Chapitre 7 (Partie 2)

124 26 48
                                    




Mais au dernier moment, Nathan a changé de cible. Il m'a pris de court, réussissant à lancer le ballon sur le côté opposé avec tellement de facilité alors que j'étais persuadé de pouvoir l'intercepter. Je n'ai même pas eu l'occasion de modifier ma position que le ballon franchit la ligne.

— Beau but, concédé-je à contrecœur en lui passant le ballon.

Il sourit fièrement et bombe le torse, content d'avoir marqué. Je ne peux que le féliciter, il a bien joué. Un poil risqué, mais bien maîtrisé.

Il retente une seconde fois, mais je ne me ferai pas avoir. Une fois, mais pas deux. Il analyse les meilleures solutions qui s'offrent à lui alors que j'essaye d'être le plus imposant possible, prenant tout l'espace des cages. Il a décidé de sa cible : en bas à gauche, proche du poteau. Pas l'endroit le plus facile pour un gardien, il n'est vraiment pas bête. Je tends ma jambe gauche et je me baisse pour arriver à arrêter le ballon, mais il me manque quelques centimètres pour le stopper dans sa course. Il passe une seconde fois le filet. Mon portable a quitté ma poche dans la précipitation, mais je ne m'en formalise pas. Actuellement, tout ce que je désire c'est de bloquer un de ses tirs, même si ce n'est absolument pas mon poste.

— Jamais deux sans trois, tu le sais, non ? me nargue-t-il.

Je lui tire la langue en signe de réponse. Oui, c'est une réaction plus qu'enfantine et alors ? Il m'énerve avec son regard de défi qui ne quitte pas son visage. Je l'empêcherai de marquer une troisième fois, je me le promets. Me faire humilier par un gosse, et puis quoi encore ? Je décale mon téléphone, autant éviter qu'il prenne un coup et je me remets en place. Cette fois-ci, je m'éloigne plus de la ligne. Certes, je lui offre la possibilité de me lober, mais je l'anticiperais. Je suis plus grand que lui, ça ne passera pas s'il le tente. J'en suis certain.

Nathan réfléchit à la meilleure option, retardant son shoot. Que me réserve-t-il pour ce tir ? Il ne me quitte pas des yeux, un duel de regard a lieu. Je m'avance encore un peu plus. Il décide enfin de se préparer. Il a assez attendu. Il hésite un instant, jaugeant une dernière fois les possibilités, puis il se résout à tirer. Il n'est pas stupide, il a évincé l'idée du lob. Il lance le ballon pour aller en pleine lucarne gauche. Sans succès. J'ai tenu ma position, j'ai anticipé et j'ai bien gardé les buts fermés. Il n'a eu aucune chance cette fois-ci. Pas de pitié.

— Alors, tu disais ? le taquiné-je.

Il ne répond rien, il réceptionne seulement la passe que je lui fais. La porte s'ouvre au loin, il détourne son attention pour découvrir quelques-uns de ses coéquipiers comme si je n'existais plus. Il les rejoint rapidement pour discuter et se vanter de ses buts.

— Tu t'en sors bien pour un début, me complimente Sylvain alors que je le retrouve au niveau de la touche.

Je hausse les épaules. Forcément, effectuer des tirs avec un gamin, je peux gérer. Ce n'est pas si compliqué. Même à Montpellier, je le fais de temps en temps. Par contre, entraîner une douzaine de gosses, ce n'est certainement pas la même affaire.

Je me laisse retomber sur le banc. Qu'est-ce que je fous là, sérieusement ?

Cette question tourne en boucle. Je ne comprends pas pourquoi ce club en particulier. Me reléguer dans une équipe nationale autre que la réserve de Montpellier, j'ai du mal, mais d'accord. Mais il y en a plein aux alentours, sans que je sois obligé de me retrouver à plus de quatre cents kilomètres de chez moi, quand même ! Surtout si ce n'est que pour deux ou trois matchs, à quoi bon que je m'investisse autant pour si peu de temps ?

Je souffle alors qu'une autre personne se joint à nous. Il porte le même short rouge que Nathan et un vieux t-shirt noir troué sur le côté.

— Martin, je te présente un de tes futurs coéquipiers, Baptiste. Il s'occupe des moins de treize ans.

Heart MatchOù les histoires vivent. Découvrez maintenant