VIII

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-Je vous ai donc parlé de la voiture, des objets qui se déplaçaient, de l'incident de l'alpaga, des terreurs nocturnes, de mes troubles mentaux et des soins qui en ont découlé, du harcèlement sur les réseaux sociaux, de l'intrus s'infiltrant dans mon lit pendant la nuit... de quoi je n'ai pas parlé? Ai-je parlé du harcèlement au travail? Je l'ai oublié? Wouaw. Comment puis-je ne pas en parler...

A vrai dire, cela a eu lieu très tôt. Je commençais seulement à me demander pourquoi les objets se déplaçaient chez moi.

Sachez que je travail avec l'un de mes amis, Jung Hoseok, nous sommes tous les deux professeurs de danse, disons que je suis surtout son assistant. Lui enseigne la chorégraphie et moi j'organise et je m'occupe du groupe. Mais passons. Il a alors été témoin de la plupart des événements.

Au départ c'était la présence d'un inconnu, nous pensions, Hoseok et moi, qu'il venait récupérer un enfant mais il repartait toujours les mains vides si je peux me permettre de le dire ainsi. On s'est alors demandé si il n'était pas intéressé pour intégrer l'un de nos cours. C'est Hoseok qui s'en est occupé, il me l'a proposé, pendant que je parlais avec les enfants, je l'ai entendu lui proposer nos cours du vendredi et samedi soirs, qui sont pour les plus âgés, mais il a refusé.

Nous n'avons jamais bien vu son visage, il portait toujours un masque et de grosses lunettes et un bonnet. Et sa carrure nous était plutôt floue puisqu'il semblait porter de larges vêtements.

Nous nous sommes beaucoup questionnés à son propos, puis nous nous sommes fait la réflexion qu'il était clairement louche. Notre idée était qu'il venait pour les enfants. Alors nous avons pris des mesures. Les élèves ne pouvaient plus quitter un cours sans la présence d'un adulte reconnu et les inconnus n'avaient plus accès au bâtiment. Nous avons aussi contacté la police, pour leur parler d'un individu inconnu. Mais le lendemain même de la pose de nos affiches informatives, il n'est jamais revenu. Ce qui nous a d'ailleurs convaincu que c'était un prédateur. Alors nous n'avons jamais pensé qu'il était là pour quelque chose d'autre, ou quelqu'un d'autre.

Environ un mois après, nous avons commencé à recevoir régulièrement des appels anonymes. L'inconnu appelait l'administration et l'appel était transféré sur mon téléphone puisque c'était des demandes relatives à nos cours à Hoseok et moi. Cela faisait partie entre autre de mes fonctions. La personne prétendait vouloir s'inscrire, j'expliquais à l'inconnu toutes les démarches et les cours que nous proposons. Mais l'appel se finissait toujours par un refus de mon interlocuteur. J'ai vite finit par me lasser alors j'ai prévenu l'administration que je ne voulais plus m'en occuper et qu'ils devraient même couper court aux appels de cette personne.

Il a fallut longtemps avant qu'il arrête.

Et comme si ce n'était pas suffisant, lorsque je sortais du travail et que j'allais pour rejoindre ma voiture, j'avais ce sentiment qu'on me suivait. C'était la même étrange impression que j'avais le soir où ma voiture s'est miraculeusement ouverte pour la première fois.

C'est cette impression bizarre que quelqu'un est juste derrière notre dos, qu'on pourrait presque sentir sa chaleur. Qu'on lutte pour ne pas regarder en arrière parce qu'on se doute bien qu'il n'y a personne. Mais finalement on est tellement inquiet qu'on regarde quand même par dessus notre épaule. Et évidemment il n'y a personne.

J'avais beau regarder autour de moi je ne voyais personne.

Et un soir, très longtemps après, enfin j'ai remarqué quelque chose. Garé à deux voitures de moi il y avait une personne dans sa propre voiture. Les phares étaient éteints, le post de radio aussi, le moteur ne tournait pas. On croirait presque que ce n'était qu'un fauteuil mais c'était bien une personne. Je n'ai pas réagi, je me disais que j'associais cette pauvre personne à mon inquiétude et qu'elle ne faisait rien de mal. Mais chaque soir je voyais cette voiture et je voyais cette personne. Peut être qu'elle regardait à travers le rétroviseur central pour me regarder. A partir de ce jour où je l'ai aperçu, je n'ai cessé de voir cette personne. J'ai essayé de noter discrètement sa plaque d'immatriculation mais il y avait toujours un petit quelque chose pour la cacher, m'empêcher de la voir. Et j'avais trop peur pour m'approcher clairement.

J'ai prévenu la police, j'ai décri la voiture, et ça s'est arrêté là. En clair, c'était aussi efficace que ces fois précédentes où j'ai contacté la police pour m'aider. Donc j'ai d'ailleurs contacté la police à trois reprises. Jamais deux sans trois comme on dit. Comme c'est amusant de se dire que tout ça m'inquiète depuis des mois mais que j'arrive à oublier des parties de l'histoire.

Évidemment avec l'inutilité plus qu'évidente de la super justice, il y avait comme un minuteur au dessus de ma tête qui affichait un décompte. Le seule problème était que je n'en connaissais pas le temps. Et à la fin de ce temps, je mourrai. C'était ainsi que je le voyais.

Je savais que j'allais mourir.

Like CrazyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant