maïa

dix-huit -

je veux exister dans l'immense et le minuscule.

je suis la chute
je suis un talisman
je suis des perles de rocaille bleues, oranges et jaunes autour de mon bras gauche
je suis le fil rouge
je suis les photographies de maman
je suis les feu de détresse et les sirènes
je suis le rouge et le bleu dans le fond des yeux
je suis ma mort
je suis mon sang
je suis le vase en céramique sur la table de la cuisine
je suis tous les vingt quatre févriers du monde
je suis le tgv un vingt trois juin

je suis le pays des merveilles je suis le paradis je suis les bouteilles vides je suis le verre pilé je suis la flaque de kérosène je suis - qui sait - l'épitaphe de quelqu'un je suis le feu de joie le brasier immense qui se consumme dans la nuit je suis le hûrlement depuis la falaise je suis juin je suis les pilules au fond du verre vide je suis les cendres je suis brouillon je suis la pluie je suis le stylo rouge je suis duras un soir de mai je suis le violet le violet rouge et le violet bleu le violet flamboyant de quand on ne veut plus mourir mais je suis aussi une balle dans le crâne je suis une overdose je suis le suicidé le tombé dans le vide l'écrasé au sol je suis le vidé de son sang le noyé le pendu je suis ma mort et son souvenir je suis un nom gravé dans la pierre je suis un pacte et une promesse je suis la nuit les paupières closes je suis le rêve je suis le couteau dans le ventre je suis l'été je suis le grenier en travaux je suis le soleil depuis le velux je suis le bruit sourd et silencieux de la vie qui chiale dans le fond de mon corps parce que je suis le serment que tout sera - un jour ou l'autre - peut être supportable.