Chapitre 13

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Liam

Je ne comprend pas. Non.
Je n'ai rien fait pour mériter une humiliation pareille. Ça ne coute rien de prévenir, de discuter. D'essuyer de se mettre à la place des autres pour éviter de les blesser.

Quelques mots. Une explication.

J'ai l'air si idiot, seul dans cet appartement, me demandant si ils vont un jour rentrer.
J'attend comme un pauvre chien abandonné qui ne sait pas vivre sans ses maîtres.
Un clébard qui fait inlassablement le tour de son lieu de vie pour trouver une occupation.

Ridicule.

Je suis spectateur de mes propres actions.
Si impuissant et pathétique. Je suis affligé, moi. Moi qui tenais à reprendre ma vie en main, ou du moins d'essayer. Je me retrouve la gorge nouée et ma poitrine douloureuse à comprendre que peu importe l'endroit, je ne suis pas le bienvenu. Je ne peux même pas considérer que c'est mon appartement...

Je ris en y pensant. C'était prévisible, ni Elliot et encore moi Roma ne m'a particulièrement apprécié. Merci au fameux Gardner d'avoir partagé un peu de sa lumière sur moi le temps de montrer que j'existe. Ou du moins que je peux être utilisé.

Être utilisable n'est pas si misérable, au moins je ne suis pas inutile.

Mais si je suis une pièce interchangeable...

Cette idée me donne la nausée.
Terriblement remplaçable.

Comme une cavité creusée par les larmes des naïades, mon existence se résume à abriter les autres. Des passants dont le séjour ne s'éternise jamais. J'apprécie leur compagnie et leur apporte mon aide avant leur départ soudain. Leurs mains s'écorchent toujours sur des parois rocheuses mais cicatrisent.
Seule, mon âme reste un trou béant, n'ayant pas le temps de régénérer ses vieilles coupures que de nouvelles s'accumulent et s'infectent.

Je frotte mes mains sur mon visage en soupirant. Je ne peux pas m'empêcher de penser. Les mots se bousculent dans mon esprit. Je suis incapable de parler, tout les muscles de mon visages sont contractés, figés pour retenir de pitoyables larmes qui voudraient tenter de couler.

« pourquoi sont-ils partis ? »

« Ils doivent bien rire de toi »

Chaque réflection est une épine de plus, mon malaise est immense et semble m'écraser.

Cinq jours.

Cinq jours que je pense sans rien pouvoir faire autre chose. Le doute, le tourment de ne pas avoir de réponses à mes questions.

Pourquoi m'avoir laisser seul chez eux ?

Je me haïe à attendre de la compation de leur part. Comme si ils me devaient des explications. Ils s'en moquent et ça je dois me le graver dans le crâne. Je déteste être aussi affecté par leur décisions.

Je n'ai jamais réellement eu d'ami, à qui je pouvais parler. Me confier à quelqu'un... Ce n'est pas que je ne voulais pas ou que je n'y arrivais pas, c'est juste que personne ne m'a porter suffisamment d'attention pour avoir envie de m'écouter.
Encore pire, mon père me disait de me taire quand j'essayais et je ne voulais pas rendre triste ma mère.

J'ai toujours eu l'impression d'être seul. Il y avait du monde qui m'entourait. Mais c'était superficiel. Une fois chez moi je ne parlais a personne, et personne ne m'envoyait de message.

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