Alia

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    Je regarde l'heure et vois sur mon ordinateur 3h50. Je commence déjà à apercevoir par le hublot l'eau de la mer, les maisons, et un ciel dégagé magnifique, pleins d'étoiles.
J'ai toujours aimé observer le ciel, peu importe la situation, il est toujours incroyable. Quand j'étais petite, je m'installais au bord de ma fenêtre, face à l'océan, et je restais toutes mes nuits à regarder le ciel jusqu'au levé du soleil. Un jour, mon frère s'est rendu compte que je ne dormais pas beaucoup la nuit et a décidé de me surveiller. Depuis ce jour, il a commencé à faire des insomnies. Quand je l'ai appelé, il me disait qu'il n'arrivait pas à trouver le sommeil et que je l'occupais un peu. Je me rend compte que c'est de ma faute si son sommeil est perturbé encore aujourd'hui. Je m'en veux terriblement.

    Arrivé à l'aéroport, mon premier réflexe est de chercher ce grand blond musclé bronzé qui me sert de frère. Pas difficile à trouver. Monsieur est assis en train de discuter avec 2 nanas au mini bar. Il n'a pas changé. J'arrive vers lui et décide de le couper dans son élan de galanterie:
-Salut, chéri. Je t'ai pas trop manqué ?
    Les 2 filles sont partis illico, j'avoue que je suis plutôt contente de pouvoir refaire cette vanne plus que nulle pour faire fuir les pauvres filles qui voudraient tenter quoi que ce soit avec Don.
-Alia, t'abuse. La rouquine me plaisait bien. Je pensais que je pourrai tenter un truc avec. T'as pas changée depuis la dernière fois.
-Merci petit frère. Ça me dégoûte toujours autant de t'appeler « Chéri » mais ça vaut le coup quand je vois les tronches que tirent les nanas à tout les coups.
-Bientôt je vais devoir leur mentir en leur disant que j'ai une copine juste pour me méfier de toi. Vipère.
-Tu te calme le petit. Bon, j'espère que tu as préparé de quoi accueillir ta sœur parce que j'ai rien réservé pour dormir.
-T'inquiète, j'ai déjà tout prévu. Ton ancienne chambre est prête.
-Attend, quoi? Mon ancienne chambre ?
-Ah euh oui, j'ai oublié de te prévenir. Je vie toujours chez nos parents.
-Don, si j'avais su, j'aurai réservé un hôtel. Je refuse de remettre un pied la bas. Si il n'y a pas une pancarte avec inscrit « accès interdis a mon ancienne fille ALIA » je serais surprise.
-Arrête un peu, c'est du passé tout ça. Bon, on rentre et on ira faire un tour à l'hôpital. Je n'ai pas eu de nouvelle à propos de son état actuel.
-Pas de soucis.
    Don prend ma valise et mon sac et avance jusqu'à sa voiture. Je le suis et il dépose mes affaires à l'arrière.
-Alors tu l'as eu ta voiture de rêve.
-Et oui t'as vu ça ? Je te présente mon p'tit bébé. Un magnifique quatre quatre rouge pétant avec toit ouvrant.
    Il parait tellement fier de son joujou que j'ose pas lui dire qu'il y a une énorme rayure sur la portière arrière droite.

    Une fois arrivé à la « maison », il m'y accueille comme ci je n'y avait pas vécu pendant 19 ans. Rien n'a changé. La décoration est toujours simple mais très coloré, les baies vitrées mènent toujours a la plage et il y a toujours la maison des Hopson à coté... Comme ci elle allait se volatiliser, ça n'a pas de sens. J'avance vers la cuisine et vois des morceaux de verres au sol.
-Est ce que c'est lié à l'accident de maman?
-Oui, Carl était assez énervé.
-Toujours lui.
    J'avance dans l'escalier et arrive dans mon ancienne chambre. Ma déco d'adolescente aventureuse et toujours intact. A croire que personne n'y est plus rentré depuis mon départ.
Je m'approche de la bibliothèque et vois qu'il n'y a pas de poussière. Je me retourne et aperçois mon frère dans l'encadrement de la porte.
-Je me suis occupé du ménage dans ta chambre pendant ton absence. Je pensais que si un jour tu reviendrais, ça te ferai plaisirs de retrouver ta chambre.
    Je ne me rendais pas compte à quelle point je manquais à mon frère. Si il savait a quel point mon départ m'a marquée à moi aussi.
-Merci beaucoup, je t'adore p'tit frère.
-Je t'adore aussi. Bon, tu viens, on dois aller à l'hôpital.
-Tu ne veux pas essayer de dormir ? Tu n'as pas fermé l'œil depuis quand ?
-Non, ça ira. Depuis hier je n'arrive pas à dormir. Je n'ai plus de somnifère. On y va ?
-Je te suis.

    Une fois devant l'hôpital, je sens une boule se former dans mon estomac. Je ne sais pas si c'est par peur de revoir ma mère ou par peur qu'ELLE me revoit.
Don se dirige vers l'accueil. On nous redirige vers l'ascenseur pour nous montrer la chambre.
2e étages, chambre 245.
On entre dans la chambre et Don se précipite vers maman. Je reste discrètement près de la porte tant que je n'aurais pas la confirmation de mon frère d'approcher.
Je regarde maman et vois qu'elle a les yeux fermés. Don pleure près d'elle. Il se rend compte que je le vois et, pour pas que je pense qu'il n'est pas « viril », il se ressaisit en me disant qu'il a un cil dans l'œil. Menteur.
-Va voir maman, me chuchote-t-il.
-Elle ne voudrai pas me voir.
-Détrompe-toi.
    Je m'approche doucement de notre mère et imagine les pires scénarios à nos retrouvailles. Un mort ? Des blessés ? Une apocalypse ? Je vais trop loin. Ce n'est que ma mère, pas une vieille sorcière.
-Maman ? Maman tu m'entends ?
    Un médecin entre dans la chambre et nous préviens qu'elle devrait se réveiller de son coma d'ici 1 semaine minimum. Il continu en nous disant qu'on peut lui parler et rester avec elle autant de temps que l'on veut.
Je me tourne vers mon frère et commence :
-Écoute, Don, je ne me sens pas de rester ici pour l'instant. Est ce que l'on pourrait revenir plus tard s'il te plaît ? La dernière fois que je lui ai adressé la parole, elle espérait que je ne revienne plus jamais la voir.
-Alia, je t'assure qu'en 5 ans elle a eu le temps d'oublier vos gamineries.
-Ce n'était pas des « gamineries » Don. C'était... pire et j'ai peur qu'elle ne m'aime plus.
-Est ce que tu lui as pardonné pour ce qu'elle t'a fait et dit ?
-Je sais pas.
-C'est déjà mieux que non. Ça doit être la même pour elle, je t'assure. Mais si tu tiens vraiment à partir alors partons. Tu dois être épuisée après ta journée de travail et l'avion.
-C'est vrai que je commence a somnoler.

    Nous rentrons dans la voiture de Don. Le trajet était silencieux. Même pas de musique à la radio. Je n'ai jamais été une grande bavarde depuis mon départ et Don m'en veux peut être de partir maintenant de l'hôpital. Le connaissant, je sais qu'il aurait voulut rester au chevet de notre mère.
Dès que je suis rentré dans la chambre d'hôpital, j'ai vue tous les souvenirs revenir. Le début des disputes, la mort de papa, Carl, les Hopson, ma fugue, la grosse dispute et ses paroles qu'elle m'a prononcée ce soir la. C'est ce soir là que j'avais décidée de mettre les voiles de cette ville et de partir pour New York, vivre un rêve que je ne désirais pas vivre. Aujourd'hui, je suis contente de ce que je suis devenu mais je pense à la fille que j'aurai pu devenir si je n'avais pas pris cette décision. Et si j'avais été plus heureuse ? Il y a de fortes chances.

    Lorsque nous sommes arrivés a la maison, je me suis précipitée vers la salle de bain, ai pris une douche rapide et suis partie dormir. J'étais épuisée, Don avait raison.
De savoir que mon frère est dans la chambre d'à coté en train de cogiter au lieu de dormir me met mal. Si nous allons à l'hôpital demain, je lui prendrais des somnifères. Il en a vraiment besoin, surtout en ce moment.

Memorys of summer's nightsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant