Le mariage de Gabrielle

PROLOGUE

19h23
Fernando regardait pour la 4e fois l'horloge fixée au mur de son appartement.

Le temps était passé beaucoup trop vite. Il avait à peine eu le temps de faire le ménage que l'heure de son rendez-vous se rapprochait à grande vitesse.

Le jeune homme se hâta vers les décorations prévues pour la soirée. Des bouquets de fleurs, des ballons, des bougies... En regardant les différents objets qu'il avait achetés, le doute s'empara de l'esprit du trentenaire.

Peut-être en ai-je trop fait... Non ?

Alors qu'il sentait son rythme cardiaque s'accélérer, il reçut un message.

Message de Gabrielle, reçu à 19h27
Fernando, je serai là d'ici 21h ! J'ai tellement hâte de te voir. Tu m'as trop manqué. À tout de suite. Gros bisous ❤️

En quelques mots, elle venait de raviver le courage du destinataire de son SMS. Elle venait de lui rappeler pourquoi cette soirée représentait autant à ses yeux.

Il était hors de question de faire marche arrière. D'autant plus que tous les signes étaient là.

20h41

La mise en place prévue par Fernando s'acheva par la disposition de la vaisselle sur la table à manger. Un doux sentiment de fierté fleurit dans sa poitrine lorsqu'il y déposa le deuxième verre en cristal.

21h00

Toc, toc, toc.

Elle est là. Ponctuelle comme à l'accoutumée, Gabrielle se tenait devant l'appartement de son hôte.

De l'autre côté, le jeune homme accourut vers la porte en manquant de tomber. Il était nerveux. Une grande inspiration et un coup d'œil dans le miroir plus tard, il ouvrit la porte.

Face à elle, Fernando ne résista pas à son besoin irrépressible de l'étreindre au creux de ses bras. Il prit le temps d'apprécier les effluves de ses cheveux crépus enduits par l'huile d'olive. Puis, la tête nichée au milieu de son cou, il apprécia l'odeur du parfum Miss Dior qu'elle mettait que pour les grandes occasions.

En silence, Gabrielle huma aussi le doux parfum chaud et discret. Dans un geste devenu naturel au fil de leur relation de couple, elle resserra ses bras autour de lui.

Lorsqu'il relâcha son étreinte, il lui fit un baiser sur le front avant de lui souffler près de l'oreille : "Tu m'as plus que manqué, Bella."

Ces mots arrachèrent quelques frissons à la demoiselle.

Le regard rempli de tendresse, elle leva ses pupilles marron vers son interlocuteur, le sourire aux lèvres.

Quatre semaines s'étaient écoulées depuis la dernière fois qu'ils s'étaient vus. Après l'obtention de son master en ingénierie spécialisée en biochimie, elle et ses amies s'étaient offert un petit voyage à Marrakech.

Entre visite de paysages exceptionnels et bons plans repas, elle n'avait pas eu le temps de s'ennuyer.

Cependant, rien ne pouvait égaler la présence chaleureuse de son petit ami. Elle fut ébahie par tous les efforts consentis par le jeune homme pour leur soirée à deux. Il avait toujours été romantique. Elle remerciait intérieurement la culture italienne de son petit ami. La minutie exécutée dans les détails lui fit pousser quelques exclamations de joie.

Il lui tira la chaise, avait mis en route une playlist spécialement préparée pour l'occasion. Son torse se gonflait de fierté face aux exclamations de son invitée devant la petite surprise qu'il avait mijotée pour elle.

Sur la table à manger, il avait mis à l'honneur le pays d'origine de Gabrielle, le Sénégal. Il avait chercher avec beaucoup de patience une personne capable de lui apprendre à cuisiner les recettes sénégalaises. Pour l'occasion, il avait demandé à son instructrice, Yaye Ndour, de venir superviser la cuisson du repas. C'est ainsi qu'il avait obtenu un thiebou yapp d'une telle qualité.

En plus du Thiebou yapp, il y avait du Thiakry, un assortiment de fruits frais et pour couronner le tout du Bissap.

Vivant à Lyon depuis le début de ses études universitaires, Gabrielle trouvait difficilement les plats de sa terre natale. Bien qu'elle sache elle même les cuisiner, il lui arrivait parfois de fantasmer sur des hors d'œuvre typiquement sénégalais. Et lorsqu'elle pensait enfin renouer avec ses goûts bien typique de chez elle, elle était souvent déçue de la qualité.

Entre deux bouchées, la femme au teint ébène soupirait de joie.

- "Mais Fernando, où as-tu trouvé tout ça ?" demanda-t-elle en sirotant son verre de bissap frais.
- "C'est un secret", répondit-il en caressant le dos de la main de la jeune femme. "Mais si tu es gentille, je te dirai peut-être..."

Un sourire en coin, elle se leva de table. Elle déposa un baiser sensuel à la commissure des lèvres de Fernando. Suite à quoi, ce dernier se leva et l'embrassa tendrement.

Les battements du cœur de Gabrielle s'accélérèrent en un éclair. Bien vite, leur baiser s'intensifia et les essouffla. Légèrement étourdie, la jeune ingénieur reposa sa tête sur la poitrine battante de son bien aimé.

Il la serra contre lui.
Puis, il recula.

- "Il y a un problème ? "
- "Non, pas du tout. Répliqua-t-il, après un court moment de silence, il enchaîna: il faut juste que je te dise quelque chose de très important."
- "Quelque chose de grave ?"

Pour la première fois, en 3 ans de relation, Gabrielle n'avait jamais vu autant de sérieux sur le visage du jeune homme.

Avec solennité, il dit:  "Gabrielle, je t'aime. Il n'existe pas de mots assez forts, ni assez profonds pour décrire ce que je ressens.
Je t'ai aimé depuis que nos regards se sont croisés dans le café familial. Je n'aurais jamais cru que...venir aider quelques mois mon oncle aurait pu me mener à toi. Toi qui me comble chaque jour de bonheur par ta présence.
Je n'ai jamais été aussi heureux dans une relation de ma vie. Et je remercie le Seigneur d'avoir toutes mes facultés physiques car vivre sans te voir ni t'entendre serait un déchirement profond.
Je suis sincèrement honoré de t'avoir à mes côtés."

Le cœur à 100 à l'heure, il posa un genou à terre. Il sortit une boîte de sa poche et fit apparaître une magnifique bague de fiançailles.

- "Gabrielle Penda DIAGNE, fille de Claire MBODJ et de Pierre DIAGNE, veux-tu de moi comme époux ?"

Cette dernière submergée par ses émotions, les yeux brillants de larmes, elle était incapable de s'exprimer l'espace d'un instant. Ses mains tremblaient doucement tandis qu'elle portait son regard ému vers Fernando. Elle pouvait sentir chaque mot prononcé résonner dans son âme.

Oui, je te veux

Libérant de l'angoisse son désormais fiancé, Gabrielle l'enlaça affectueusement.

A ce moment là, tous les deux ignoraient encore que leur union aurait de grandes conséquences sur leurs familles respectives.