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- Oh mon Dieu Suzanne que s'est-il passé ? Ton visage ?

Je n'attendais pas qu'elle me propose d'entrer pour me réfugier dans la chambre, l'air choquée de Mary me tapait quelques peu sur le système.

- Une des réunions à mal tourné, c'est tout. Puis-je crécher ici quelques jours ?

- Et l'appartement d'Anthony ?

- Je n'ai pas été travaillé depuis 4 jours, je n'ai plus de travail, dis-je en m'installant sur le lit.

Je tapotais mon visage, il avait dégonflé contrairement aux jours précédent. Il gardait quelques couleurs violacées et ma lèvre était toujours en train de cicatriser.

- Et tu n'as pas envie de croiser Anthony à l'appartement, classique.

Je hochais la tête.

- Où étais-tu ?

- Chez un ami, il m'a aidé, voilà tout.

- Reste ici autant de temps que tu le souhaites Suzie. Je dois aller travailler, je ne serai rentrée que ce soir, ça va aller ?

Je hochais la tête, elle déposa un baiser sur mon front avant de quitter la chambre. Je m'allongeais, épuisée moralement par les quatre derniers jours. J'aurai aimé que le temps s'arrête, que je puisse prendre une pause avant de reprendre le cours de la vie. Une pause d'environ un million d'année. A chaque fois que je fermais les yeux, je revoyais sans cesse les soldats me cribler de coups, en fin de compte, je m'en étais bien sortie, ils auraient pu vouloir bien plus que de me donner une simple correction.

Je passais mes journées au lit, incapable de sortir ; je n'en avais ni l'envie, ni le courage. Même faire la conversation avec Marie me demandait un effort bien trop grand, qui plus est, elle travaillait beaucoup ; les seules fois où je la voyais, c'était lorsqu'elle rentrait du travail, tard. Je pouvais alors faire semblant de dormir alors que je restais éveillée du matin à très tard dans la nuit, à chaque fois que je sombrais dans le monde de Morphée, celui-ci me rappelait sans cesse ce qu'il s'était passé dans la salle de réunion. Au fil des jours, mon visage tuméfié avait fini par dégonfler, il ne me restait que les bleus et ma lèvre en train de cicatriser.

- Elle est là,

A qui Marie parlait-elle ? Ma curiosité ne me poussa même pas à me retourner vers la porte, préférant rester allongée, face au mur.

- Suzie ?

La voix d'Anthony résonnait dans la chambre. Elle l'avait ramené, je ne pouvais pas le croire. J'entendais ses pas s'approcher du lit, avant qu'il ne finisse par s'y asseoir. Je n'osais pas le regarder, toujours tournée vers le mur en mauvais état, tout comme tout ce qui se trouvait dans chambre, excepté Anthony.

- Votre amie m'a tout raconté, je suis désolé. Les hommes qui vous ont fait ça ont été retrouvés, ils seront traduit en justice dès demain pour fait de violence volontaire.

Cela ne me rassurait pas même un peu qu'ils passent quelques semaines derrière les barreaux. Les hommes finissaient toujours par s'en sortir.

- Vous n'êtes pas seule, vous ne pouvez pas l'oublier. C'est vous qui me l'avez appris S.

Je finis par me redresser, m'installant sur le dos, collée contre le mur. Je ne regardais toujours par Anthony mais au moins, il pouvait voir l'étendue des dégâts sur mon visage.

- J'étais seule lorsqu'ils m'ont roué de coups. J'étais seule, lorsque je les ai supplié d'arrêter. Et j'étais seule, lorsque j'étais incapable de me défendre Anthony.

Les larmes roulaient silencieusement sur mes joues sans que je ne sache les arrêter.

- Et vous n'êtes pas obligée de l'être à présent, je suis là.

- C'est entièrement faux Anthony, vous n'êtes là qu'un temps, dès que vous aurez finit de vous complaire dans votre deuil en ma compagnie, je ferai partie du passé. C'est inévitable.

- Cessez de croire que vous n'êtes qu'un passe-temps,

- Nous ne pourrons jamais avoir d'avenir ensemble, je ne souhaite pas être considérée comme une coureuse de diamant toute ma vie, je m'y refuse.

- M'aimez-vous, Suzanne ?

Sa voix sentait le désespoir, j'étais en train de le briser ; sans pouvoir agir pour arrêter ce qui allait s'ensuivre.

- Pourquoi ne m'avez-vous toujours pas demandé en mariage ? Si j'avais été n'importe quelle autre fille de la Haute société, vous n'auriez pas hésité, pour mon honneur ou par amour. Cela fait des mois que nous nous fréquentons bien que la morale nous l'interdise et vous n'avez jamais été jusqu'au bout des choses, pourquoi ? Ai-je moins de valeur qu'une femme comme Cressida Cooper ? Je ne suis digne de votre amour que lorsqu'il est secret ? Je ne suis pas Sienna, Anthony, je n'attendrai pas d'avoir le coeur brisé.

Mes quelques phrases le surprirent, il me considérait moins bien sous prétexte que je ne faisais pas partie de leur monde ; comme ces policiers qui m'avaient frappé, ils n'auraient jamais levé la main sur une Lady mais sur moi, ça ne posait pas de problème. La différence de traitement entre les plus aisés et les plus riches m'accablait, je ne pouvais plus la subir, que ce soit en société ou dans l'intimité.

- Je vous prierai de bien vouloir quitter ma chambre, immédiatement.

Bridgerton - Suzanne & AnthonyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant