𝕯es tâches de sang salissant le sol

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I

C'était un jour où les plaies s'étaient réouvertes, sauvagement. Il se sentait cassé, comme une vaisselle qu'on aurait explosé au sol dans un million de fracas. Les couleurs orangées du coucher de soleil renvoyaient une atmosphère tristement chaleureuse en dépit du silence pesant qui avait envahi le compartiment. Le paysage défilait au rythme de ses souvenirs, une plaine verte, des fleurs qui se balancaient et dansaient lorsque les roues du Poudlard Express entrait en contact avec les rails. Ce spectacle, pourtant si banale, lui rappelait ses premières années, ses premiers sourires, ses premières pensées lorsqu'il fut capable de goûter à ce tout nouveau monde qui s'offrait a lui. À ces moments là, un sourire nostalgique rempli d'amertume s'empara des lèvres du Sauveur. Mais pourquoi diable était-il revenu? Par envie de retrouver sa maison sûrement, par envie de retrouver ses souvenirs liés à celle-ci, par envie de retrouver sa vie d'avant. Avant la guerre.

La guerre.
Tout le monde lui avait offert des louanges, ils l'avaient félicité , tant leur bonheur avait été rétabli, tout le monde pensait qu'il avait sauvé le monde sorcier. Et c'est ce que le brun avait réussi à faire avec brio. Il pouvait déjà entendre les applaudissements, les hurlements de joie, les sifflements, le bruit des touches de la machine à écrire de Rita Skeeter lui rédigeant des grosses lignes noires pour le flatter, pour qu'il puisse se sentir le sauveur qu'il devait être et qu'il était.

Mais qu'est ce qui clochait? Qu'est-ce qui le hantait , tard dans la nuit? Qu'est-ce qui lui déchirait le coeur et faisait perler des larmes salées sur ses joues creusées?

Le Weasley était assit en face de celui-ci, le détaillant précisément du regard, sa posture crispée, ses cheveux indisciplinés, ses yeux fuyants, ses pensées s'enfuyant... Il arborait un de ces regards abattu , comme ce genre de regards qu'il avait eu tout l'été. Le roux , après un long silence, malgré sa difficulté à rassurer et son manque de tact, changea de siège et se laissa tomber dans celui se trouvant à côté de son meilleur ami. Celui-ci ne manqua évidemment pas de sursauter, les yeux sur ceux de Ron qui avait gardé miraculeusement leur lueur d'enfant. En voyant cette dernière, Harry ne pu s'empêcher de laisser se dessiner sur ses lèvres, un doux sourire. Que ferait il sans le rouquin ? Pour l'amour de Merlin, et sa santé mentale, il n'envisagea même pas d'y penser. Dans quel déprime tomberait il si le golden trio éclatait? Il ne pouvait pas l'imaginer, c'était un refus catégorique.

Ron fût le premier qui brisa ce silence devenu plus supportable depuis leurs sourires respectifs.

« Le paysage est tellement passionant que tu en oublies ton meilleur ami? » répliqua t-il avec ses yeux ironiques et une petite moue moqueuse qui se transforma en un grand rire lorsque le brun bégaya de honte.

« Ron, voyons ! »

Les deux amis tournèrent la tête vers une magnifique jeune femme aux cheveux bouclés et aux prunelles chocolat qui venait d'apparaître dans l'encadrement de la porte en verre.

« Mione!! » fit le jeune Roux avec enthousiasme sans prêter attention à son intervention des plus maternelles.

Elle n'était autre que l'étudiante la plus intelligente et la plus assidue de Poudlard, et aussi, celle qui avait supplié les deux garçons d'accepter l'invitation de Mc Gonnagall proposant aux acteurs de la guerre de faire tout de même leur dernière année, sous prétexte que, citait il dans sa tête : « Si tu veux devenir Auror, Harry il te faut tes ASPICS et ce n'est pas négociable! Et toi Ron, tu en as juste vraiment besoin. » Harry avait lâché un rire à cette pique non dissimulée au Weasley.

De retour dans le train, et ayant chassé ce sourire de l'été, Hermione avait prit place en face d'eux en continuant ses réprimandes à l'égard de ce qui était, devenu son petit ami.

« On t'entends rire depuis le couloir idiot! Tu veux nous foutre la honte dès notre première seconde de rentrée en dernière année ?? » disa t-elle dans un petit rire.

Ron parut vexé, ou plutôt fit semblant car en voyant l'expression coupable de Hermione, il la tira contre elle et la chérit dans ses bras. Celle-ci, satisfaite, posa son regard sur le jeune Sauveur et en voyant ses yeux inquiets qui trahissaient son sourire d'enfant, elle reprit contenance et se tourna en se décalant un peu des bras réconfortant du Weasley. Elle commença alors avec une voix beaucoup plus douce qu'a son arrivée en captant son auditoire grâce à sa bonne éloquence.

« Harry, je sais que tu as peur. Ça se voit dans tes yeux, et j'ai aussi peur de revenir là bas... Cependant, il le faut... »

Hermione baissa la tête en pensant aux pertes qu'ils ont tous dû subir tandis que son interlocuteur pensa avec dégout à tout le sang qu'il avait dû verser pour être ce soit disant héros que tout le monde voulait qu'il soit. Ron, quant à lui , regardait sa copine et son meilleur ami avec amertume. Et voilà, le silence était revenu. Dur de faire comme si ça n'avait pas été comme ça tout l'été... Hermione releva la tête avec un éclair de détermination dans ses yeux noisettes.

« Je ne veux pas avoir ce souvenir là de Poudlard. »

Harry fronça les sourcils et hocha dûrement la tête avant de lui répondre, la voix presque bloquée, comme si les mots refusaient de s'ouvrir.

« Mione, moi non plus. J'aime ce château, j'aime nos souvenirs mais... Penser à tout ce qu'on a perdu, c'est... Ça m'est insupportable. Sincèrement, l'idée de remarcher là où d'autres avaient marcher autrefois... Ça me donne envie de courir en arrière et de revenir à Londres très vite. »

« Harry... » Fit la sorcière en hochant la tête d'un air plus que compréhensif. Évidemment qu'il avait raison, évidemment que ça n'allait pas se présenter facilement à eux... Parce-que des souvenirs hantent, creusent, et détruisent. Tout comme il y en à qui font sourire, rire, danser et chanter. Pleurer, aussi.

« Harry. Je sais que ça va être dur pour toi, pour nous. Mais on sera là. On sera là et on fera comme toutes les années qu'on a passées ensemble : on restera soudés. » fit Ron avec conviction. Peut-être que Hermione avait un peu déteins sur le Weasley, ce qui d'ailleurs ne déplaisa pas du tout à celle-ci. Elle opina avec plaisir en hochant la tête et en jetant un sourire plein de tendresse au brun qui avait lui aussi sourit , remerciant ses deux meilleurs amis d'être à ses côtés, coûte que coûte.

« Ron à raison. »

« Merci les amis... Je ne sais pas ce que je ferais sans vous. »

Fit Harry avec la voix plus que tremblante. Hermione ne pu résister plus longtemps et elle entraîna les deux étudiants dans une longue étreinte. Elle traduisait tout le courage qu'ils avaient mais aussi tout leur désespoir qu'il traînait depuis qu'ils avaient vu des tâches de sang salir le château. Et pas n'importe quelles tâches de sang... Malheureusement.

Et ils décidèrent de changer de sujets pour alléger cet air qui avait été difficilement respirable pendant des heures.

「 Reopened Wounds 」Où les histoires vivent. Découvrez maintenant