cinq -

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je décore mes livres de rouge.
je les éventre,
les profane
les balafre et les écorche,
je les fais saigner à grosses gouttes quand, armée de mon stylo rouge je les découpe en rondelles, les ajourne, les donne à voir au monde entier.

les mots recollent mes membres et recousent mes plaies béantes. ils se posent sur ma peau et s’y accrochent, je les colle méticuleusement de partout où je passe et je les aime, les embrasse, les adore, je les encadre et les expose entre mes muscles, ma chair, mes os.
j’écrirai des lettres à la mort avec mon sang et peut-être à l’amour aussi, qui sait, mais ce que je sais c’est que les mots sont ce matériau capable de tout, qui repousse toutes les hérésies.
 

un duras à la main j’ai bâti brique par brique les fondations de mon corps tout entier. il y a un fragment d’elle, de son alcool et de sa passion de partout où je me regarde, étalés sur ma peau ses mots ont sauvé de la chute quelques fragments de mon corps.

maïaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant