∅1 | Le Monde De La Guerre

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J'ai entendu dire que certains, pour oublier des secrets lourds sur la conscience, écrivent ce qui les peinent sur une feuille et la brûlent ou la jettent. Certains même plus étranges attachent un cadenas sur un pont et jette la clé dans l'eau au dessous. Ici, la tradition veut qu'après avoir écrit son passé et ses mauvais souvenirs, on les jette dans le Vide, une faille au milieu de la grande mer qui, dit-on, relie tous les mondes parallèles entre eux.

c'est ce que je ferais surement de cette reliure inutile une fois finie.

Tant que j'y pense, je ne sais pas dans quel univers mon journal peut tomber. Peut-être être un monde archaïque qui les prendra pour des feuilles tombées du ciel. Ou une civilisation plus évoluée que la nôtre, pour laquelle tout ceci semblera décadent et dépassé. Ou un univers où tout est à l'opposé de ce que nous vivons. peut être que celui qui le trouvera étudie les univers parallèles, et que mon journal, ce tas de feuilles indésirable maintenant, pourra l'aider dans ses recherches, d'une façon ou d'une autre.

Je vais quand même détailler plus l'état des choses telle que je les connais. ça m'aidera à comprendre.

Notre monde est une gigantesque mer dont on ne peut sonder ni l'étendue, ni la profondeur. Au dessus flottent des îles, certaines petites et séparés, d'autres regroupées en un seul bloc.

Il y a cinq regroupements principaux :

Les îles du bas : composé de plusieurs petites îles et îlots, dont l'île du Crépuscule.

la Sphère : un bloc de plusieurs pays, plus forts les uns que les autres, dont les Aster avec qui ils se sont unis après la dernière guerre, forment la grande Astrée.

Les Suv' : vaste île froide de grande surface. C'est à lui seul un pays, composé de beaucoup de villages ou villes minoritaires indépendantes.

La contrée au delà des montagnes : Un tas d'îles bien mystérieuses car reliées à la Sphère par des chaines de montagnes. Leurs villes fortifiées sont protégés par les Oroboros, des serpents d'éléments primaires géants qui s'enroulent autour des murailles des villes, servant de rempart. Le peuple de cette contrée est bien particulier : tantôt pacifique, tantôt menaçant l'invasion par leur nombres, ils évitent surtout le contact avec les autres regroupements et vivent entre eux.

Enfin, le Territoire de la guerre : C'est un archipel où la guerre pour la conquête des terres a toujours été présente, alors que le reste est conditionné à la paix. On dit que c'est dans cet archipel qu'a été créé la boîte d'Arès.

Une légende raconte que chaque univers a reçu à sa création une boîte maudite contenant un mal. Certains ont dû recevoir celui de la soif du pouvoir ou de la paresse, d'autres celle de la famine ou de la maladie.

Mon monde a reçu celui des guerres et des querelles, dans cette petite boîte d'osier décorée d'arabesques dorées qui abrite les âmes torturées de combattants morts dans des temps anciens. Et quiconque a l'audace de l'ouvrir, répand le mal sur le monde entier pendant 100 ans.

Sauf pour le Territoire des guerres qui, lui, d'après ce que l'on raconte aussi, abritait des tribus qui se battaient entre elles avant l'avènement de la boîte.

Personne n'ose trop s'en intéresser, et encore moins s'en approcher.

Et comme notre monde risque toujours d'être en guerre, chaque pays, cité ou île a son protecteur. Ce sont eux qui, aux côtés d'une armée d'humains armés de dragons et de bêtes de guerres qui s'occupent de retenir les ennemis, combattent entre eux pour minimiser les morts.

A eux seuls, ces protecteurs peuvent vider la mer et noyer de son eau toutes les îles, briser de leurs cris la chaîne de montagnes de la contrée, dompter les Ouroboros d'une seule main et détruire un regroupement entier d'un seul mouvement de bras.

On les appelle les héros. Ils ressemblent aux humains mais sont plus grands, et vivent depuis toujours.

Personne ne connait leurs origines .

Presque tous les pays en ont un. Même les crépusculiens ont le Grand Cavalier Faris, mais les héros des petites îles n'égalent pas ceux de la Sphère, qui sont les plus puissants au monde.

Plusieurs sont morts dans la dernière guerre, et la Sphère est maintenant sous la protection de Belyy, le héros étoilé des Aster.

Une des cités de la contrée des montagnes, je ne sais plus laquelle, ont mū-Gen le héros de fer, mais il reste toujours en repos et en retrait, de peur d'entrer en conflit avec Belyy qui l'a déjà battu par le passé.

les pays de la terre des guerres n'en ont pas.

Les Suv' possédaient Karasny, mais on dit qu'il s'est retourné contre son peuple avant d'être vaincu par Belyy, ils sont maintenant sous sa protection.

Karasny lui étant un héros aussi n'est pas mort. Il a disparu de vue après sa défaite. On dit qu'il est enterré et scellé au fond de l'océan. Mais la légende de ceux qui veulent son retour, les "faux-fois", dit qu'il serait enchaîné à Dawallon, l'île perdue, et qu'il attend de reprendre ses forces pour revenir prendre sa revanche.

Ceux qui veulent le retour de Karasny le terrible? Oui. Ils sont nombreux ceux qui veulent rouvrir la boîte à tout prix.

J'habite l'ile des Palmiers. C'est de ce nom étrange que ceux de la Sphère l'appelle, bien qu'il y ait des palmiers partout dans le monde. Ses habitants l'appellent plutôt la terre du crépuscule. Moi j'aime l'appeler la planète solitaire

Planète solitaire? oui. car elle n'a presque jamais eue de problèmes avec personne. Elle n'a jamais prise part aux conflit des pays de la Sphère, et elle en subit rarement l'influence. Flottante sur une mer qui la sépare des pays de la Sphère, la terre du crépuscule semble calme, inaperçue, insouciante au milieu de toutes les nations de la Sphère qui essayent de se surpasser entre elles.

Ses habitants, les crépusculiens, sont aux à l'image de leur lieu d'origine. Tous indifférents et silencieux, ils se plaignent souvent de la chaleur et des mouches, de la pitance qui est la même tous les jours et de l'eau qui se fait chère pour irriguer. Ils s'ennuient tous des champs et de la vie normale, disent que l'île est trop en retard, rêvent de modernité.

Moi, je suis comme mon île, isolée du reste. Seule avec l'esprit flottant dans ma grotte flottante flottant sur l'île flottante. Ici tout flotte. Même ma grotte. Oui, car j'habite une petite grotte flottante sur une île flottante. C'est une immense cavité de granit gris argenté au milieu de laquelle se trouve une plantation de plantes comestibles desquelles je me nourris. Au fond, un rond circulaire est ciselé dans le mur, laissant passer la brise journalière ainsi que la lumière rose du ciel immuable.

De là, je contemple chaque jour ces gens attristés et blasés que la monotonie a tué, désespérés de leur pitoyable île et rêvant tous des côtes dorées et vivantes de la Sphère qui sont visibles à l'horizon.




















La boîte d'ArèsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant