Chapitre 8 : La rencontre

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Je me réveillai dans un canapé en cuir marron foncé, dans un léger gémissement de douleur, me rappelant mon choc dans cet ascenseur, puis ce rêve étrange ou peut-être était-ce une hallucination.

Soudain, un son puissant et grave s'éleva dans la pièce, m'arrachant à mes pensées.

J'ouvris les yeux et leva la tête vers l'origine de cette mélodie ensorcelante. C'est alors que je remarquai un immense orgue, et un homme de dos qui se tenait assis devant la baie vitrée jouant de ses touches avec une habileté impressionnante.

L'orgue majestueux occupait presque tout le mur, ses colonnes de tuyaux dorés s'élançant jusqu'au plafond. Le large clavier incurvé était posé devant, avec ses touches noires et blanches luisant faiblement dans la pénombre.

Les doigts de l'homme volaient sur le clavier avec virtuosité, ses pieds actionnant les pédales dans un ronflement sourd. Des notes tantôt célestes, tantôt inquiétantes jaillissaient, emplissant chaque recoin.

C'était à la fois magnifique et effrayant. La musique me paralysait, semblant faire vibrer mon âme même. La fumée âcre de son cigare ajoutait à l'étrangeté de la scène.

Je m'asseyais, hésitante, en gardant une main contre ma tête, et levai les yeux.

Il se retourna vers moi. Me fixa brièvement sans dire un mot et me sourit. Il avait une bouche affreuse, des dents pourris et acérés. Le nez évasé, des yeux brillants d'une haine insoutenable. Un double menton relevé, des rides marquées sur son front, des sourcils énormes, une taille petite mais sans être voutée.

Je n'ai jamais vu plus repoussant que cela, il portait un costume élégant de couleur violet foncé, sans accro ou plis, une cravate noire bien trop serrée, un pantalon remonté jusqu'à son énorme ventre, une ceinture bien trop courte qui lui comprimait la taille.

A ma droite, le long d'un mur, un panneau de contrôle géant et de multiples boutons et écrans avec des chiffres incompréhensibles. Il se leva, s'approcha alors de moi d'une démarche lente. Se passa une main dans ses cheveux afin de les plaquer en arrière.

Nous nous quittions plus des yeux.

Puis, il se mit debout face à moi, se pencha à mon niveau, expira une bouffée de son cigare nauséabond dans l'air et me dit enfin d'une voix murmurante et ogre :

– Te voilà enfin réveillée.

Il remit son cigare à sa bouche, se releva et cracha une large fumée noire en me fixant imperturbablement, avant de se diriger vers les panneaux de contrôle, appuya sur quelques boutons tour à tour en faisant entendre des bips et d'autres bruits bizarres.

Je restai sans réaction, ne sachant quoi faire.

Dois-je l'attaquer et profiter qu'il ne s'y attende pas ? Dois-je m'enfuir et improviser ensuite ?

Non, je décidai d'en savoir plus sur lui avant d'agir.

– Qui êtes-vous ? Lui dis-je après un moment de silence.

Il tourna juste sa tête d'un demi-tour en me fixant du coin de l'œil, une cicatrice mal vieillie est visible tout près de son oreille droite. Sa peau transpirait et était recouverte de poils rugueux mal rasés ...

– Qui je suis ? Allons, allons pourquoi tout de suite des questions ? Cela n'a pas d'importance pour le moment.

Il se tourna vers une petite table en marbre avec des dorures arrondies sur les coins, récupéra une de ces bouillies gélatineuses dans une assiette, s'avança vers moi et dit :

Les captifsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant