« Ça fait longtemps que toi et Emma vous disputez ? »
Enoch me lança un regard noir. Il démembrait d'un geste rapide les petites poupées d'argile de son bureau. Voir les petits tas de têtes et de bras qui se formaient sur son bureau me fit frissonner.
« Longtemps, c'est le cas de le dire. Depuis que je suis ici, en vérité.
— Pourquoi ? »
Dans un mouvement d'humeur, il jeta au sol toute la pile de figurines.
« Si je le savais, j'en aurais déjà informer miss Peregrine ! cria-t-il.
— Ne t'énerve pas sur moi, ce n'est tout de même pas de ma faute ! Si tu continues de t'énerver, je m'en vais !
— C'est ça, va retrouver les autres ! Je suis quasiment sûr qu'Emma se fera un plaisir de t'inclure dans sa bande ! Tu t'y trouveras bien, crois-moi. Même si tu essaies de te montrer aimable envers moi, au fond, tu ne vaux pas mieux qu'eux ! »
Ma claque partit sans même que je ne m'en rende compte. Enoch battit des paupières un instant, avant de masser sa joue endolorie. Il était plus surpris qu'en colère, comme le montrait son air ébahi.
« Excuse-moi, murmurai-je, tout aussi étonnée que lui de ma réaction. Je ne voulais absolument pas faire ça, je ne sais pas ce qu'il m'a pris... Je suis désolée.
— Mais bien sûr. Tu ne penses tout de même pas que je vais te croire? »
Voulant sans doute lui prouver qu'il avait tort, je m'approchai de lui, me mis sur la pointe des pieds et plaçai mes mains sur son cou.
« Maintenant, écoute-moi bien, lui glissai-je à l'oreille. Je ne suis pas comme eux, et je ne le serai jamais. Alors ne pense plus jamais de telles choses. »
Je vis ses yeux s'arrondirent encore plus lorsque je posai mes lèvres sur les siennes. Ce moment ne dura que quelques secondes à peine, mais elles faisaient partie de ce genre de secondes qui restent gravées à tout jamais.
Je trouvais cela vraiment stupide. En à peine une demie-minute, j'avais l'impression d'avoir fait un acte extraordinaire. Mais non. Je me rendis compte quelques semaines plus tard que ce baiser n'avait strictement rien changé à ma vie.
Ce petit instant d'intimité achevé, nous nous décollâmes, le sang nous montant aux joues.
« Tu me fais confiance, maintenant ? »
Enoch resta figé un instant, un sourire béat jusqu'aux oreilles. Sur son visage d'ordinaire fermé, cette expression heureuse semblait presque déplacée.
« Oui. Oui, je te fais confiance. »
VOUS LISEZ
Miss Pratcher
Fanfiction1940. Maureen Pratcher est une particulière. Acceptée dans l'orphelinat de Miss Peregrine à la mort de ses parents, cette dernière cache cependant un lourd secret...