Chapitre 21

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Martin.


La fête foraine peut-elle vraiment me changer les idées ? J'en doute. Jouer au hand fonctionnerait mieux, mais je n'ai pas réussi à rejeter la proposition de Axelle. Elle était si soudaine, si imprévisible qu'elle était impossible à refuser.

14 h 20. Elle devait me rejoindre sur la place à 14 h 10 et elle n'est toujours pas là. Je ne cesse d'observer mon portable à la recherche du moindre message alors qu'elle n'a même pas mon numéro. C'est stupide d'inviter une personne et de lui donner rendez-vous dans un lieu de ce type sans même avoir un moyen de communication !

Assis sur un banc, je surveille les passants dans l'espoir de la voir apparaître. Je ne sais pas où elle surgira que je guette les différentes possibilités. Il y a tellement d'éventualités et je n'ai aucune idée de ce qui est le plus pratique pour elle. Le parking souterrain ? Remontera-t-elle le Boulevard à pied comme je l'ai fait pour rejoindre la place ? Ou les autres chemins qui donnent sur je ne sais quoi ? Beaucoup trop de choix s'offrent à moi et je me dois de garder l'œil partout par peur de la rater.

Quelques enfants jouent avec les jets d'eau non loin de moi. Le vent frais chatouille mon nez et je regrette presque de ne pas avoir mis des vêtements plus chauds. La tentation de retourner dans l'appartement en prendre un peu épais est grande. Je ne suis qu'à quelques minutes après tout. Mais la probabilité qu'elle arrive pile pendant mon absence est beaucoup trop élevée.

Je sors une nouvelle fois mon téléphone. Je grimace. Je souhaite lui envoyer un message, mais impossible. Et je ne vais tout de même pas passer par son père ! Ce serait très bizarre. D'autant plus qu'il doit être occupé avec le déplacement pour le match de ce soir. Je me retrouve donc condamné à attendre éternellement Axelle qui sait se faire désirer.

— BOUH !

Une main sur le cœur, je ne peux réprimer un sursaut. Je me contente de peu de retenir un cri sous le yeux enjoués de la jeune fille. Je lui offre un regard noir pour réponse à sa blague.

— Tu devrais voir ta tête ! commente-t-elle en continuant de rire.

Je grommelle dans ma barbe des bribes de mots incompréhensibles, ce qui renforce l'hilarité chez Axelle. Les bras croisés sur ma poitrine, je fais la moue tout en la détaillant plus. Malgré la fraîcheur, elle a décidé de porter seulement des collants noirs avec son short de la même couleur accompagné d'un pull mauve et d'une écharpe pour la protéger du froid. C'est la première fois que je l'aperçois les cheveux lâches. Ça lui va bien d'autant plus qu'elle a fait ressortit ses yeux verts avec son mascara.

— Ça va, je te dérange pas peut-être ? me demande-t-elle, les bras sur les hanches en suivant mon regard.

— Tu m'empêches de bien profiter, mais t'inquiètes, ça va, me moqué-je.

Elle lève les yeux au ciel et émet un petit toussotement comme pour cacher sa gêne face à la remarque.

— Go à la fête foraine ? questionné-je en brisant le silence qui s'installer entre nous.

— Tut tut tut, arrêt à la librairie avant, me contredit-elle.

— Pourquoi faire ? soupiré-je à la simple idée de devoir faire les boutiques.

— Dois-je te rappeler que tu as détruit mon compagnon de route ? Je me dois de lui trouver un remplaçant digne de ce nom !

Cette fois-ci, c'est mon tour de lever les yeux vers le ciel. Je ne peux même pas tenter un argument qu'elle me coupe et m'entraîne à sa suite vers le magasin en question.

Heart MatchOù les histoires vivent. Découvrez maintenant