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Les semaines qui passèrent, je séjournai chez William, ne préférant pas affronter le monde extérieur ; le médecin m'avait prescrit du repos et c'est du repos que je m'accordais. Mary me manquait ; terriblement, en ne me laissant pas mourir, elle m'avait envoyé un signe, il fallait que je vive, pour elle et au nom de toutes celles qui nous avaient déjà quitté. 

Alors que je lisais sur un des bancs des jardins, Samuel arriva à mon encontre, une lettre à la main, elle avait le sceau royal et on pouvait y voir mon nom inscrit dessus : qu'avais-je fait qui me valait une lettre de la cour ? 

- Voilà pour toi une lettre qui nous ait parvenu par coursier, il t'attend devant la maison.

J'ouvris alors la lettre en fronçant les sourcils, ne comprenant pas le pourquoi du comment.

"Vous êtes conviés à un thé avec la Reine, 

Maintenant.

Votre aimable reine."

- Que dit la lettre ?

- La reine m'invite pour un thé, maintenant, dois-je me changer ? 

- Est-il explicitement inscrit "maintenant" ? 

Je hochais la tête, 

- Alors il est inutile de perdre votre temps, recoiffez-vous convenablement en voiture, dit l'homme en me tendant sa main que j'attrapais. 

Mes cicatrices étaient encore voyante, je devais porter des manches longues pour ne pas qu'elles se voient et voilà que je n'en portais pas aujourd'hui : qu'allait penser la reine ? Je ne préférai ne pas y penser, rejoignant le coursier royal à l'extérieur. 

- Bien le bonjour Suzanne Meyers, dit l'homme en m'ouvrant la porte de la calèche. 

Je le saluai en retour avant de monter à l'intérieur, je ne savais pas ce que la reine me voulait et ça, c'était assez stressant. Pourtant, je n'avais rien fais qui valait une convocation chez la reine, nous ne nous connaissions pas ; peut-être avait-elle la chronique de la vipère et souhait-elle me voir en personne pour mieux se moquer de moi ? 

J'essayais de chasser toutes les mauvaises pensées de mon esprit ; on arrivait bientôt à destination, j'essuyais mes mains moites sur ma robe avant de descendre, prenant la main du cochet ; il s'attarda quelques secondes sur mes cicatrices, j'essayais de faire comme s'il n'y avait rien ; très vite, c'est un autre garde qui me prit en charge, direction le salon pour invité de la reine.

Elle était tout en beauté, avec des cheveux majestueusement coiffés en hauteur ; en entrant je fis une révérence et une nouvelle lorsque j'arrivais à sa hauteur, elle m'invita à m'asseoir avant de congédier tous les serviteurs de la pièce. 

- Détendez-vous ma chère, je ne vais pas vous mettre au cachot, 

- Je.. D'accord ma reine, 

- Et cessez avec cet excès de politesse, je ne le supporte plus, 

- Dans ce cas, je vous appellerai par votre prénom, Charlotte, si cela vous convient, 

- Cela fait une éternité que personne ne m'a nommé de la sorte, 

- Est-ce bien là votre prénom pourtant, 

- C'est exact, c'est plaisant, de l'entendre, de temps à autre.

Elle attrapa sa tasse de thé qu'elle porta à ses lèvres, j'en fis de même.

- Je vous ai fais venir pour savoir comment vous alliez, j'ai appris tout ce qu'il s'était passé.

Comment avait-elle su ? Une multitude de questions s bousculèrent dans ma tête. 

- Je vais mieux, pour être honnête, moins je me montre en société et mieux je porte, dirait-on. 

- Etait-ce vrai, les écrits de la chroniqueuse ? 

- J'ai commencé à apprécier Anthony avant d'accepter l'argent, il ne devait servir qu'en cas d'urgence et..

- A-t-il servis en cas d'urgence ? 

- Oui, même si cela n'a servit à rien, pour être honnête. Même avec tout l'argent au monde, on ne peut pas sauver une vie. 

- Il est vrai, puis-je vous poser une énième question ? 

- Je vous écoute, 

- Si cela avait été à refaire, auriez-vous agis différemment ? 

- Je crains que non, Mary est morte en sachant que tous les moyens dont je suis capable on était usés, je n'aurai pas pu faire plus pour la sauver.

- Je ne parle pas de Mary mais ici d'Anthony Suzanne, je connaissais très bien sa défunte femme ainsi que sa soeur, Edwina, elle m'a été d'une grande aide. 

- J'aurai fais entendre ma voix, je ne me serai jamais laissé écraser par sa famille, ni par lui, c'est ça, que j'aurai fais différemment.

- Vous auriez fait entendre votre voix comme dans les meetings que vous organisiez  autrefois ? 

Je restais sans voix, n'étant pas certaine qu'elle souhaitait que je réponde.

- Je ne peux vous blâmer pour vouloir plus de droit, la chambre des Lords est un monde d'hommes, d'hommes puissants. Vous êtes une érudite, Suzanne, bien plus que la plupart des femmes de l'aristocratie. 

- Je vous remercie pour le compliment Charlotte, il me va droit au coeur.

- Un bal sera organisé ce soir, serez vous prête à y participer ? Compte tenu de votre état, vous pouvez refuser, je ne vous en tiendrai pas rigueur mais sachez une chose : n'ayez pas honte de vous Suzanne, jamais.  

- Puis-je vous poser une question ? 

- Je vous écoute, 

- Pourquoi moi ? Pourquoi m'avoir fait venir ? 

- Vous êtes une femme du monde de demain, vous avez besoin qu'on vous le rappelle et en tant que reine, je suis là pour ça. Vous êtes l'avenir et votre franc parler, votre histoire, vous, ne devriez jamais oublié que pour certaine, comme Heloise Bridgerton et tant d'autre vous êtes un modèle, vous survivez là où tout le monde aimerait vous voir échouer, c'est la raison pour laquelle vous êtes ici et pour laquelle je souhaite vous avoir à mes côtés ce soir.


Bridgerton - Suzanne & AnthonyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant