Chapitre 12 : La salle de jeu

1.3K 29 3
                                    

Après la sieste, les infirmiers nous font parcourir plusieurs longs couloirs avant que nous n'arrivions dans une partie du bâtiment que je n'ai pas encore découverte : une salle de jeu géante. 

A l'intérieur de cette grande pièce carrée aux plafonds hauts, on y trouve des jeux pour tous les goûts. Le coin le plus éloigné des portes est dédié aux jeu pour les "tout-petits".  Ce sont des tapis où des cubes et d'autres jeux de premier éveil sont disposés. L'endroit est délimité par une barrière coloré et matelassé. Dans le coin situé à droite de cette aire, un énorme fort avec plusieurs étages et de toboggans ravis les "plus âgés". Près des portes, une dizaine de tables rondes parsèment une grande partie de l'espace restant. Des jeux de société sont à disposition dans des armoires ouvertes ainsi que du papier et des crayons. Enfin, dans le coin gauche, une télévision passe des dessins animés en boucle et des infirmiers distribuent le goûter.  

Je devrais être aussi ravie que mes camarades mais je pense juste au fait que je vais devoir passer trois heures dans cette pièce sans activités qui m'intéressent pour l'instant. Je me réfugie donc en haut du fort, au dernier étage dès notre arrivée dans la salle. Une centaine d'AN parlent, rigolent et jouent dans les différents pôles de la salle. Peu de personnes s'aventurent jusqu'à l'endroit que j'ai choisit et le peu qui viennent repartent rapidement en voyant mon regard.  La vue y est excellente et je peux voir le changement de comportement de mes camarades. Eux qui semblaient jusqu'à présent si naturel deviennent de véritables enfants. Les infirmiers discutent et rigolent un peu plus avec les AN de tout niveaux. Des médecins, dans la même tenue que le Dr Ross, sont également présents. Certains discutent avec des AN avant de tout noter sur leurs tablettes tandis que d'autres, plus sérieux notent les comportements des personnes solitaires ou éloignés d'eux comme moi. Une horloge est posé par dessus les deux doubles portes de la salle.

J'aperçois le Dr Ross dans la partie des tout-petits. Elle est assise à côté d'une fille de mon âge qui peine à jouer avec des cubes. Elle porte une couche d'une épaisseur que je jugerai d'inédite et porte tout sorte d'autres équipements comme celui qui déséquilibre son assisse. Elle a l'air terriblement et profondément enfoncé dans son headspace. Le Dr Ross laisse place à Paul qui se précipite vers elle. La médecin parcourt plusieurs fois la salle du regard avec que nous nous retrouvions yeux dans les yeux. Je suis grillé. Elle se dirige vers moi et attend en bas, face à une sortie. Je n'ai pas envie de descendre pour discuter. Je ne la vois pas vu sa position et la mienne et je peux rester assisse plusieurs minutes avant qu'elle ne recule pour voir où j'en suis. Son regard est interrogatif et je me décide à descendre.

- Tu n'es pas obligé de jouer dans cette salle, tu sais. Il y a des feuilles et des crayons.

- Je ne sais pas dessiner.

- Ce n'est pas grave, tu peux faire autre chose avec du papier.

Elle m'emmène vers une table de quatre sièges entièrement libre et dessine une grille de morpion dessus. Le docteur me la tend et nous enchaînons les parties. Trop simple car nous avons toutes les deux la technique pour gagner à coup sûr.

- Tu dois garder ta couche pendant les heures de sieste.

- Je n'avais pas envie de ...

Je ne termine pas ma phrase. Elle a compris ce que je voulais dire.

- Termine ta phrase. Dit ce que tu penses à voix haute.

- Vous m'avez comprise.

- Dis-le quand même.

Je soupire et dit sa satanée phrase entièrement.

- Ce n'est pas une raison pour la retirer.

- Je n'ai pas envie qu'on me voie avec ça sur le cul.

- Tout le monde en a ici ; l'équipe médicale vous voie tous les jours. Personne ne se moquera. De toute manière, la couche Dorée est de principe ici.

Peut-être mais je n'en veux pas.

- Tu arrêteras, Camille ?

- Non, c'est simple à retirer comme à mettre de toute manière.

- Ne me tente pas, Camille ....

- A faire quoi ?

- Te prescrire une surcouche plus évolué.

- Vous n'allez pas faire ça.

- Tu commences à me connaître tout doucement, Camille. Je le ferrai si cette mesure s'avère nécessaire.

Ses lèvres sont crispés ; elle n'en a pas envie mais je commence à la connaître maintenant. Elle le fera. Je vais éviter de la tenter. 

- Écris, dessine, tente de parler avec d'autres personnes. Repose ton cerveau, d'accord.

Elle s'éloigne vers d'autres personnes tandis que je reste assise seule autour de cette table. Les minutes passent et les feuilles vierges restent posés face à moi quand une voix interrompt mes pensées.

- Sudokus ? Ils ont une force qui s'avère trop compliqué pour mon esprit unique.

Je me retourne et voit Mark, l'infirmier taciturne face à moi. Il s'assoit et ouvre à la première page, gribouillé. L'idée s'avère intéressante. Je prends une feuille blanche et entreprend de recopier la grille avec l'aide de Mark avant que nous l'attaquions. Nous enchaînons les grilles quand il regarde sa montre et referme le magazine avec les feuilles blanches coincés dedans.

- On doit y aller.


La punitionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant