Chapitre 7e: Résolution

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Je suis là, parmi les recrues, impuissant, témoin du courage et de la compétence de Vengryn, Ulfridda et des autres Gardevoies de la Ligue. Les Rokkars surgissent par dizaines, chacun des guerriers en affronte seul deux à trois. Les cris de guerre retentissent dans toute la galerie, pendant que malgré moi, je me mets de façon à protéger les plus jeunes des recrues.

C'est alors que je perçois un cri lancé à travers le champ de bataille.

Explorateur: Ulfridda! Nous ne pourrons pas les retenir ici, il faut trouver un goulot d'étranglement!

Entre deux coups de hache, Ulfridda se retourne et répond en hurlant:

Ulfridda: Les bleus! Reculez jusqu'à l'entrée de Longalerie, près de Fornâz! C'est un ordre!

Tous s'exécutent sans poser de questions. Mais moi, je sais que tout ce foutoir est de ma faute. Mon sang bouillonne. Mon cœur palpite. Je ne peux pas simplement tourner les talons, alors que je suis le responsable de ce chaos. Ma place est ici, je le sais, je le sens. Je devrais les aider. D'un autre côté, je ne peux ignorer l'avertissement de Vengryn. Je risquerai de plus les gêner qu'autre chose en m'engageant ainsi dans la mêlée.

Ulfridda: FAIRBEARD! J'ai donné un ordre! Bougez-vous, on ne tiendra pas éternellement ici!

La voix tonitruante du Quartier-Maître me ramène à la réalité. Des vies sont en jeu, et ce n'est pas l'heure pour mes états d'âme. C'est lorsque tout le monde sera en sécurité que je devrai chercher la rédemption pour mon erreur.

Je rebrousse chemin, abandonnant les vaillants Gardevoies à leur tâche et fermant la marche des recrues. J'aide les plus faibles à passer les obstacles. Mais bientôt, des voix s'élèvent à l'avant de la demi-douzaine de jeunes nains et naines qui se sont arrêtés.

Je me faufile parmi mes camarades jusqu'à trouver Mardun en pleine dispute avec une femme d'un certain âge aux cheveux sombres et des mèches blanches. Son visage marqué de cicatrices trahit une certaine expérience. Sa posture est ferme et son armure complète lui donnent un aspect imposant. Au fur et à mesure que je m'approche d'eux, leur dispute m'apparaît de plus en plus clairement, jusqu'à ce que je perçoive la raison de cette halte.

Les deux sont en désaccord sur la route à suivre pour regagner la cité.

Mardun: Ce n'est pas parce que tu es un peu plus âgée que tu peux te permettre de jouer les chefs! Nous sommes tous égaux ici, et c'est moi le Guide dans l'histoire!

???: En formation pour devenir Guide, et il y a une raison si ça fait aussi longtemps que tu apprends les ficelles du métier, c'est parce que tu es un incapable Mardun.

Mardun: Je ne te permets pas, vieille peau! Le temps n'est pas aux enfantillages! On doit retourner à la cité le plus vite possible pour appeler de l'aide!

???: Et je te dis que le chemin le plus rapide est celui de droite.

Mardun: Nous sommes arrivés par la gauche!

???: Car c'est le chemin le plus praticable, pas le plus rapide. Écoute, tu n'es pas ton Père. Tu commences seulement à comprendre ce qu'est réellement un Pionnier. Être Explorateur, c'est pas quelque chose qu'on a dans le sang. C'est quelque chose qui s'apprend, qui demande de l'investissement, et de l'initiative. J'ai déjà emprunté le chemin de droite. Je te dis qu'il est plus rapide.

Alors que j'arrive au niveau de leur altercation, une autre naine me passe devant et sépare les deux locuteurs qui semblent prêts à en arriver aux mains. Cette troisième semble plus frêle, plus jeune, le teint pâle mais son pas est empreint d'une détermination de fer. Les cheveux bruns ténébreux un peu en friche et ses tâches de rousseur soulignent son regard intense et abyssal. Comme pour cacher son âge et se donner une prestance un peu plus massive, elle porte une armure de peau d'Orox pourvue d'un large col à fourrure, noyant les formes véritables de son corps. Des boucles d'oreilles argentées reflètent également la lumière de nos lanternes, indiquant une ascendance bourgeoise. Sur un ton plus calme, presque chuchotté, mais vindicatif, elle brise elle-même le silence qu'elle a forcé.

Chroniques de Nyrheim: Belingor FairbeardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant