III - C'est bien gentil tout ça mais on fait quoi maintenant ?

18 1 18
                                    

Jimmy soupira. Profondément. Puis il attrapa son portable et se mit à écrire frénétiquement avec un sourire narquois. Cela alluma immédiatement une alarme dans mon esprit. Qu'est-ce qu'il avait encore préparé celui-là ? Je n'eus pas le temps de me poser plus de questions lorsqu'il me demanda si je pouvais préparer un thé. Moi ! Préparer un thé. Facile. Après tout, je n'allais pas refuser un petit service alors que je squattais chez ce gentil petit couple parfait. J'attrapais donc une casserole, mis à bouillir l'eau. J'attrapais une boule à thé et un pot rempli de feuilles vertes, enfin un des très nombreux de pots. Je n'avais pas porté vraiment attention aux étiquettes. Pour moi, ils se ressemblaient tous. J'en étais à l'infusion dans une belle théière transparente devant le regard amusé de Jimmy et celui plus neutre de mon ami lorsqu'une voix résolument glaciale se fit entendre.

— Tu vas vraiment oser servir ça à James ?

Je relevais le regard pour tomber dans celui de Sam. Il n'était pas en colère, mais plutôt résolu à ne pas céder d'un pas sur la réponse à la question qu'il avait posée.

— Euh ? Salut Sam ! Ben c'est du thé alors un peu d'eau chaude un peu de thé et tu touilles et hop le tour est joué.

Jamais. Je n'aurais jamais dû commencer cette explication. Au grand jamais. Il s'en suivit une cascade de reproches, de frappes sur mon épaule et beaucoup de rires de la part de mes deux traîtres d'amis. En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, je me retrouvais donc prisonnier d'un cours sur le thé. Mon breuvage m'avait été imposé à la dégustation. Effectivement c'était amer, vert et particulièrement mauvais. Sam avait préparé le même thé avec les mêmes ustensiles et j'avais été obligé de goûter à nouveau. Ça m'énervait beaucoup d'admettre qu'il avait raison. J'appris donc à préparer la boisson préférée des maîtres de ces lieux sans me plaindre. Je leur devais bien ça à défaut de m'accorder ces mêmes soins. J'en étais là à me demander quand le husky aurait fini de bouder lorsqu'il me prit par surprise.

— Au fait, Max a disparu. Plus personne n'arrive à le joindre.

Je ne compris pas les mots tout de suite. Mais cela déclencha peu après une tempête dans mon petit cerveau malade. Il osait me faire le coup de la disparition aussi. C'était le coup classique de la diva mécontente. Vous voulez une exclusivité ? Et bien c'est un truc qui marche encore très bien. Il fallut moins de trois minutes pour que je me retrouve prêt à sortir. Je fus retenu par Jimmy. Je le regardais droit dans les yeux en me retournant pour lui crier de me lâcher. Il avait un regard si doux et si profond lorsqu'il hocha la tête en signe de négation que cela suffit à m'arrêter.

— Pourquoi ? chuchotais-je.

Sam s'approcha de moi et m'offrit un de ses câlins légendaires. Il fut suivi par James qui poussa un soupir tout en marmonnant en anglais que cette famille le rendait bien trop sensible. Marc ne vint pas se coller à moi, il préféra casser le silence.

— Max te cherche. Il essaie de te faire sortir de ta cachette parce que, crois-moi, il est loin d'être con. Je pense même que c'est le plus intelligent de nous tous.

Je le regardais de travers. Bien sûr qu'il était intelligent, c'était Max après tout. Sauf que ... Sauf que ... Sauf que, peut être, il ne le savait pas lui même. Je feintais.

— Bien sûr qu'il l'est. C'est pas une bactérie. Il ne peut pas douter de ça ! Il tient le café d'une main de maître depuis des années !

Sam me sourit doucement.

- Écoute-moi bien Alexis, reprit Sam. Max est ... Max. Il y a beaucoup de choses qu'il ne sait pas ou ne voit pas. Surtout si ça le concerne. Il est cassé. Bien plus que tu ne le penses. On le répare, on a les morceaux depuis des années, mais nous n'arrivons pas à recoller le tout. Cela n'a pas de forme. Max ne s'anime un peu que quand tu es là et qu'il peut se plaindre de toutes tes frasques. Il t'adore. Il est intelligent, très intelligent, mais c'est pourquoi il est aussi terriblement bête. Je crois qu'il va falloir que je t'en dise plus, mais ...

Pour aimerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant