Miss Pratcher

Chapitre 1

Le vent froid faisait se presser les gens de la petite île de Cairnholm. Agglutinés les uns contre les autres, ils semblaient former une masse grouillante d'insectes. Je n'aimais pas cette vision que m'offrait le Pays de Galles que je voyais pour la première fois.

Je descendis les marches du bateau sur lequel j'avais embarqué la nuit dernière, peu rassurée. Un petit groupe d'enfants, accompagnés d'une femme brune, grande et habillée de bleu sombre, me rendit plus calme. Ils ne m'avaient donc pas oubliée.

« Mademoiselle Pratcher ! commença la femme, que je devinais être l'ombrune. C'est un plaisir de vous voir ici. Votre voyage s'est bien passé ? »

Avant de lui répondre, je détaillai les visages des enfants. Un garçon blond, aux yeux froid, me foudroyait du regard. Un autre ne semblait pas particulièrement s'occuper de ma présence, obnubilé par l'abeille qui lui tournait autour. Une jeune fille d'environ mon âge à la chevelure blonde me souriait. Deux petites filles de six ans étaient cachées dans les jupes d'une adolescente à l'air robuste à côté de laquelle une autre fille aux cheveux décoiffés du même âge que la blonde me lançait un regard timide. Un garçon au costume impeccablement repassé discutait avec deux autres, l'un brun aux yeux bleus, et l'autre grand et maigre. Ces personnes, je les avais toutes vues grâce aux photos que m'avait délivrés miss Peregrine. Mais l'un d'eux n'y figurait pas. J'en déduisais qu'il devait être l'invisible. Ses cheveux châtains lui tombaient sur le front, cachant ses yeux bruns. Je ne me risquais pas à regarder plus bas, en remarquant qu'il n'était pas habillé.

« Oui, oui. Je... merci. », répondis-je.

Remarquant mon air gêné et mes joues rougies, ainsi que mon regard en direction de la petite foule d'enfants, Peregrine déclara :

« Je suis sincèrement désolée pour Monsieur Nullings, je lui avais pourtant bien dit de s'habiller pour la nouvelle arrivante. Enfin... Allons-y ! »

Nous entamâmes le chemin vers l'orphelinat. L'ombrune ouvrit la boucle, et notre joyeuse petite bande y pénétra. La fille blonde vint alors me parler.

« Emma, se présenta-t-elle.

- Maureen. »

Elle tourna sur elle-même pour me présenter les autres.

« Là-bas, le garçon grincheux, c'est Enoch. La grande fille ici et le garçon à ses côtés, ce sont les Brutley, Victor et Bronwyn, et dans ses jupes, ce sont Claire et Olive. Celui avec son abeille, c'est Hugh, et à côté, tu as Fiona. Le blond au fond s'appelle Horace, et celui qui parle avec lui, Abraham, mais appelle-le Abe. Et puis, celui que tu ne vois pas, c'est Millard.

- D'accord. », acquiesçai-je en essayant de me remémorer tous les noms.

En voyant mon air concentré, Emma rajouta :

« Tu auras tout le temps d'apprendre nos noms. Bienvenue chez nous, Maureen. »