dirige vers Mark. Nous passons un très bon moment puis vient le moment fatidique que je déteste par dessus tout. Il redevient l'infirmier et moi la AN. Je rencontre le regard de Léa et de Flora avant de soupirer longuement. 

- Tout va bien ? 

Mark est debout et attend que je me lève. La salle se vide petit à petit et il ne reste bientôt que des AN que je n'ai jamais vu. Le Dr Ross s'approche de nous tout doucement. 

- Tu penses que je peux ... 

- Que tu peux quoi ? 

- Seule pour la fin de soirée. Tu sais dans la chambre. 

Je suis gênée mais il jette un regard au Dr Ross et hoche la tête. J'adore Mark, il ne me juge pas. Je me lève et nous partons en direction de la Chambre. Il m'attache dans le lit sans un mot et le Dr Ross revient m'injecter un sédatif quelques minutes après. Mon esprit se libère dès que je plonge dans le néant du sommeil. 

La punitionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant