Fuis-moi jusqu'à la victoire

XVII-

Je me colle à lui, ses lèvres se posent sur mon front. Il me guide vers le lit pour que l'on s'y allonge. Il me propose de dormir ou de parler, je lui demande si on ne peut pas regarder un film et que l'on planifie de s'endormir devant. Il me sourit et lance un film au pif sur son ordi. Il m'incite à me coller à lui, j'ai ma jambe au-dessus des siennes, mon bras sur son torse et ma tête sur son épaule. Je le sens s'endormir assez rapidement, sa respiration est bien plus lente.

- Merci Danny... bonne nuit petit prince

Je ferme les yeux à mon tour, je suis bercée par le film et par les battements de son cœur. Je m'endors bien plus apaisée qu'à mon habitude. Je me réveille toujours dans les bras de Daniel, le soleil n'est pas encore levé, il n'est pas encore 6 heures. Je sais que son réveil sonne dans 1 heure, je n'ose pas bouger par crainte de le réveiller, il a besoin de sommeil le pauvre, sa journée sera importante. Je reste ainsi, à l'observer, ses doux cheveux, son nez imposant, ses lèvres, sa mâchoire. Beaucoup de chose que je ne voyais pas jusqu'à maintenant mais il est beau.

Lorsque son réveil sonne, je fais mine de dormir, je ne voudrais pas qu'il sache que je l'observais, il me trouverais bizarre. Je le sens se relever un peu pour éteindre l'alarme, il passe sa main dans mes cheveux et me chuchote qu'il est l'heure de se lever. Il m'embrasse la tempe avant de ne se lever.

- Je retourne dans ma chambre pour me laver et récupérer mes affaires, on se rejoint au petit-déjeuner ?

J'hoche la tête et lui emboite le pas pour aller dans la salle de bain, une bonne douche me fera le plus grand bien, ma tête est comme dans un étaux, la journée sera longue. Je me remémore doucement la veille, je me rend compte de ce que j'ai fait, ce que j'ai dit : Je devais me taire, je devais garder tout ceci pour moi, et maintenant tout le monde va être au courant, je serais la risée de tout la Formule 1.

Je reçois un texto de Max, je ne sais comment il a obtenu mon numéro, mais je m'en fous, tout ce qui m'importe a l'heure actuelle, c'est comment je vais les convaincre de se taire, d'oublier, d'enfouir cette histoire et faire en sorte qu'elle ne vienne jamais à ressurgir. Daniel fera ce que je lui demande, Max est têtu, mais peut-être que mon talent de persuasion peut fonctionner sur lui.

Mon cœur souffre, plus que jamais, comme s'il avait explosé dans ma cage thoracique, j'ai l'impression de sentir du sang qui coule à l'intérieur de moi, comme une plaie ouverte. Je veux juste disparaitre, cette fois ce n'est pas parce que je cherche à fuir la situation, mais parce que je ne supporte pas cette souffrance, ce mal qui me hante jour et nuit. Je veux atténuer ma douleur. Je veux dormir pour toujours. Je veux mourir.

Je ferme la salle de bain à clé et me cale contre la porte, je m'assoie au sol, n'ayant presque plus la force de me tenir sur mes jambes. Mes bonnes vieilles guibolles, elles sont bien rayées par la vie, abimées par la lame, meurtries à cause de ma faiblesse. Et si au fond je n'étais juste pas assez forte pour cette vie ? Et si finalement je n'avais pas les épaules pour être en Formule 1 ? Qui d'autre a pu vivre la même chose que moi ? De nombreuses femmes, en F1, dans le cinéma, dans de nombreux métiers, alors pourquoi moi je n'arrive pas à vivre ? Les autres survivent, et moi je meurs, étouffée par ce manque d'ardeur, de courage.

Quelle faible je fais.

Quelle idiote.

Quelle conne.

Quelle pute.

Les actes ont des conséquences. Et si ma mort n'étais que la conséquence de mes actes ? Et si au final, c'était la seule solution ?

Je reçois un message de Lando qui me ramène un peu sur terre, il est au courant que Daniel et Max savent toute l'histoire. Il espère que je vais bien et me demande si on peut se voir après les qualifications. Je lui répond que c'est d'accord, que je l'attendrai à l'hôtel.