I - Nuages fuligineux

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Il semblait que ce fût l'exubérante odeur de cigarette qui l'amena à froncer son nez. La silhouette de cet homme mince et plutôt court se frayait un chemin à travers la foule. Leurs montres -à l'unisson- ne les dictaient plus, mais étaient contraintes aux lois du sifflet lointain. S'il retentissait, qu'il fût six heures quinze ou huit heures quarante-cinq, il sonnait sept heures dix ; l'heure à laquelle le chef de quai ordonnait le départ du train.

《 EN VOITURE ! hurla le siffleur. 》

Enjambant l'interstice -où il tomba presque- notre voyageur pressé s'engouffra dans un couloir. Le passage était étroit. Face à lui, une file interminable paraissait immobile. Certains hommes -çà et là- se levèrent de leur siège afin d'entreposer des malles au-dessus de leurs proches. Parfois, un soudain flot d'affabulations trop personnelles le heurtaient, cela le dérangea. Fort heureusement, la personne face à lui avança, et il fit de même.

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Chapitre : I - Nuages fuligineux
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L'air frais passant par une vitre légèrement entrouverte vint lacer ses cheveux blonds. Jetant un coup d'œil sur la gauche, il s'installa sans même vérifier sa place. Du côté couloir, il serait prêt à agir si besoin, tout en gardant un œil sur le reste de la pièce.

《 Tu en as mis du temps, grand frère ! 》

Son voisin avait une jeune voix étouffée dans un écho métallique, vraisemblablement car il portait une armure imposante. Son heaume avait un air ferme mais assez infantile. Du haut de sa grande taille, l'inconnu était penché -les coudes sur ses genoux- et déversait son regard sur les passagers. Sa carrure contrastait énormément avec celle de l'homme en face d'eux ; il était fortement à l'étroit dans le petit engin à vapeur.

Face à lui, un bruissement de feuilles retentit. Sur la Une de ce journal, les dernières affaires judiciaires tout juste entamées trônaient. L'homme le lisant était bien habillé, un haut de forme reposant sur son crâne, des gants enveloppant ses mains.

《Décidément, le Lipstein a l'air dangereux.

- Eh bien, commença le blond en s'appuyant sur sa main et le coude sur l'accoudoir, si ce n'était pas le cas on n'y serait pas envoyés.

- Oui, c'est vrai ...》

À l'instar de son frère, le chevalier soutint sa tête. Regardant à l'extérieur, son esprit se perdit parmi les passants agités de la gare. Au loin, des hommes en uniforme exécutaient des gestes pressés, annonciateurs du départ imminent.

TAK

Cette fois-ci ce fut la vitre rejoignant le cadrant supérieur de la fenêtre qui le dérangea. Le quadragénaire venait de plier les feuilles posées sur ses genoux, et sortait un paquet de cigarettes de l'intérieur gauche de son manteau. En ouvrant le paquet, il y extirpa un briquet ainsi qu'un cylindre qu'il alluma presque aussitôt. Et ainsi il reprit sa lecture, de la fumée émanant depuis sa bouche légèrement entrouverte.

Z=82Où les histoires vivent. Découvrez maintenant