| 8 Atlanta

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À l'aube, le visage glabre et son sac à dos bien fixé sur le dos, Matthew se tenait devant la porte de ses appartements aménagés dans les anciens bureaux administratifs, prêt à foutre le camp, lorsqu'une tignasse blonde, surgit de nulle part.

    — Brady a besoin de quelqu'un ici pour l'aider. Tu sais, les gars n'ont pas l'air de vouloir être tendre avec lui.

    — C'est qu'un gamin, comme toi.

    — Un gamin... Sourit Karen en lui tendant un paquet. C'est de la bouffe en plus, j'ai récupéré quelques restes d'hier soir.

Matthew récupéra la nourriture et la glissa dans son sac.

    — Merci.

Karen rougit, les yeux brillants. Elle détestait les adieux.

    — Tu me promets de la retrouver, hein ?

Le tatoueur le lui promit.

Et trois heures plus tard, il tentait de sauver son cul d'une mort certaine en plein cœur du centre-ville d'Atlanta. Il croisa la route d'un jeune homme en maillot de base-ball et casquette, et ce dernier lui conseilla de faire demi-tour, au risque de finir comme l'abruti déguisé en shérif qui venait de foutre le bordel juste avant de passer l'arme à gauche !

Mais comme si la vie n'avait pas assez joué avec eux, le tatoueur se trouva très vite dans une merde noire. Finalement, il n'était pas plus malin que le type dans son tank ! Pris au piège sur l'un des toits d'une grande surface d'Atlanta, Matthew n'avait eu d'autres choix que de sauter, quitte à s'exploser les jambes six mètres plus bas ! Il avait alors atterri sur le toit d'une voiture qui, accidenté, avait fini par le blesser. Un morceau de métal dépassant de la carrosserie lui écorcha la peau, le coupant sur tout le long du flanc gauche.

La bonne nouvelle fut que les morts semblaient arriver à retardement dans cette zone de la ville. Matthew eut alors le temps de se remettre debout, et cela malgré la douleur lancinante qui se propageait dans tout son corps, et de se réfugier dans la voiture. À peine avait-il trouvé les clés, qu'un corps en début de décomposition se jeta sur le pare-brise, avide de sa personne, (un comportement que Matthew, dans d'autres circonstances, aurait sûrement trouvé très flatteur...) et un autre, qui s'écrasa ce qui lui restait en dents contre la vitre conducteur.

Matthew se mit à jurer et à prier pour que la voiture finisse par démarrer. Ce qu'elle fit après deux tentatives infructueuses. Le moteur se mit à vrombir sans crier garde et le tatoueur accéléra sans même jeter un regard à son tableau de bord. Qu'en avait-il encore à foutre ? Y'avait-il un shérif sur le point de l'arrêter et de lui coller une amende ?

Non. L'abruti le plus proche censé représenter la loi venait de manquer son fait d'armes ! Et puis, dans une vie antérieure désormais, Matthew avait déjà assez donné.

Rapidement, le dossier de son siège fut recouvert de sang et la douleur ayant miraculeusement disparut sous l'effet d'adrénaline, dû au démarrage de la voiture, reprit le dessus. Dire qu'il l'avait presque oublié !

    — Merde !

Il roula alors ainsi, baignant dans son propre sang sur des kilomètres, avant de se sentir assez en sécurité pour réellement évaluer sa blessure sur une aire d'autoroute, à la sortie de la ville, ou les uns et les autres semblaient tous endormis derrière le volant de leurs voitures, laissant flotter dans l'air, une odeur de mort dont le tatoueur se serait bien passé !

Matthew rendit alors un repas qu'il n'avait pas, cracha de la bile durant de longues minutes avant de retrouver ses esprits. Il s'enferma dans l'une des toilettes de l'aire de repos, s'assurant au préalable d'être le seul à pouvoir remuer le petit doigt entre ces murs, et entreprit d'enfin jeter un coup d'œil à sa plaie.

Reminescence | THE WALKING DEADOù les histoires vivent. Découvrez maintenant