Chapitre 8 : Je suis là, Naesys.

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Avertissement : aucun

***

Naesys n'avait pas fermé l'œil de la nuit. Elle n'avait pas versé d'autres larmes. Elle n'avait pas dormi ne réalisant toujours pas ce qu'il s'était passé.

"Princesse ?"

Naesys tourna la tête. Floane aperçut les yeux bouffis et rouge de la jeune princesse. La servante voulu présenter ses condoléances mais changea d'avis pour ne pas rajouter du chagrin à sa jeune maîtresse. Elle posa le plateau sur la table ainsi qu'un bouquet de fleurs.

"Je vous ai ramené votre petit-déjeuner ainsi qu'un bouquet de fleurs. Dois-je préparer vos affaires d'entraînement ?"

"Non, merci. Je vais rester dans ma chambre aujourd'hui." dit Naesys la voix enrouée

"Un corbeau a été envoyé, à Port-Réal, dans la nuit. Le Roi ainsi que toute la cour arrive dans la matinée."

"Je.. Je ne.." bégaya l'enfant

"Je peux essayer de vous gagner quelques heures de solitude, si vous le souhaitez ?"

"Je ne sais pas, Floane. Pour la première fois, je ne sais pas quoi faire. J'ai si mal. Je ne suis pas faite pour éprouver ce genre de sentiment."

"Je le sais, Votre Altesse. Mais ça ne dure qu'un temps. Peut-être devriez-vous accorder un peu de temps et de place à vos sentiments ?"

"À quoi bon leur laisser de la place, Floane ? Regardez mon état ! Je suis pathétique. Les sentiments me rendent faible. Je suis même effrayée de sortir de ma propre chambre pour ne pas subir les regards de pitié de la cour."

"Princesse. C'est normal que les personnes compatissent avec vous. Vous avez perdu votre père. Votre ami depuis toujours. Les gens savent à quel point vous aimiez Ser Laenor."

"Je ne veux pas ressentir ces choses-là."

"Naesys ! Cela suffit ! Vous n'êtes plus une enfant. C'est votre devoir de pleurer la mort de votre père et d'honorer ses souvenirs et sa descendance. Vous faîtes preuve de sang-froid depuis que je vous connais. Vous avez le droit de pleurer, d'être malheureuse, triste et vulnérable. C'est ce qui fait de nous ce que nous sommes. Laissez tomber l'armure pour pleurer Ser Laenor. Si vous ne le faîtes pas pour vous, faîtes-le au moins pour votre père."

Floane s'était assise à côté de Naesys. Elle avait posé une de ses mains sur celle de la jeune princesse et avait placé l'autre sur son dos. L'argentée avait été surprise par la réaction de sa servante qui n'avait pas pour habitude de se mettre en colère.

"Pardonnez-moi, princesse. Je ne sais pas ce qu'il m'a pris."

"Ce n'est rien, Floane. Vous serez certainement l'une des seuls à me parler si ouvertement." Naesys souffla "Accordez-moi deux heures, Floane. Juste deux petites heures."

Floane acquiesça et chercha quelque chose dans un des coffres. Elle sortit une grosse couverture et un jouet en bois.

"Il fait froid dehors." Sourit Floane avant de sortir de la chambre

Les deux objets lui avaient été offerts par son père quand elle était encore une jeune enfant. Enfant, elle avait une obsession. Les couvertures. Elle les collectionnait par dizaine et en faisait des cabanes dans sa chambre. Elle jouait beaucoup avec son père dans ses cabanes. Alors qu'il devait partir pour quelques mois car la Triarchie menaçait de nouveau aux Degrés de Pierre, Laenor lui avait offert un hippocampe en bois. Naesys l'avait chéri pendant les mois d'absence de son père. Une fois Laenor revenu, la jeune fille n'avait pas lâché son père. Elle lui avait dit à quel point il lui avait manqué et que plus jamais elle ne voulait qu'ils soient séparés. Laenor en fit alors la promesse en scellant son petit doigt avec celui de sa fille.

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