Chapitre 1

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Une année. 365 jours. 52 semaines. Ça semble insignifiant. Qu'est-ce qu'une année? Un anniversaire de plus, un thanksgiving et un noël de plus. Pourtant, cette simple année insignifiante à été la plus dure pour la famille Noceda, spécialement pour Luz.

Pendant longtemps, derrière cette porte d'entrée rouge, il régnait un bonheur simple. Une famille aimante. Parfois, la nuit, il était possible d'y retrouver du réconfort après un mauvais rêve. Des réveils turbulents pour ne pas avoir entendu le son strident d'une alarme. Des larmes de joie tout comme de tristesse par moment. Des portes qui claquent, des voix fortes. Des câlins de réconciliation. Des excuses. Un foyer simple et ordinaire en somme.
Aujourd'hui, à travers les yeux de Luz, derrière cette porte, elle ne voyait que la maladie, la tristesse, la douleur.

Son père était mort. Plus rien n'avait de sens pour elle. Son monde s'était écroulé sous ses pieds. Depuis l'instant ou ces parents lui avaient annoncé la nouvelle, Luz avait perdu tout ce qui faisait d'elle, Luz. La petite fille qui n'avait pas peur de se ridiculiser. Cette enfant a l'âme créative qui rêvait de devenir une sorcière comme son héroïne Azura. Une petite fille hyper active qui ne tenait pas en place et n'hésitait pas à faire de chaque lieu, sa scène de théâtre. Cette partie d'elle s'était envolée à l'instant même où son père avait lâché son dernier souffle.

Camilla essayait de tenir bon. Pour sa fille. Mais comment garder une once de bonheur lorsque son âme sœur quitte se monde? Pourtant, malgré tous les efforts de Luz pour s'éloigner d'elle, Camilla tenait bon. Même si sa souffrance résonne dans tout son être, la priorité était son enfant. L'aider à faire son deuil, rebondir, devenir une femme extraordinaire. Mais rien, rien ne fonctionnait. Le rejet, c'est tout ce qu'elle subissait chaque jour en portant son fardeau. Elle essaya de tenir bon mais comment continuer à vivre dans une maison qui autrefois résonnait de bonheur? Chaque pièce gardait une trace de son défunt mari. Comment essayer de relever son enfant et revoir la joie dans son regard lorsque celle- ci pose les yeux là où pourrait encore se trouver son père? La décision était prise.

Gravesfield, une petite ville du Connecticut.

Une nouvelle maison, une nouvelle ville et de nouveaux visages. Changer d'air et d'habitude ne pourrait leur faire que du bien, non?

Enfin, c'est ce que Camilla pensait. Pour Luz c'était comme une trahison. Ca signifiait s'éloigner de son père, des souvenirs qu'elle gardait de lui, des lieux qu'ils avaient l'habitude de fréquenter ensemble. Ca voulait dire tourner la page, et ça elle ne le voulais pas. Elle refusait de voir un avenir sans son père, même si sa mère était toujours présente pour elle, c'était trop douloureux. C'est comme si elle devait dire adieu à son père une deuxième fois.

Tout au plus profond de son être, Luz savait que c'était sans doute une bonne idée, mais ce sentiment était caché derrière toute sa souffrance.

Gravesfield n'est pas très différent d'où elles viennent. Ces mêmes briques rouges qui habillent les bâtiments, la même atmosphère historique qui règne dans les rues. Mais tout était plus petit en soi. Pas de grosse zone commerciale qui faisait fermer les petits commerçants. Pas d'autoroute qui traverse les zones résidentielles. Pas de souche géante déformée par un ATM. Tout y est plus simple, chaleureux même.

Sur le chemin vers leur nouvelle maison, Camilla traverse la rue principale et Luz ne peut s'empêcher de remarquer une boutique au allure excentrique. Elle n'eut pas le temps de lire l'enseigne mais elle se promit de revenir pour aller jeter un coup d'œil. Elle ne l'avouera jamais à sa mère mais elle était tout de même excitée de découvrir cette nouvelle ville. Sa curiosité était trop grande pour laisser sa souffrance submerger cela.

En arrivant devant leur nouvelle maison, la mère et la fille ne bougent pas de la voiture. Elles étaient enfin arrivées et à partir du moment où elles mettaient un pied sur le bitum cela sonnera définitivement leur nouvelle vie.

-Hey Mija?

Luz se retourne vers sa mère pour l'inciter à continuer de parler.

-La porte d'entrée, regarde.

Elle ne comprend pas où sa mère veut en venir et la détache des yeux pour regarder la fameuse porte d'entrée. Celle-ci n'avait rien de spécial. Une porte blanche avec un loquet doré. Classique. Blanche... L'information met du temps à monter dans son cerveau.

-Hmmm... Bleu !

-Bleu? Tu es sur?

-Absolument ! Ce n'est pas genre la couleur de l'espoir ou un truc du genre ?

-No, cariño! C'est le vert ça

-Oh pas grave bleu quand même!

Pour la première fois depuis longtemps, la mère et la fille rigolent ensemble. Cela réchauffe leurs cœurs. Cela fait tout même du bien à Luz, le simple fait que sa mère lui demande ça. C'était une tradition instaurée par son père il a bien longtemps, avant même qu'elle ne viennent au monde. A chaque fois qu'ils changeaient de foyer, la porte d'entrée devait avoir une couleur différente des autres maisons. C'était l'un des côtés excentriques de son père. Il n'hésitait pas à montrer sa différence et à sortir du lot.

-J'ai vu un magasin de bricolage dans la rue principale, j'irais demain pour acheter de la peinture!

-Et dis mama, je pourrai t'accompagner, j'ai vu une sorte d'antiquaire j'aimerai y jeter un coup d'œil.

-Je sens que tu vas encore ramener des objets étranges mija!

-Mais noooon je vais juste chiné un peu!

Camilla lance un regard suspect à sa fille "je te ne crois pas" pense-t-elle. C'était une habitude qu'elle tenait de son père et sa lui réchauffa le cœur de voir que Luz avait toujours cette passion pour les bibelot ancien et objet en tout genre.

Après une grande respiration, mère et fille sortirent enfin de la voiture. Une grande journée de déballage de carton et nettoyage les attendaient de pied ferme derrière cette grande porte blanche. Motivées, elles remontèrent leurs manches et s'y attela sans rechigner.
A la grande surprise de Luz, la maison possède un sous sol assez spacieux mais avant même qu'elle puissent demander à sa mère, elle l'interrompit en lui interdisant d'y faire sa chambre, sous prétexte qu'elle serait capable d'y installer un mini frigo et qu'elle le verrai plus! Sachant pertinemment que jusqu'à récemment, elle ne voyait sa fille que quelques minutes par jour quand cette dernière décider de prendre des restes dans le frigo avant de s'enfermer dans sa chambre.

Ce n'est que plus tard dans la journée, étaler sur le canapé du salon que la fille et la mère s'arrêtèrent pour la journée. La lune était bien haute dans le ciel et leurs ventres gargouillaient à en réveiller les voisins. Avec aucune hésitation, Camilla commanda deux pizzas.

C'est ainsi que leur première journée a Gravesfield prenait fin. Des cartons de pizza éventrés sur le sol, un ordinateur portable sur le meuble télé qui éclairait leur visage endormi.

Thanks to them [ Lumity ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant