Ma Lumière Dans La Pénombre

Chapitre 3 - ELLE

"Eh Emi, tu sors bientôt à ce que l'on raconte ? Tu vas aller te venger de ces petits enfoirés j'espère?"

Un petit rire nerveux sort d'entre mes lèvres tandis que mon regard se pose sur ma meilleure amie. Cela fait deux ans que je suis arrivée ici, elle, quatre. J'étais perdue, apeurée. Elle m'a directement prise sous son aile, elle m'a toujours défendu. Moi qui en arrivant ici, ne savait plus définir le mot "amitié", j'en étais de nouveau capable.

"J'ai peur Dayana. Tu penses vraiment que je suis prête à leur faire face ? A faire face à mon passé?"

Elle secoue la tête et ne me laisse même pas le temps de continuer ma phrase.

"Euh pardon, je parle bien à Emilia Johnson ? Depuis quand toi tu as peur des autres ?" me coupe t-elle. "Regarde toi, regarde la femme que tu es devenue, tu es bien plus forte que quand tu es arrivée et tu peux affronter n'importe qui ! Même le plus grand tueur en série aurait peur de toi !" 

Je rigole face à son exagération. C'est vrai que celle que je suis aujourd'hui n'a rien avoir avec celle que j'étais avant mais il ne faut pas abuser.

"Je veux que tu retournes dans le monde réel et que tu leur montres quelle belle et forte femme, tu es devenue."

Je souris à ce souvenir qui n'est pas si lointain. Dayana me manque. Cela fait maintenant deux semaines que je suis sortie et que je ne l'ai pas vu. J'espère que tout se passe bien pour elle, même si je ne me fais pas trop de soucis. Elle est la femme la plus forte et sûre d'elle que je connaisse, et j'ai hâte de la retrouver. 

"Mademoiselle Johnson ?"

Je me lève à l'entente de mon nom et regarde l'homme qui vient vers moi. Son regard semble désolé et avant même qu'il ne prononce les mots, je devine ce qu'il va me dire.

"Je suis désolé, votre candidature n'est pas retenue. Votre casier n'étant pas vierge, l'entreprise ne peut pas prendre le risque de vous embaucher, nous devons nous assurer que nos partenaires sont fiables." 

Il n'attend aucune réaction de ma part puis s'en va, me laissant seule dans la salle d'attente, complètement découragée. Je marche jusqu'à la sortie, prend une grand bouffée d'air frais et sans m'en rendre compte, je sens des larmes coulées le long de mes joues. 

Je ne m'attendais pas à ce que tout soit simple à ma sortie, mais tout de même. Depuis ma sortie, j'ai passé six entretiens et aucun n'a été concluants. La raison était toujours la même. J'essuie rapidement mes larmes de ma main droite, puis allume une cigarette. 

"Tiens, prends ça Emi" me dit mon amie, en me tendant cette chose qui m'avait toujours été déconseillée. "T'inquiète pas ça va t'aider à te détendre" 

Je soupire puis prends la cigarette. Je tire une taffe et me mets directement à tousser. Mon amie rigole et s'en allume une aussi. 

"Elles t'ont sacrément amochée dis donc !" s'étonne t-elle, en regardant mon visage. "Les petites putes, elles ont de la chance que je ne sois pas arrivée plus tôt !" 

"C'est pas bien grave, on a vu pire n'est-ce pas ? lui dis-je, avant de lui faire un clin d'œil. Elle me sourit en retour avant de mettre son bras gauche sur mes épaules. 

"Ah ça, tu l'as dis ma sœur !" 

Sans que je ne m'en rende compte, mes jambes m'ont mené au parc où nous allions Evan et moi étant plus jeunes. Sur chaque jeu où mon regard se pose, ce sont des souvenirs qui viennent me frapper de pleins fouets.

Depuis ma rencontre avec son grand-père, je n'ai eu aucune nouvelle de celui qui était mon meilleur ami. J'écrase ma cigarette, jette mon mégot à la poubelle et m'assois sur un banc, me remémorant tous ces bons moments passés ici, lorsque mon téléphone se met à sonner. Lorsque le nom de ma mère apparaît, je soupire et décide de ne pas répondre.