V-

317 16 24
                                    

La journée du jeudi passe assez vite, je n'ai pas croisé grand monde, j'ai juste fais des mises à jour de programme pour les nouvelles pièces dans un petit coin à part. Je suis retournée me coucher avant même la fin des interviews, je compte les jours restant avant mon rendez-vous chez Red Bull, étant réellement impatiente.

Le vendredi matin était très difficile, je suis épuisée et nous avons eu un problème avec le turbocompresseur de Norris, bien entendu j'ai dû régler le problème, détestant être la seule ingénieur moteur capable de le faire. Je vais bien rire l'année prochaine.

A ma pause de midi, je me suis enfermée dans les toilettes quand le deuxième pilote est venu vers moi, j'ai attendu le maximum de temps coincée pour ressortir juste avant les deuxième essais libres. Je reprends mon poste et observe les datas, quand les voitures sont à nouveau dans le garage j'analyse le refroidissement du moteur. Une fois mon boulot est terminé je déguerpis dans ma chambre pour dormir.

Ce matin je me suis réveillé en avance je me rends alors sur le paddock pour lancer les premiers diagnostique. Nous ne sommes même pas une dizaine à être déjà présent, c'est donc très calme.

-       Lou ! Je t'en prie écoute-moi !

Mon cœur fait un sursaut, je ne m'attendais absolument pas à le voir si tôt, je tente de fuir mais ma tête commence à tourner, mes membres sont de plus en plus faibles et mes yeux se ferme petit à petit, la dernière chose que je vois est le gros nez du pilote.

J'ouvre les paupières alors que je suis assise sur un canapé, je tente de me relever mais c'est une très mauvaise idée je retombe immédiatement. Bien sûr il est juste à côté de moi, me fixant de ses yeux globuleux.

-       Il faut que tu prennes du sucre, tu as déjeuner ce matin ?

Je respire profondément pour réunir toute mes forces et me mets sur mes deux jambes. Je fais trois pas avant que mes genoux me lâchent et que je sois sur le sol.

-       C'est ridicule, prends au moins un coca. Tu vas te faire mal si tu continues de faire l'enfant.

Je ne réponds rien et ne bouge pas d'un millimètre, il me tends une canette que je ne prends pas, il est mort, je ne le vois pas, il n'existe pas.

-       Lou... je ne vais quand même pas te laisser ainsi... aller bois, ça te fera du bien

Cette fois le coca est à la bordure de mes lèvres, je ferme la bouche et me concentre sur ma respiration.

-       Tu es pathétique, je ne veux que t'aider ! Je t'ai dit que j'étais désolé, que j'étais qu'un con, que je ne le pensais pas ! Et puis merde j'abandonne, t'es trop conne à t'attirer des ennuis avec tout le monde, et quand on te tends une main au lieux de la prendre tu la coupe avec une hache. Débrouille-toi toute seule, je te laisse le coca là si jamais tu changes d'avis.

Durant son petit monologue je verse une larme ou deux, alors qu'il se relève pour partir, je lui attrape le bras, je ne veux pas être seule. C'est un con, mais je suis pire que lui, et là tout de suite j'ai besoin de lui.

-       Ne pleure pas, tout va bien, c'est juste un petit malaise, rien de grave je te le promets

Je ris nerveusement, bien sûr que ce n'est pas grave, mais j'ai peur, j'ai peur car j'ai juste l'impression de mourir. Je suis terrifiée d'être seule même si c'est ce que je veux. Il a raison sur toute la ligne, je fais tout pour que chaque être humain me déteste, alors qu'au fond j'aimerai ne plus me sentir seule.

Il y a une immense différence entre être seule et se sentir seule, mais dans les deux cas ce n'est jamais bon. J'ai beaucoup de travail à faire sur moi-même, je le sais, et je repousse ce jour à chaque fois que j'y pense, mais aujourd'hui j'ai atteint un point de non-retour. Si je continue dans ma connerie, je serais définitivement seule, pour toujours, en ayant tout perdu.

Fuis-moi jusqu'à la victoireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant