Chapitre 3 : Le Roi Sanaturius

3 1 0
                                    


Trois fois, les clairons du palais dissipèrent tout bruit dans la salle du trône. L'un des gardes du palais s'avança vers le banquet, et annonça d'une voix forte :

« La cérémonie de la Selenia est à présent ouverte ! »

Aussitôt dit, le garde approcha d'une porte monumentale à droite du trône. Un second le rejoignit, ils posèrent en même temps la main sur la poignée dorée et tirèrent le lourd battant. Un troisième garde, tenu debout et en retrait, annonça distinctement :

« Accueillez dignement notre bon et valeureux souverain Sanaturius Selenius Surinia, roi des Sanaturiens, des huit provinces intègres et des dix-sept colonies d'Arrimant, Duc de Currucus et Protecteur de notre Civilisation, aussi longtemps que Chielevesna le voudra ! »

À pas lents et réguliers, le roi se montra et sans s'arrêter, il avança vers le trône. Il portait son costume de sacre : une toge bleue surmontée d'une veste d'hermine et brodée des symboles nationaux. Sa main droite levait le sceptre en platine, symbole de paix et de justice. Son autre main tenait avec fermeté la poignée de son épée, symbole de son devoir protecteur envers le pays.

Malgré son âge très avancé, le vieux roi portait assez peu de rides et ne semblait âgé que d'une soixantaine d'années tout au plus. Ses cheveux blancs et courts soutenaient la couronne royale demi-millénaire. L'homme resplendissait au milieu de ses gardes en tenue sombre, de ses ministres en costumes austères et parmi les invités dont les tenues ne rivalisaient pas avec le faste de l'habit royal.

Les invités s'inclinèrent longuement et sans aucun bruit. Leur regard ne croisa celui du souverain, qui, approcha de son siège doré, écarta les gardes d'un geste discret et s'y installa. Lorsque Sanaturius toucha des deux bras les accoudoirs de son trône, les invités se relevèrent, et, toujours dans le plus grand des silences, ils guettèrent le moindre signe du souverain. Le roi maintint le regard au-dessus de tous et resta immobiles d'interminables secondes encore.

Au premier rang figurait une jeune femme de vingt-quatre ans, Marjorie Moor. Elle tenait le poste officiel de gouverneur de la province du Couchant, une petite contrée enclavée entre l'océan de la Torpeur et d'immenses chaînes de montagnes à quelques centaines de kilomètres au nord-ouest de Surinia-Ville.

Sanaturius posa le regard en premier sur elle, il la dévisagea longuement puis d'un geste de la main droite, l'invita à approcher. Sous le regard des gardes, attentif au moindre frémissement, elle monta sur le piédestal au pied du trône, s'inclina à nouveau et lui demanda :

« Maître premier ? »

Un léger sourire se dessina sur le visage du roi, il lui dit :

« Je viens d'étudier les rapports de situation de l'ensemble de nos provinces... Vous avez bien œuvré à Alevine, pour votre Sénature et pour mon Peuple qui y vit... tout au long de l'année écoulée. C'est excellent madame et vous méritez des félicitations. Grâce à vous, cette ville autrefois malfamée est devenue une destination touristique de premier plan et un endroit où il fait bon vivre pour mes gens. Je me devais, ici et devant tout le monde, de vous faire cette remarque. »

À peine intimidée, la jeune femme répondit, sans jamais quitter du regard le visage de son souverain :

« C'est un insigne honneur, sire. »

Sanaturius se tourna vers Romain Sélin, le gouverneur d'Akas debout à quelques mètres de là au premier rang, il le fixa du regard, et reprit :

« D'autres en revanche... devraient grandement s'inspirer de votre exemple. »

Le jeune gouverneur, entouré des siens, vit tous les regards se braquer sur lui en un instant. Il se recroquevilla rapidement et abaissa le regard vers le sol. Sanaturius conclut :

Epopée Surinienne - Episode 1 - L'Épreuve de ForceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant