L'avion d'Alicia avait eu pratiquement deux heures de retard, il était désormais 20h00 à sa montre et elle soupira, s'agita. Cet avion n'atterrirait-il jamais ? Après trois jours de déplacement, elle était lessivée et l'idée de rentrer chez elle l'enthousiasmait. Pour l'heure, elle était toujours coincée dans l'avion et attendait que les portes ne s'ouvrent. Elle envoya rapidement un message pour lui dire qu'elle ne tarderait pas à arriver. Enfin, tout le monde avança, se bouscula et elle eu du mal à se frayer un chemin parmi cette horde d'humains. Heureusement, son bagage était avec elle et aussitôt sorti de l'avion, elle put retrouver sa voiture et rentrer chez elle.
Le trajet se fit en silence, entrecoupé de ses lamentations. Mais qu'est-ce qu'ils faisaient tous dehors à cette heure-ci ? Après vingt minutes interminables, elle tira le frein à main, claqua la porte de la maison.
« - Eli, t'es là ? »
Personne ne lui répondit, il n'était pas déjà couché quand même ? Elle regarda d'abord dans la chambre, puis dans le salon, la salle de bain, sur la terrasse mais il n'y avait pas un signe de vie. Pas un seul signe d'Eli. Elle fini par la cuisine, où une lettre se trouvait. Son cœur s'emballa, l'imaginable était entrain de se passer.
« Lorsque tu liras cette lettre, je serai déjà loin. Loin de toi, de nous, de nos souvenirs. J'aurai recommencé une vie qui m'appartiendra à moi seul, sans toi.
Je t'ai aimé, mais désormais c'est fini. »
C'est pour ça qu'il n'avait pas répondu à son message, c'est pour ça qu'elle était seule ce soir. Elle fit tourner une énième fois la bague à son doigt. Comment pouvait-il la quitter alors même qu'il l'avait demandé en mariage quelques semaines auparavant. Elle composa son numéro automatiquement, ça sonna mais personne ne répondit. Elle recomposa le numéro, encore et encore, et jamais il ne décrocha.
« Pourquoi t'as fait ça ? Pourquoi ? »
Alicia tournait en boucle, rien n'avait de sens. Et ces mots, ses mots, elle s'en souviendrait longtemps. Son cœur la faisait souffrir. Elle rappela et cette fois, elle laissa un message vocal.
« Je viens de lire ton mot, j'aimerai comprendre. Tu ne m'as rien dit. Je pensais que tout allait bien entre nous, si j'avais su je...j'aurais pu faire quelque chose. Je... s'il te plait, rappelle-moi, je veux juste savoir pourquoi ».
Comme possédée par un démon, elle couru dans la chambre, ouvrit les placards, elle retourna tout. Plus aucune de ses affaires n'était là. Il avait tout pris, il l'avait laissé, sans préavis, sans rien. Il l'avait laissé avec toutes ses promesses et il était parti. Et ce lâche avait préféré le faire dans son dos. Il n'avait même pas le cran de lui dire en face qu'il ne l'aimait plus. Alors elle rappela et cette fois elle lui dit que c'était un connard, un enfoiré et que la moindre des choses c'était d'avoir le courage de lui dire que c'était fini, dans les yeux, pas sur un bout de papier minable. Il n'avait laissé qu'une chose à Alicia, le pendentif qu'elle lui avait offert. C'était un pendentif porte bonheur qu'elle lui avait offert quelques années avant.
« - Ça te portera chance mon amour, pour maintenant et pour tous les moments de ta vie ».
Ce jour-là, il passait un entretien important et il l'avait embrassé doucement. Depuis, il ne l'avait jamais quitté, clamant que c'était son porte bonheur et qu'avec lui, il ne risquait rien. En laissant ce collier, il abandonnait encore un peu plus Alicia. Elle s'assis par terre, et le barrage craqua. Elle se sentait seule, abandonnée, trahie aussi. Elle pleura longtemps sans s'arrêter. Son cœur était si brisé qu'elle savait qu'il ne serait jamais réparé. De rage, elle jeta sa bague à l'autre bout de la pièce. Elle s'était bien fait avoir, il lui avait promis monts et merveilles, ils devaient se marier mais il était trop occupé à recommencer une vie qui ne lui appartiendrait qu'à lui. Elle se sentait humiliée d'avoir cru un homme qui s'avérait être un menteur. Elle lui avait consacré dix ans de sa vie, dix ans de loyauté absolue et d'amour incommensurable partis en fumée. C'était un bon comédien puisqu'il avait réussi à la berner, avec sa demande en mariage bidon, ses phrases romantiques et ses baisés. Il l'avait prise pour une idiote depuis combien de temps ? Pour qui l'avait-il quittée ? Elle sanglota encore bringuebalée entre la colère et la tristesse. Elle s'endormit quelques heures après, entièrement habillée, à même le sol, trop épuisée pour faire quoi que ce soit. Elle était abattue.
Alicia se réveilla courbaturée, un mal de crâne horrible et les yeux bouffis. Elle avait l'impression qu'un camion lui était passé dessus tellement elle se sentait mal. Elle vérifia immédiatement son téléphone. Rien. Alors elle rappela en sachant qu'il ne répondrait pas, à sa grande surprise elle ne tomba même pas sur sa messagerie. Elle se sentait vide. Elle n'avait plus aucune larme en stock. Alors, elle se leva, se prépara. Alicia mis plus de temps que d'ordinaire pour faire son maquillage mais quand elle se regarda dans le miroir, seuls ses yeux gonflés pouvait témoigner de sa nuit passée. Elle arriva à l'heure au travail, fit un rapide salut à ses collègues et s'installa derrière son bureau. Personne ne devait savoir ce qu'il venait de se passer. Alors quand Victoria passa la tête dans son bureau pour lui raconter les potins du service compta, elle fit bonne figure.
« - Tu savais que Jacques et Eliane avaient couché ensemble à la soirée de Noël ?
- Ah bon ? Non je ne le savais pas.
- T'as pas bonne mine Ali, t'as pas dormi ? demanda Victoire inquisitrice.
- Non, tu sais, ça faisait trois jours qu'on ne s'était pas vu avec Eli, alors on en a profité dit Alicia faussement coquine.
Elle ne savait pas si elle était bonne menteuse mais le regard lubrique que lui lança son amie confirma qu'elle n'était pas si mauvaise. Elle n'aurait pas dû mentir, elle aurait dû lui dire la vérité, lui expliquer, lui demander son soutien mais elle se sentait trop humiliée pour dire quoi que ce soit. Et puis, si elle entamait cette discussion, elle n'était pas sure de réussir à arrêter de pleurer.
La journée d'Alicia défila, elle s'était retranchée dans le travail, toutefois dans un coin de sa tête, elle savait qu'à dix-sept heures, elle pourrait s'en aller et tourner au coin de la rue pour aller aux Quatre saisons. Eli travaillait dans ce restaurant et elle savait qu'elle le trouverait là. Il pouvait bien éviter tous ses appels mais elle le mettrait au pied du mur. Alors, elle poussa la porte, salua Arnaud et se dirigea vers les cuisines quand celui-ci l'interrompit.
« -Dis moi Alicia, tu sais où est Eli ? On a aucune nouvelle de lui et il ne répond pas au téléphone. Tu sais comme ça peut être interprété, s'il ne donne pas signe de vie, il va être viré pour abandon de poste ».
Alicia n'écoutait plus. Il était bel et bien parti.

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Si la lune était noire
RomanceLorsque Alicia rentre chez elle après plusieurs jours d'absence, rien ne semble avoir bougé. Le silence aurait dû lui mettre la puce à l'oreille mais ce n'est qu'en lisant cette lettre qu'elle comprend. Il est parti et ne reviendra plus. Alors, e...