☆ 𝒞𝒽𝒶𝓅. 7 : Celui que j'ai appris à être

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« Tu es certain que c'est une bonne idée? » demanda Katsuki pour la cinquième fois en s'approchant du guichet avec appréhension.

« C'est une occasion en or de te rattraper auprès de Tenya. » insista un Izuku innocemment accroché à son bras. « Puis c'est sain de socialiser un peu! »

« Je n'en suis pas sûr, tu vois... »

« Tu vas les adorer, je te le promets. Fais-moi confiance, d'accord? »

Que pouvait répondre le blond face à l'émeraude si pur de ces iris, qui pétillaient de joie à l'idée de le présenter à ses amis? En son for intérieur, sa personnalité royale s'agitait... Mais les doux souvenirs des deux derniers mois l'empêchaient de la laisser s'exprimer outre mesure.

Envers et contre tout, il avait envie de faire plaisir à son compagnon – un désir aussi pitoyable qu'agréable.

« Ah, les voilà! »

Son attention se posa sur les trois individus qui patientaient sagement. De prime abord, ils n'avaient rien en commun mais, dès qu'on s'attardait sur leurs sourires, on s'apercevait de l'amitié solide qui les liait. Leurs rires s'accordaient à merveille, résonnant sur une longueur d'onde qui trouvait sa source au tout début d'une relation ancienne.

Le cœur de Katsuki se serra quand l'image d'Eijiro s'imposa malgré lui dans son esprit.

« Salut! » lança la jeune femme brune du trio.

Sa chevelure infinie tombait joliment sur ses épaules et dans son dos. Son regard sombre brillait d'une gentillesse naturelle évidente, qu'elle semblait prête à lui offrir sans réserve.

« Enchanté! » s'exclama alors son camarade à l'impressionnante crinière dorée. « Ravi de te rencontrer! Izuku nous a beaucoup parlé de toi. »

Ah bon?

Il demeura perplexe face aux billes d'un bleu clair qui le fixaient, rendues d'autant plus visibles par le teint pâle de leur propriétaire. C'était un véritable soleil ambulant!

« Monsieur Bakugo... »

« Tenya. »

Katsuki détestait les regrets éveillés par Izuku au fil de leurs tête-à-tête. Néanmoins, s'il souhaitait en obtenir d'autres, il devait se montrer conciliant...

Rien à voir avec une culpabilité sincère, évidemment.

« Je t'en prie, appelle-moi par mon prénom. » l'autorisa-t-il dans sa grande bonté.

Il eut droit à un visage radieux, qui fit naître un rictus discret au bord de ses lèvres.

Momo et Yuga.

Tout au long de leur visite, l'héritier du trône se répéta ces deux nouveaux prénoms. Il n'osait imaginer la déception d'Izuku s'il les oubliait!

Étonnamment, il passa un après-midi... distrayant. Ses accompagnants se révélèrent être d'une curiosité rafraîchissante, bien loin des marmonnements désintéressés qu'il avait déjà pu entendre chez certains touristes.

Momo était étudiante aux Beaux-Arts. Elle s'était empressée de présenter son travail à Katsuki, lui donnant d'innombrables détails sur ses démarches et le matériel utilisé pour telle ou telle esquisse. Sa voix vibrait d'un amour créatif authentique qu'elle fut ravie de partager.

Yuga, quant à lui, avait choisi la voie des lettres classiques. Passionné d'Histoire et d'écrits antiques, il était capable d'en discourir pendant des heures. De plus, il connaissait sur le bout des doigts les courbes de ses sculptures préférées, dont il s'inspirait afin de composer des récits de son cru.

Ne restait plus que Tenya, élève assidu de licence d'Histoire. D'un sérieux irréprochable, il s'appliqua à prendre des notes à chaque fois que Katsuki leur conta une anecdote de son époque. Il ne le coupa jamais, attendant patiemment qu'il achève ses exposés pour lui demander des précisions. Au travers de ses lunettes ne cessa pas de luire cette soif de connaissance qui était si familière à leur guide du jour.

Une fois leur balade culturelle terminée, celui-ci invita ses disciples au Café Nezu – sans même y réfléchir. Aucune pensée parasite ne vint le tancer quand les mots franchirent la barrière noble de sa bouche, tant la perspective de poursuivre leurs discussions lui plaisait.

Ils acceptèrent avec plaisir, puis se confondirent en mille remerciements dès que leurs consommations arrivèrent.

« Je suis embarrassé... » gémit Tenya, beaucoup trop droit sur sa chaise.

L'air frais de la terrasse ne parvenait pas à le détendre. Il paraissait prêt à s'agenouiller devant son client habituel, ne supportant pas qu'il lui paie quelque chose.

« Je te présente mes... excuses. » souffla soudain Katsuki, le palpitant en berne.

Mère me tuerait si elle l'apprenait!

Le hoquet de surprise que lâcha Izuku à son côté ne le détourna pas de son objectif.

« Je me suis mal comporté avec toi, j'en ai conscience à présent. J'ignore comment nouer des liens... sincères, quels qu'ils soient. Ce n'est pas une raison valable, je le sais. J'ai intégré tellement de réflexes nocifs de mon enfance qu'ils finissent toujours par rejaillir. »

Un silence respectueux régnait à leur table, seulement troublé par une brise d'été et les discussions des autres visiteurs. Une sorte de bulle s'était formée autour d'eux, éclipsant jusqu'au fabuleux panorama de la Cour Shigaraki.

« Je suis heureux d'avoir passé l'après-midi avec vous. » poursuivit Katsuki en se redressant bravement sur son siège.

Je dois assumer celui que j'ai appris à être auprès d'Izuku.

« C'est la première fois que ça m'arrive et... J'aimerais que ça se reproduise. Si vous le voulez aussi, bien sûr. »

« J'ai l'impression que tu ne cesseras jamais de m'étonner. » plaisanta le vert.

« Comment ça? »

« Tu t'es excusé, Katsuki. »

« E-et alors? »

« Alors, tu en aurais été incapable il y a quelques semaines. »

L'immense sourire qu'il lui adressa ébranla sa belle posture princière.

« Merci beaucoup, mons–... Katsuki. » s'immisça un Tenya rougissant. « Je serais enchanté également de vous revoir en dehors du Café. »

« Tu ne corresponds pas aux grands airs que tu te donnes, tu sais. » déclara calmement Momo. « On t'en a voulu quand on a appris ton éclat, mais Izuku nous a très vite fait comprendre à quel point tu es quelqu'un de bien au fond de toi. »

« V-vous trouvez? »

« Crois-en notre artiste préférée! » renchérit Yuga en esquissant une pose extravagante. « Nous commettons tous des erreurs, pas vrai? »

L'espoir emplit chacune de ses cellules lorsque le doré conclut d'un clin d'œil azur :

« Tu viens de nous prouver que tu es prêt à rattraper les tiennes. »


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Prince des Temps || 𝐵𝑎𝑘𝑢𝐷𝑒𝑘𝑢Où les histoires vivent. Découvrez maintenant