VI

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-A ce stade-ci de ma vie, cela faisait déjà un an que tous mes problèmes s'accumulaient. Et je compte en effet l'histoire de la voiture dans le lot, parce qu'après un certain temps j'ai compris que ceci était lié. Donc je disais, une année de folie et de désespoir.

Trois cent soixante cinq jours atroces, où mon cerveau était continuellement frappé par la démence.

Et si je pensais pouvoir en sortir ce n'était pas le cas.

Durant mon sevrage, mes amis gardaient donc mes médicaments avec eux et me fournissaient la dose dont j'avais besoin. Ils s'étaient assurés que je me fasse pas une nouvelle ordonnance pour en avoir d'autres et ils ont contacté les pharmacies autours de chez moi, de chez eux et autour de mon travail pour que je ne reçoive rien de leur part. Bien que ça me tuait de l'admettre, je redevenais doucement moi-même, bien plus conscient de ce que je faisais et de ce qui m'entourait. Finalement la seule chose que j'ai gardé étaient les somnifères. Ils étaient inoffensifs et je savais les prendre que quand j'en ressentais réellement le besoin.

Et finalement mes nouveaux problèmes avaient lieu la nuit. Je me retrouvais avec des paralysies du sommeil. Soir après soir, avec médicament ou non, je me réveillai avec cette force puissante m'entourant. J'étais comme emprisonné sur mon lit, incapable de bouger les jambes, les bras ou même la tête. J'étais si pétrifié par une force invisible que cela en devenait presque douloureux. Tout ce qui était capable de se mouvoir était ma bouche, je pouvais l'ouvrir ou la fermer pour hurler, c'était tout. Et je n'étais d'ailleurs pas certain que de réels sons sortaient de ma bouche.

Et comme si ce n'était pas suffisant, cette impuissance incontrôlée, je voyais cette forme. Une ombre noir, dans un coin de ma chambre. Et chaque jour elle était de plus en plus proche de moi, jusqu'à ce qu'elle se retrouve au dessus de moi. Cette chose n'avait pas de visage, pas de forme précise mais je ne sais comment, j'arrivais à distinguer quelque semblant de forme. Et j'étais capable de voir qu'elle m'hurlait dessus. Je ne l'entendais jamais, ne la sentait jamais me toucher, c'était toujours que visuel.

Ce que je trouvais étrange, c'est qu'il y avait de rares fois où la forme se transformait, où elle semblait soudainement plus humaine. On aurait dit une vraie personne qui m'observait. C'est cohérent après tout, lors d'une paralysie du sommeil, mais c'était vraiment différent des autres fois.

Et lorsque je voyais cette forme différente, cette forme humaine, les hallucinations étaient différentes. Je pouvais l'entendre ces fois-ci, je pouvais la sentir. Parfois elle venait serrer mon poignet, me caresser la joue, poser sa main sur ma gorge.

Je crois bien que voir un humain était plus terrifiant encore que de voir un monstre fantomatique.

Là encore, mes amis ont décidé de me soutenir, il arrivait parfois qu'ils dorment chez moi pour me réconforter à la suite d'une paralysie. Je me demande ce que j'ai pu faire dans une autre vie pour mériter de tels amis. Je me disais ça à chaque fois. Vous réalisez à quel point c'est incroyable d'avoir quelqu'un pour vous serrer dans vos bras après avoir vécu une telle expérience? C'était fou tout de même qu'ils trouvent toujours le temps de s'occuper de moi. Quand je commençais à hurler ils courraient dans ma chambre et ils mettaient une pichenette dans la tempe pour me réveiller. On a lu sur internet qu'il fallait un contact pour réveiller la personne en crise. Ce qui était véridique. Beaucoup plus que le conseil de se calmer et faire le vide durant une crise. Quand on fait face à un tel phénomène, se calmer est impossible. En tout cas pour moi.

Mais un soir, c'était mon ami Kim Taehyung qui était venu me tenir compagnie pour la nuit. Il dormait dans la chambre d'à côté comme toujours.

Ce qui était en rien étonnant, j'ai vécu une nouvelle crise ce soir-ci. Ou je le croyais. Ce n'était pas l'ombre mais la forme humaine. Elle avait prise possession de mon lit, s'était agenouillée sur le lit à côté de moi et caressait mes cheveux. J'ai hurlé, ce qui a réveillé Taehyung qui a couru jusque dans ma chambre pour me réveiller. Et là je l'ai vu. Je veux dire que j'ai vu Taehyung arriver. D'habitude je ne les vois jamais. Il n'y a rien d'autre à part cette ombre et ma peur. Je l'ai vu allumer la lumière une fois entré dans la pièce, et j'ai vu l'ombre s'enfuir par la fenêtre en courant.

Je crois bien qu'à ce moment il était plus terrifié que moi. Parce que ce n'était pas juste une paralysie du sommeil, il y avait une vraie personne dans ma chambre.

Tout faisait sens. Ces fois où la forme était humaine et que je pouvais la sentir et l'entendre ce n'était pas une crise. Il y avait une vraie personne. Et cette personne profitait de ma terreur pour profiter de moi, pour m'observer et me toucher le visage.

J'avais la certitude de ne pas être fou, et que quelqu'un me tourmentait bien depuis un an. Restait plus qu'à comprendre qui et comment.

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