Chapitre 10e: Espoirs et vérités

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Dans un silence terrifiant, Thorgrim Dorgrundr, le Maîtrevoie, chef de la Ligue des Explorateurs, tend sa lame d'une qualité exceptionnelle face à la créature, maintenue en place par Ulfridda et Fjorna. Le monstre transpire la peur, cherche à se débattre, soumis à l'aura écrasante de son bourreau. Les secondes paraissent des minutes, alors qu'il me semble lire dans le regard de braise de mon héros une once de cruauté et de sadisme. La détresse de sa proie dessine malgré lui un sourire en coin mesquin, alors que je tremble à l'idée que comme mes compagnons avant, je crois voir non pas les idéaux et la gloire de la reconnaissance de nos Fondateurs motiver ses actions, mais plutôt la colère, la frustration, et la méchanceté.

Le fracas de la décapitation brutale de l'animal me ramène à la réalité. La chute au sol de sa tête qui roule est accompagnée par les bruits de déglutition qui subsistent quelques instants alors que son corps tombe lourdement au sol, tressaillant encore plusieurs secondes avant de finalement s'immobiliser. C'est alors qu'Ulfridda commence à entonner le chant de gloire de la Ligue, bientôt suivie par tous les Explorateurs présents.

Thorgrim essuie sa lame dans un tissu blanc, avant de la rengainer, puis dévisage Ulfridda.

Thorgrim: Qu'est ce que c'est que ce foutoir, Frida?

Ulfridda: Je... Une petite erreur d'encadrement. Nous savions qu'il y avait une meute de Rokkars qui rôdait dans le secteur. J'ai pensé que ça ferait un bon entrainement pour les recrues. Mais Belingor Fairbeard ici présent a involontairement dévoilé notre position. Résultat, les Rokkars nous ont trouvé avant que nous débusquions leur terrier. Je ne pensais pas qu'ils seraient aussi nombreux...

Thorgrim: Fairbeard? Le fils de Beloria? Où est-il?

Prêt à assumer les conséquences de mes erreurs, je m'avance, tête baissée.

Belingor: C'est moi. J'ai affronté un Rokkar isolé. Je ne connaissais pas leur comportement et n'imaginais pas que j'allais être suivi.

Thorgrim: Hum. Tu seras de corvée vaisselle pour les deux semaines à venir. Et je veux que tu passes au moins deux heures par jour auprès du Guide Narnis pour en apprendre plus au sujet de la faune locale des alentours de la cité.

Vengryn: Si je puis me permettre, Maîtrevoie, Belingor est un cousin à moi. Je peux m'occuper de sa formation personnellement, si vous le souhaitez. Ironwill a déjà beaucoup à faire avec la préparation de l'expédition.

Thorgrim: Toujours la langue trop pendue, Stoutbeard, c'est plus fort que toi. Ce projet ne doit être cité qu'en présence du conseil d'état-major. Mais la remarque est pertinente, et s'il est de ta famille, il sera sans doute plus réceptif à ton enseignement à toi. Souhaites-tu bien devenir Gardevoie, Belingor?

Belingor: Absolument.

Thorgrim: Ainsi soit-il, Vengryn, assure-toi que Belingor soit plus au fait de ce qui attend les Explorateurs hors des murs. Mais comment as-tu su où était stationné le groupe de recrues, Belingor?

Belingor: Un certain Balimdur m'a accueilli au Bastion en ville. Il faisait des inventaires. Il m'a donné votre position et m'a envoyé seul vous rencontrer, jugeant que c'était là une bonne façon de me mettre à l'épreuve.

Un rapide échange de regard entre Thorgrim et Ulfridda, après lequel elle répond comme pour se justifier.

Ulfridda: Dès que nous sommes de retour en ville j'en parle avec Balimdur. Mais tu sais qu'on ne peut pas se débarrasser de lui. Le doyen n'est peut être pas doué pour la diplomatie et le communautaire, mais c'est lui qui a tout appris à Narnis.

Chroniques de Nyrheim: Belingor FairbeardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant