Les pensées morbides d'une innocente princesse

3 0 0
                                    

Vide, depuis ma naissance, je suis une coquille vide. Je suis incomplète, incapable de ressentir ce que les autres ressentent. De nature solitaire, je souhaite cependant plus que tout au monde comprendre mes amis. Je ne ressentais rien pour eux, mais ils ont donné beaucoup pour moi et j'en ai toujours eu parfaitement conscience. Quand à cette fille, je pense qu'elle me comprenais plus que les autres. Elle en avais quelque chose à foutre de mon merdier. Mais que voulez vous ? Les gens ne sont PAS éternels, c'est la vie. Et je suis incapable de trouver la mort triste. Donc cette fille qui n'a parlé qu'à l'âge de 11 ans et qui est incapable de ressentir quelque chose, quelle est la solution pour trouver la paix intérieure ?

TW : dépression sévère, emetophobie

Je savais que j'allais mourir un jour ou l'autre. Nous le savons tous normalement. Mes amis n'avaient pas l'air de le savoir visiblement. Et ces rêves qu'ils font, ils ont perdu la tête. Je n'ai pas l'habitude de me plaindre d'un rêve de la sorte. Habituellement je ne me plains pas. En fait je ne me plains jamais. Il faut même dire que je ne parle presque jamais.

Depuis toujours, ma vie est un rêve qui ne s'arrête pas. Je dirais que quelque chose me pèse constamment. Mais quoi ? Cette chose me poussera toujours vers le bas, quoi que je fasse. Et cela fait quatorze ans que je suis vide et que je ne me suis pas réveillée. Je ne ressent plus rien. Je sais que mes amis m'aiment bien mais je reste avec eux sans ressentir quoi que ce soit à leur égard. J'essaye juste de vivre normalement, comme tout le monde, sans jugement. Mina est bien la seule qui accepte mon sort et qui me comprends pleinement. Elle est différente

Mon père vient me chercher tout les samedi soir à la pizzeria. Il est jovial et toujours très gentil avec moi. C'est un papa fantastique même si je ne ressent aucun sentiment pour lui. Je trouve néanmoins que cet homme s'occupe très bien de moi. Je ne manque de rien. 

Ma mère est morte peu après ma naissance, des complications je crois. Pendant mon enfance, je ne parlais pas. J'en avait la capacité, je savais m'exprimer quand je le voulais et même construire des phrases complètes. Mon père avait l'habitude deux fois par ans de faire une petite fête, l'une pour mon anniversaire, l'autre pour ma mère. Il ouvrait les album photos pour me montrer ma mère. Il n'arrêtais pas de dire que je lui ressemblais beaucoup et qu'elle n'était pas très bavarde non plus. Je le regarde, je lui tape l'épaule et je pars dans ma chambre à chaque fois. Mon papa est triste, je le sais. Il ne s'est jamais remis de la mort de maman. Mais il m'aime de tout son cœur et il prend soin de moi. Le jour des 11 ans du décès de ma mère, j'ai alors parlé pour la première fois. 

Aujourd'hui, je me lève de mon lit avec difficulté puis j'allume la radio. J'ouvre ma fenêtre pour allumer une cigarette et je regarde ma rue au passage. Il y a ce vieux qui passe toujours le matin devant chez moi pour me regarder en sous vêtements. D'habitude je ferme juste mon volet mais comme il s'avance et reste insistant près de ma porte d'entrée, je lui lance mon mégot au visage et le contenu de mon cendrier. Il a fui en me traitant de folle. L'hôpital qui se fous de la charité. Je me prépare, je me coiffe puis je prends mes affaires dans mon sac avant de partir. Mon père me dépose à la pizzeria ce matin et exceptionnellement je rentre à pieds ce soir. 

Une fois à la pizzeria, je remarque Michael devant la pizzeria seul. 

« T'en fais une tête mec, t'as pas chié ce matin ? 

- Non, c'est... 

- Pourquoi tu chiales, j'ai dit un truc qui fallait pas ? 

- Non c'est pas ta faute, c'est Ana et Jeremy. 

- Laisse moi deviner. T'es déçu parce que Jeremy a eu le courage de l'embrasser et pas toi. 

- Tu lis dans les gens comme dans un livre ouvert Charlotte, c'est impressionnant...

Five nights in Ana's minds - Season oneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant